C'est trop facile d'entrer aux eglises De deverser toutes ses saletes Face au cure qui dans la lumiere grise Ferme les yeux pour mieux nous pardonner
Tais-toi donc Grand Jacques Que connais-tu du Bon Dieu Un cantique une image Tu n'en connais rien de mieux
C'est trop facile quand les guerres sont finies D'aller gueuler que c'etait la derniere Ami bourgeois vous me faites envie Vous ne voyez donc point vos cimetieres
Tais-toi donc Grand Jacques Et laisse-les donc crier Laisse-les pleurer de joie Toi qui ne fus meme pas soldat
C'est trop facile quand un amour se meurt Qu'il craque en deux parce qu'on l'a trop plie D'aller pleurer comme les hommes pleurent Comme si l'amour durait l'eternite
Tais-toi donc Grand Jacques Que connais-tu de l'amour Des yeux bleus des cheveux fous Tu n'en connais rien du tout
Et dis-toi donc Grand Jacques Et dis-toi donc Grand Jacques Dis-le-toi bien souvent C'est trop facile De faire semblant De faire semblant
Ma mere voici le temps venu D'aller prier pour mon salut Mathilde est revenue Bougnat tu peux garder ton vin Ce soir je boirai mon chagrin Mathilde est revenue Toi la servante toi la Maria Vaudrait peut-etre mieux changer nos draps Mathilde est revenue Mes amis ne me laissez pas Ce soir je repars au combat Maudite Mathilde puisque te v'la
Mon cœur mon cœur ne t'emballe pas Fais comme si tu ne savais pas Que la Mathilde est revenue Mon cœur arrete de repeter Qu'elle est plus belle qu'avant l'ete La Mathilde qui est revenue Mon cœur arrete de bringuebaler Souviens-toi qu'elle t'a dechire La Mathilde qui est revenue Mes amis ne me laissez pas Dites-moi dites-moi qu'il ne faut pas Maudite Mathilde puisque te v'la
Et vous mes mains restez tranquilles C'est un chien qui nous revient de la ville Mathilde est revenue Et vous mes mains ne frappez pas Tout ca ne vous regarde pas Mathilde est revenue Et vous mes mains ne tremblez plus Souvenez-vous quand je vous pleurais dessus Mathilde est revenue Vous mes mains ne vous ouvrez pas Vous mes bras ne vous tendez pas Sacree Mathilde puisque te v'la
Ma mere arrete tes prieres Ton Jacques retourne en enfer Mathilde m'est revenue Bougnat apporte-nous du vin Celui des noces et des festins Mathilde m'est revenue Toi la servante toi la Maria Va tendre mon grand lit de draps Mathilde m'est revenue Amis ne comptez plus sur moi Je crache au ciel encore une fois Ma belle Mathilde puisque te v'la te v'la
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux Meme riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux Chez eux ca sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan Que l'on vive a Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lezarde quand ils parlent d'hier Et d'avoir trop pleure que des larmes encore leur perlent aux paupieres Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: ?Je t'attends“
Les vieux ne revent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermes Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit Du lit a la fenetre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habilles de raide C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps Ils se tiennent par la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant Et l'autre reste la, le meilleur ou le pire, le doux ou le severe Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer Vous le verrez peut-etre, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin Traverser le present en s'excusant deja de n'etre pas plus loin Et fuir devant vous une derniere fois la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: ?Je t'attends“ Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend
Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne J'avais le rouge au front et le savon a la main Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et nous etions cent vingt A etre le suivant de celui qu'on suivait Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et je me deniaisais Au bordel ambulant d'une armee en campagne Au suivant, au suivant
Moi j'aurais bien aime un peu plus de tendresse Ou alors un sourire ou bien avoir le temps Mais au suivant, au suivant Ce ne fut pas Waterloo mais ce ne fut pas Arcole Ce fut l'heure ou l'on regrette d'avoir manque l'ecole Au suivant, au suivant Mais je jure que d'entendre cet adjudant de mes fesses C'est des coups a vous faire des armees d'impuissants Au suivant, au suivant
