정통 샹송에서 프렌치 재즈에 이르기까지 바르바라의 작품들은 국내 샹송 팬들의 구미에 적합한 트랙들로 구성되어 있다. 특히, 자작곡의 재능을 갖춘 보기드문 여성 샹송 싱어송 라이터라는 점이 바르바라의 롱런 비결이기도 한데, 대표적인 히트작인 'L`AIGLE NOIR'를 비롯해서 'DIS QUAND REVIENDRAS-TU?'와 'AUBOIS DE SAINT-AMAND'등의 히트곡들이 모두 수록된 귀중한 베스트 앨범이다. .... ....
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main de Diable Qui a tisse le ciel De ce beau matin-la, Lui plantant dans le cœur Un morceau de soleil Qui se brise sur l'eau En mille eclats vermeils ?
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main du Diable Qui a mis sur la mer Cet etrange voilier Qui, pareil au serpent, Semble se deplier, Noir et blanc, sur l'eau bleue Que le vent fait danser ?
Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce matin-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais, pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas.
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main de Diable Qui a mis cette rose Au jardin que voila ? Pour quel ardent amour, Pour quelle noble dame La rose de velours Au jardin que voila ?
Et ces prunes eclatees, Et tous ces lilas blancs, Et ces grosseilles rouges, Et ces rires d'enfants, Et Christine si belle Sous ses jupons blancs, Avec, au beau milieu, L'eclat de ses vingt ans ?
Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce printemps-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas !
Le voilier qui s'enfuit, La rose que voila Et ces fleurs et ces fruits Et nos larmes de joie... Qui a pu nous offrir Toutes ces beautes-la ? Cueillons-les sans rien dire. Va, c'est pour toi et moi !
Est-ce la main de Dieu Et celle du Malin Qui, un jour, s'unissant, Ont croise nos chemins ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour cet amour-la Merci, et chapeau bas !
Mais pour toi et pour moi Merci, et chapeau bas !
Attendez que ma joie revienne Et que se meure le souvenir De cet amour de tant de peine Qui n'en finit pas de mourir. Avant de me dire je t'aime, Avant que je puisse vous le dire, Attendez que ma joie revienne, Qu'au matin je puisse sourire.
Laissez-moi. Le chagrin m'emporte Et je vogue sur mon delire. Laissez-moi. Ouvrez cette porte. Laissez-moi. Je vais revenir. J'attendrai que ma joie revienne Et que soit mort le souvenir De cet amour de tant de peine Pour lequel j'ai voulu mourir. J'attendrai que ma joie revienne, Qu'au matin je puisse sourire, Que le vent ait seche ma peine Et la nuit calme mon delire.
Il est, parait-il, un rivage Ou l'on guerit du mal d'aimer. Les amours mortes y font naufrage, Epaves mortes du passe. Si tu veux que ma joie revienne, Qu'au matin, je puisse sourire Vers ce pays ou meurt la peine, Je t'en prie, laisse-moi partir. Il faut de mes amours anciennes Que perisse le souvenir Pour que, liberee de ma chaine, Vers toi, je puisse revenir.
Alors, je t'en fais la promesse, Ensemble nous irons cueillir Au jardin fou de la tendresse La fleur d'amour qui va s'ouvrir Mais c'est trop tot pour dire je t'aime, Trop tot pour te l'entendre dire. La voix que j'entends, c'est la sienne. Ils sont vivants, mes souvenirs. Pardonne-moi : c'est lui que j'aime. Le passe ne veut pas mourir.
Le jour ou tu viendras, le jour ou tu viendras, Le jour ou tu viendras, ne prends pas tes bagages. Que m'importe, apres tout, ce qu'il y aurait dedans, Je te reconnaitrai a lire ton visage. Il y a tant et tant de temps que je t'attends. Tu me tendras les mains, je n'aurai qu'a les prendre Et consoler les voix qui pleurent dans ta voix. Je t'apprivoiserai, les lumieres eteintes. Tu n'auras rien a dire, je reconnaitrai bien
Le tout petit garcon, le regard solitaire Qui cachait ses chagrins dans les jardins perdus, Qui ne savait jouer qu'aux billes ou a la guerre, Qui avait tout donne et n'avait rien recu.
Si je venais vers toi, je viendrais sans bagages. Que t'importe, apres tout, ce qu'il y aurait dedans. Tu me reconnaitrais a lire mon visage. Il y a tant et tant de temps que tu m'attends. Je te tendrai les mains, tu n'aurais qu'a les prendre Et consoler les voix qui pleurent dans ma voix. Tu m'apprivoiserais, les lumieres eteintes. Je n'aurais rien a dire, tu reconnaitrais bien
La toute petite fille, aux cheveux en bataille Qui cachait ses chagrins dans les jardins perdus Et qui aimait la pluie et le vent et la paille Et le frais de la nuit et les jeux defendus.
Quand viendra ce jour-la, sans passe, sans bagages, Nous partirons ensemble vers un nouveau printemps Qui melera nos corps, nos mains et nos visages. Il y a tant et tant de temps que l'on s'attend. A quoi bon se redire les reves de l'enfance, A quoi bon se redire les illusions perdues ? Quand viendra ce jour-la, nous partirons ensemble, A jamais retrouves, a jamais reconnus.
Le jour ou tu viendras, le jour ou tu viendras, Il y a tant et tant de temps que je t'attends...
Je ne sais pas dire "Je t'aime.". Je ne sais pas, je ne sais pas. Je ne peux pas dire "Je t'aime.". Je ne peux pas, je ne peux pas. Je l'ai dit tant de fois pour rire. On ne rit pas de ces mots-la. Aujourd'hui que je veux le dire, Je n'ose pas, je n'ose pas. Alors, j'ai fait cette musique Qui mieux que moi te le dira.