Je jure sur la tete de ma premiere verole Que cette voix depuis je l'entends tout le temps Au suivant, au suivant Cette voix qui sentait l'ail et le mauvais alcool C'est la voix des nations et c'est la voix du sang Au suivant, au suivant Et depuis chaque femme a l'heure de succomber Entre mes bras trop maigres semble me murmurer Au suivant, au suivant
Tous les suivants du monde devraient se donner la main Voila ce que la nuit je crie dans mon delire Au suivant, au suivant Et quand je ne delire pas j'en arrive a me dire Qu'il est plus humiliant d'etre suivi que suivant Au suivant, au suivant Un jour je me ferai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu Enfin un de ces machins ou je ne serai jamais plus Le suivant, le suivant
Dire que Fernand est mort Dire qu'il est mort Fernand Dire que je suis seul derriere Dire qu'il est seul devant Lui dans sa derniere biere Moi dans mon brouillard Lui dans son corbillard Moi dans mon desert Devant y a qu'un cheval blanc Derriere y a que moi qui pleure Dire qu' a meme pas de vent Pour agiter mes fleurs Moi si j'etais l'Bon Dieu Je crois qu'j'aurais des remords Dire que maintenant il pleut Dire que Fernand est mort
Dire qu'on traverse Paris Dans le tout p'tit matin Dire qu'on traverse paris Et qu'on dirait Berlin Toi, toi, toi tu sais pas Tu dors mais c'est triste a mourir D'etre oblige d'partir Quand Paris dort encore Moi je creve d'envie De reveiller des gens J't'inventerai une famille Juste pour ton enterrement Et puis si j'etais l'Bon Dieu Je crois que je ne serais pas fier Je sais on fait ce qu'on peut Mais il y a la maniere
Tu sais je reviendrai Je reviendrai souvent Dans ce putain de champ Ou tu dois te reposer L'ete je ferai de l'ombre On boira du silence A la sante d'Constance Qui se fout bien d'ton ombre Et puis les adultes sont tellement cons Qu'ils nous feront bien une guerre Alors je viendrai pour de bon Dormir dans ton cimetiere Et maintenant bon Dieu Tu as bien rigole Et maintenant bon Dieu Et maintenant j'vais pleurer
Meme si un jour a Knocke-le-Zoute Je deviens comme je le redoute Chanteur pour femmes finissantes Que je leur chante "Mi Corazon" Avec la voix bandoneante D'un Argentin de Carcassonne Meme si on m'appelle Antonio Que je brule mes derniers feux En echange de quelques cadeaux Madame je fais ce que je peux Meme si je me saoule a l'hydromel Pour mieux parler de virilite A des memeres decorees Comme des arbres de Noel Je sais qu' dans ma saoulographie Chaque nuit pour des elephants roses Je chanterai la chanson morose Celle du temps ou je m'appelais Jacky
Etre une heure, une heure seulement Etre une heure, une heure quelquefois Etre une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con a la fois
Meme si un jour a Macao Je deviens gouverneur de tripot Cercle de femmes languissantes Meme si lasse d'etre chanteur J'y sois devenu maitre chanteur Et que ce soit les autres qui chantent Meme si on m'appelle le beau Serge Que je vende des bateaux d'opium Du whisky de Clermont-Ferrand De vrais pedes de fausses vierges Que j'aie une banque a chaque doigt Et un doigt dans chaque pays Que chaque pays soit a moi Je sais quand meme que chaque nuit Tout seul au fond de ma fumerie Pour un public de vieux Chinois Je rechanterai ma chanson a moi Celle du temps ou je m'appelais Jacky
Etre une heure, une heure seulement Etre une heure, une heure quelquefois Etre une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con a la fois
Meme si un jour au Paradis Je deviens comme j'en serais surpris Chanteur pour femmes a ailes blanches Que je leur chante "Alleluia" En regrettant le temps d'en bas Ou c'est pas tous les jours dimanche Meme si on m'appelle Dieu le Pere Celui qui est dans l'annuaire Entre Dieulefit et Dieu vous garde Meme si je me laisse pousser la barbe Meme si toujours trop bonne pomme Je me creve le cœur et le pur esprit A vouloir consoler les hommes Je sais quand meme que chaque nuit J'entendrai dans mon Paradis Les anges, les Saints et Lucifer Me chanter la chanson de naguere Celle du temps ou je m'appelais Jacky
Etre une heure, une heure seulement Etre une heure, une heure quelquefois Etre une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con a la fois
Mon enfance passa De grisailles en silences De fausses reverences En manque de batailles L'hiver j'etais au ventre De la grande maison Qui avait jete l'ancre Au nord parmi les joncs L'ete a moitie nu Mais tout a fait modeste Je devenais indien Pourtant deja certain Que mes oncles repus M'avaient vole le Far West
Mon enfance passa Les femmes aux cuisines Ou je revais de Chine Vieillissaient en repas Les hommes au fromage S'enveloppaient de tabac Flamands taiseux et sages Et ne me savaient pas Moi qui toutes les nuits Agenouille pour rien Arpegeais mon chagrin Au pied du trop grand lit Je voulais prendre un train Que je n'ai jamais pris
Mon enfance passa De servante en servante Je m'etonnais deja Qu'elles ne fussent point plantes Je m'etonnais encore De ces ronds de famille Flanant de mort en mort Et que le deuil habille Je m'etonnais surtout D'etre de ce troupeau Qui m'apprenait a pleurer Que je connaissais trop J'avais L'œil du berger Mais le cœur de l'agneau
Mon enfance eclata Ce fut l'adolescence Et le mur du silence Un matin se brisa Ce fut la premiere fleur Et la premiere fille La premiere gentille Et la premiere peur Je volais je le jure Je jure que je volais Mon cœur ouvrait les bras Je n'etais plus barbare
Bien sur, nous eumes des orages Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol Mille fois tu pris ton bagage Mille fois je pris mon envol Et chaque meuble se souvient Dans cette chambre sans berceau Des eclats des vieilles tempetes Plus rien ne ressemblait a rien Tu avais perdu le gout de l'eau Et moi celui de la conquete
Mais mon amour Mon doux mon tendre mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'a la fin du jour Je t'aime encore tu sais je t'aime
Moi, je sais tous tes sortileges Tu sais tous mes envoutements Tu m'as garde de pieges en pieges Je t'ai perdue de temps en temps Bien sur tu pris quelques amants Il fallait bien passer le temps Il faut bien que le corps exulte Finalement finalement Il nous fallut bien du talent Pour etre vieux sans etre adultes
O mon amour Mon doux mon tendre mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'a la fin du jour Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Et plus le temps nous fait cortege Et plus le temps nous fait tourment Mais n'est-ce pas le pire piege Que vivre en paix pour des amants Bien sur tu pleures un peu moins tot Je me dechire un peu plus tard Nous protegeons moins nos mysteres On laisse moins faire le hasard On se mefie du fil de l'eau Mais c'est toujours la tendre guerre
O mon amour Mon doux mon tendre mon merveilleux amour De l'aube claire jusqu'a la fin du jour Je t'aime encore tu sais je t'aime
T'as voulu voir Vierzon Et on a vu Vierzon T'as voulu voir Vesoul Et on on a vu Vesoul T'as voulu voir Honfleur Et on a vu Honfleur T'as voulu voir Hambourg Et on a vu Hambourg J'ai voulu voir Anvers Et on a revu Hambourg J'ai voulu voir ta sœur Et on a vu ta mere Comme toujours
T'as plus aime Vierzon Et on a quitte Vierzon T'as plus aime Vesoul Et on a quitte Vesoul T'as plus aime Honfleur Et on a quitte Honfleur T'as plus aime Hambourg Et on a quite Hambourg T'as voulu voir Anvers Et on n'a vu qu'ses faubourgs Tu n'as plus aime ta mere Et on a quitte sa sœur Comme toujours
Mais je te le dis Je n'irai pas plus loin Mais je te previens J'irai pas a Paris D'ailleurs j'ai horreur De tous les flons flons De la valse musette Et de l'accordeeon
T'as voulu voir Paris Et on a vu Paris T'as voulu voir Dutronc Et on a vu Dutronc J'ai voulu voir ta sœur J'ai vu le mont Valerien T'as voulu voir Hortense Elle etait dans l'Cantal J'ai voulu voir Byzance Et on a vu Pigalle A la gare Saint-Lazare J'ai vu les Fleurs du Mal Par hasard
T'as plus aime Paris Et on a quitte Paris T'as plus aime Dutronc Et on a quitte Dutronc Maintenant je confonds ta sœur Et le mont Valerien De ce que je sais d'Hortense J'irai plus dans l'Cantal Et tant pis pour Byzance Puisque j'ai vu Pigalle Et la gare Saint-Lazare C'est cher et ca fait mal Au hasard
Mais je te le redis (Chauffe Marcel! Chauffe!) Je n'irai pas plus loin Mais je te previens (kai! kai!) Le voyage est fini D'ailleurs j'ai horreur De tous les flons flons De la valse musette Et de l'accordeon
T'as voulu voir Vierzon Et on a vu Vierzon T'as voulu voir Vesoul Et on on a vu Vesoul T'as voulu voir Honfleur Et on a vu Honfleur T'as voulu voir Hambourg Et on a vu Hambourg J'ai voulu voir Anvers Et on a revu Hambourg J'ai voulu voir ta sœur Et on a vu ta mere Comme toujours
T'as plus aime Vierzon Et on a quitte Vierzon (Chauffe! chauffe!) T'as plus aime Vesoul Et on a quitte Vesoul T'as plus aime Honfleur Et on a quitte Honfleur T'as plus aime Hambourg Et on a quite Hambourg T'as voulu voir Anvers Et on n'a vu qu'ses faubourgs Tu n'as plus aime ta mere Et on a quitte sa sœur Comme toujours . . . (Chauffez les gars!)
Mais mais je te le reredis, (Kai!) Je n'irai pas plus loin Mais je te previens J'irai pas a Paris D'ailleurs j'ai horreur De tous les flons flons De la valse musette Et de l'accordeon
T'as voulu voir Paris Et on a vu Paris T'as voulu voir Dutronc Et on a vu Dutronc J'ai voulu voir ta sœur J'ai vu le mont Valerien T'as voulu voir Hortense Elle etait dans l'Cantal J'ai voulu voir Byzance Et on a vu Pigalle A la gare Saint-Lazare J'ai vu les Fleurs du Mal Par hasard
De chrysanthemes en chrysanthemes Nos amities sont en partance De chrysanthemes en chrysanthemes La mort potence nos dulcinees De chrysanthemes en chrysanthemes Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent De chrysanthemes en chrysanthemes Les hommes pleurent les femmes pleuvent
J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aime Encore une fois trainer mes os Jusqu'au soleil jusqu'a l'ete Jusqu'au printemps, jusqu'a demain J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aime Encore une fois voir si le fleuve Est encore fleuve voir si le port Est encore port m'y voir encore J'arrive, j'arrive Mais pourquoi moi pourquoi maintenant Pourquoi deja et ou aller J'arrive bien sur, j'arrive N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
De chrysanthemes en chrysanthemes A chaque fois plus solitaire De chrysanthemes en chrysanthemes A chaque fois surnumeraire J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aime Encore une fois prendre un amour Comme on prend le train pour plus etre seul Pour etre ailleurs pour etre bien J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aime Encore une fois remplir d'etoiles Un corps qui tremble et tomber mort Brule d'amour le cœur en cendres J'arrive, j'arrive C'est meme pas toi qui est en avance C'est deja moi qui suis en retard J'arrive, bien sur j'arrive N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
Adieu l'Emile je t'aimais bien Adieu l'Emile je t'aimais bien tu sais On a chante les memes vins On a chante les memes filles On a chante les memes chagrins Adieu l'Emile je vais mourir C'est dur de mourir au printemps tu sais Mais je pars aux fleurs la paix dans l'ame Car vu que tu es bon comme du pain blanc Je sais que tu prendras soin de ma femme Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Je veux qu'on s'amuse comme des fous Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
Adieu Cure je t'aimais bien Adieu Cure je t'aimais bien tu sais On n'etait pas du meme bord On n'etait pas du meme chemin Mais on cherchait le meme port Adieu Cure je vais mourir C'est dur de mourir au printemps tu sais Mais je pars aux fleurs la paix dans l'ame Car vu que tu etais son confident Je sais que tu prendras soin de ma femme Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Je veux qu'on s'amuse comme des fous Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien tu sais J'en creve de crever aujourd'hui Alors que toi tu es bien vivant Et meme plus solide que l'ennui Adieu l'Antoine je vais mourir C'est dur de mourir au printemps tu sais Mais je pars aux fleurs la paix dans l'ame Car vu que tu etais son amant Je sais que tu prendras soin de ma femme Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Je veux qu'on s'amuse comme des fous Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
Adieu ma femme je t'aimais bien Adieu ma femme je t'aimais bien tu sais Mais je prends le train pour le Bon Dieu Je prends le train qui est avant le tien Mais on prend tous le train qu'on peut Adieu ma femme je vais mourir C'est dur de mourir au printemps tu sais Mais je pars aux fleurs les yeux fermes ma femme Car vu que je les ai fermes souvent Je sais que tu prendras soin de mon ame Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Je veux qu'on s'amuse comme des fous Je veux qu'on rie Je veux qu'on danse Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
A mon dernier repas Je veux voir mes freres Et mes chiens et mes chats Et le bord de la mer A mon dernier repas Je veux voir mes voisins Et puis quelques Chinois En guise de cousins Et je veux qu'on y boive En plus du vin de messe De ce vin si joli Qu'on buvait en Arbois Je veux qu'on y devore Apres quelques soutanes Une poule faisane Venue du Perigord Puis je veux qu'on m'emmene En haut de ma colline Voir les arbres dormir En refermant leurs bras Et puis je veux encore Lancer des pierres au ciel En criant Dieu est mort Une derniere fois
A mon dernier repas Je veux voir mon ane Mes poules et mes oies Mes vaches et mes femmes A mon dernier repas Je veux voir ces drolesses Dont je fus maitre et roi Ou qui furent mes maitresses Quand j'aurai dans la panse De quoi noyer la terre Je briserai mon verre Pour faire le silence Et chanterai a tue-tete A la mort qui s'avance Les paillardes romances Qui font peur aux nonnettes Puis je veux qu'on m'emmene En haut de ma colline Voir le soir qui chemine Lentement vers la plaine Et la debout encore J'insulterai les bourgeois Sans crainte et sans remords Une derniere fois
Apres mon dernier repas Je veux que l'on s'en aille Qu'on finisse ripaille Ailleurs que sous mon toit Apres mon dernier repas Je veux que l'on m'installe Assis seul comme un roi Accueillant ses vestales Dans ma pipe je brulerai Mes souvenirs d'enfance Mes reves inacheves Mes restes d'esperance Et je ne garderai Pour habiller mon ame Que l'idee d'un rosier Et qu'un prenom de femme Puis je regarderai Le haut de ma colline Qui danse qui se devine Qui finit par sombrer Et dans l'odeur des fleurs Qui bientot s'eteindra Je sais que j'aurai peur Une derniere fois
Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui chantent Les reves qui les hantent Au large d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dorment Comme des oriflammes Le long des berges mornes Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui meurent Pleins de biere et de drames Aux premieres lueurs Mais dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui naissent Dans la chaleur epaisse Des langueurs oceanes
Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui mangent Sur des nappes trop blanches Des poissons ruisselants Ils vous montrent des dents A croquer la fortune A decroisser la lune A bouffer des haubans Et ca sent la morue Jusque dans le cœur des frites Que leurs grosses mains invitent A revenir en plus Puis se levent en riant Dans un bruit de tempete Referment leur braguette Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui dansent En se frottant la panse Sur la panse des femmes Et ils tournent et ils dansent Comme des soleils craches Dans le son dechire D'un accordeon rance Ils se tordent le cou Pour mieux s'entendre rire Jusqu'a ce que tout a coup L'accordeon expire Alors le geste grave Alors le regard fier Ils ramenent leur batave Jusqu'en pleine lumiere
Dans le port d'Amsterdam Y a des marins qui boivent Et qui boivent et reboivent Et qui reboivent encore Ils boivent a la sante Des putains d'Amsterdam De Hambourg ou d'ailleurs Enfin ils boivent aux dames Qui leur donnent leur joli corps Qui leur donnent leur vertu Pour une piece en or Et quand ils ont bien bu Se plantent le nez au ciel Se mouchent dans les etoiles Et ils pissent comme je pleure Sur les femmes infideles Dans le port d'Amsterdam Dans le port d'Amsterdam . . .
Ils sont plus de deux mille Et je ne vois qu'eux deux La pluie les a soudes Semble-t-il l'un a l'autre Ils sont plus de deux mille Et je ne vois qu'eux deux Et je les sais qui parlent Il doit lui dire: je t'aime Elle doit lui dire: je t'aime Je crois qu'ils sont en train De ne rien se promettre Ces deux-la sont trop maigres Pour etre malhonnetes
Ils sont plus de deux mille Et je ne vois qu'eux deux Et brusquement ils pleurent Ils pleurent a gros bouillons Tout entoures qu'ils sont D'adipeux en sueur Et de bouffeurs d'espoir Qui les montrent du nez Mais ces deux dechires Superbes de chagrin Abandonnent aux chiens L'exploit de les juger
La vie ne fait pas de cadeau! Et nom de dieu! C'est triste Orly le dimanche Avec ou sans Becaud
Et maintenant ils pleurent Je veux dire tous les deux Tout a l'heure c'etait lui Lorsque je disais il Tout encastres qu'ils sont Ils n'entendent plus rien Que les sanglots de l'autre Et puis, et puis infiniment Comme deux corps qui prient Infiniment lentement ces deux corps Se separent et en se separant Ces deux corps se dechirent Et je vous jure qu'ils crient Et puis ils se reprennent Redeviennent un seul Redeviennent le feu Et puis se redechirent Se tiennent par les yeux Et puis en reculant Comme la mer se retire Ils consomment l'adieu Ils bavent quelques mots Agitent une vague main Et brusquement il fuit Fuit sans se retourner Et puis il disparait Bouffe par l'escalier
La vie ne fait pas de cadeau! Et nom de dieu! C'est triste Orly le dimanche Avec ou sans Becaud
Et puis il disparait Bouffe par l'escalier Et elle elle reste la Cœur en croix bouche ouverte Sans un cri, sans un mot Elle connait sa mort Elle vient de la croiser Voila qu'elle se retourne Et se retourne encore Ses bras vont jusqu'a terre Ca y est elle a mille ans La porte est refermee La voila sans lumiere Elle tourne sur elle-meme Et deja elle sait Qu'elle tournera toujours Elle a perdu des hommes Mais la elle perd l'amour L'amour le lui a dit Revoila l'inutile Elle vivra de projets Qui ne feront qu'attendre La revoila fragile Avant que d'etre a vendre
Je suis la, je la suis Je n'ose rien pour elle Que la foule grignote Comme un quelconque fruit
La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brulait La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Et la nuit peu a peu Et le temps arrete Et mon cheval boueux Et mon corps fatigue Et la nuit bleu a bleu Et l'eau d'une fontaine Et quelques cris de haine Verses par quelques vieux Sur de plus vieilles qu'eux Dont le corps s'ensommeille
La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brulait La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Et mon cheval qui boit Et moi qui le regarde Et ma soif qui prend garde Qu'elle ne se voit pas Et la fontaine chante Et la fatigue plante Son couteau dans mes reins Et je fais celui-la Qui est son souverain On m'attend quelque part Comme on attend le roi Mais on ne m'attend point Je sais depuis deja Que l'on meurt de hasard En allongeant les pas
La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brulait La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Il est vrai que parfois pres du soir Les oiseaux ressemblent a des vagues Et les vagues aux oiseaux Et les hommes aux rires Et les rires aux sanglots Il est vrai que souvent La mer se desenchante Je veux dire en cela Qu'elle chante D'autres chants Que ceux que la mer chante Dans les livres d'enfants Mais les femmes toujours Ne ressemblent qu'aux femmes Et d'entre elles les connes Ne ressemblent qu'aux connes Et je ne suis pas bien sur Comme chante un certain Qu'elles soient l'avenir de l'homme
La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brulait La ville s'endormait Et j'en oublie le nom Et vous etes passee Demoiselle inconnue A deux doigts d'etre nue Sous le lin qui dansait
Ils parlent de la mort Comme tu parles d'un fruit Ils regardent la mer Comme tu regardes un puit Les femmes sont lascives Au soleil redoute Et s'il n'y a pas d'hiver Cela n'est pas l'ete La pluie est traversiere Elle bat de grain en grain Quelques vieux chevaux blancs Qui fredonnent Gauguin Et par manque de brise Le temps s'immobilise Aux Marquises
Du soir montent des feux Et des pointes de silence Qui vont s'elargissant Et la lune s'avance Et la mer se dechire Infiniment brisee Par des rochers qui prirent Des prenoms affoles Et puis plus loin des chiens Des chants de repentance Des quelques pas de deux Et quelques pas de danse Et la nuit est soumise Et l'alize se brise Aux Marquises
Le rire est dans le cœur Le mot dans le regard Le cœur est voyageur L'avenir est au hasard Et passent des cocotiers Qui ecrivent des chants d'amour Que les sœurs d'alentour Ignorent d'ignorer Les pirogues s'en vont Les pirogues s'en viennent Et mes souvenirs deviennent Ce que les vieux en font Veux tu que je dise Gemir n'est pas de mise Aux Marquises