Pour une larme, pour un sourire Qui pourraient venir de toi, Je ferais le mieux et le pire Mais je ferais n'importe quoi. Pourtant le jour et la nuit meme, Quand j'ai le mal d'amour pour toi, La, simplement dire "Je t'aime." Je n'ose pas, je n'ose pas, Alors, ecoute ma musique Qui mieux que moi te le dira.
Je sais ta bouche sur ma bouche. Je sais tes yeux, ton rire, ta voix. Je sais le feu quand tu me touches Et je sais le bruit de ton pas. Je saurais, sur moi, devetue, Entre mille, quelle est ta main nue, Mais simplement dire "Je t'aime.", Je ne sais pas, je ne sais pas.
C'est trop bete, je vais le dire. C'est rien, ces deux mots-la Mais j'ai peur de te voir sourire. Surtout, ne me regarde pas. Tiens, au piano, je vais le dire, Amoureuse du bout des doigts. Au piano, je pourrais le dire. Ecoute-moi, regarde-moi.
Je ne peux pas, Je ne sais pas, Je n'ose pas. Je t'aime, je t'aime, je t'aime...
Je te telephone Pres du metro Rome. Paris, sous la pluie Me lasse et m'ennuie. La Seine est plus grise Que la Tamise. Ce ciel de brouillard Me fout le cafard
Car il pleut toujours Sur le Luxembourg. Y a d'autres jardins Pour parler d'amour. Y a la tour de Pise, Mais je prefere Venise. Viens, fais tes bagages. On part en voyage.
J'te donne rendez-vous A la gare de Lyon, Sous la grand horloge, Pres du portillon. Nous prendrons le train Pour Capri la belle, Pour Capri la belle, Avant la saison.
Viens voir l'Italie Comme dans les chansons. Viens voir les fontaines. Viens voir les pigeons. Viens me dire "je t'aime" Comme tous ceux qui s'aiment, A Capri la belle, En toutes saisons.
Paris, mon Paris, Au revoir et merci. Si on telephone, J'y suis pour personne. J'vais dorer ma peau Dans les pays chauds. J'vais m'ensoleiller Pres des gondoliers.
Juste a l'aube grise, Demain, c'est Venise. Chante, Barcarolle, J'irai en gondole. J'irai, sans sourire Au pont des Soupirs Pour parler d'amour A voix de velours.
Taxi, menez-moi A la gare de Lyon. J'ai un rendez-vous Pres du portillon. Je vais prendre le train Pour Capri la belle, Pour Capri la belle Avant la saison.
Passant par Verone, Derriere les creneaux, J'vais voir le fantome Du beau Romeo. Je vais dire "je t'aime" A celui que j'aime. Ce sera l'Italie, Comme dans les chansons. Taxi, vite, allons ! A la gare de Lyon...
Si la photo est bonne, Juste en deuxieme colonne, Y a le voyou du jour, Qui a une petite gueule d'amour, Dans la rubrique du vice, Y a l'assassin de service, Qui n'a pas du tout l'air mechant, Qui a plutot l'?il interessant, Coupable ou non coupable, S'il doit se mettre a table, Que j'aimerais qu'il vienne, Pour se mettre a la mienne,
Si la photo est bonne, Il est bien de sa personne, N'a pas plus l'air d'un assassin, Que le fils de mon voisin, Ce gibier de potence, Pas sorti de l'enfance, Va faire sa derniere priere, Pour avoir trop aime sa mere, Bref, on va prendre un malheureux, Qui avait le c?ur trop genereux,
Moi qui suis femme de president, J'en ai pas moins de c?ur pour autant, De voir tomber des tetes, A la fin, ca m'embete, Et mon mari, le president, Qui m'aime bien, qui m'aime tant, Quand j'ai le c?ur qui flanche, Tripote la balance,
Si la photo est bonne, Qu'on m'amene ce jeune homme, Ce fils de rien, ce tout et pire, Cette crapule au doux sourire, Ce grand gars au c?ur tendre, Qu'on n'a pas su comprendre, Je sens que je vais le conduire, Sur le chemin du repentir, Pour l'avenir de la France, Contre la delinquance, C'est bon, je fais le premier geste, Que la justice fasse le reste, Surtout qu'il soit fidele, Surtout, je vous rappelle, A l'image de son portrait, Qu'ils se ressemblent trait pour trait, C'est mon ultime condition, Pour lui accorder mon pardon,
Qu'on m'amene ce jeune homme, Si la photo est bonne, Si la photo est bonne, Si la photo est bonne...
M'ont tous connue, connue avant, Ils s'en rappellent, Au temps de l'eau et du pain noir, Sans mirabelle. Ils ont tout partage : Leurs tartines beurrees, Ont couche dans leur lit Mes longues insomnies Et j'ai beau, j'ai beau chercher, En vain, j'appelle Mes souvenirs du temps passe, Mais infideles, Je n'ai pas souvenir, du moindre souvenir Du paysage De leur visage.
Ils etaient beaucoup moins nombreux, Je m'en rappelle, Au temps de l'eau et du pain noir Sans mirabelle. Ils ne me devaient rien. Qu'ils ne regrettent rien Mais qu'ils ne viennent pas Raconter qu'autrefois, Ils m'ont, souvenez-vous, Bercee sur leurs genoux, Les ra, les ra, les rapaces, Les ra, les ra, les rapaces.
Ils m'inventeraient, pour un peu, Quelle indecence, Les premiers mots, les premiers jeux De mon enfance. M'ont connue a Passy, M'ont connue en Baviere Ou bien tout simplement A la soupe populaire Et moi, pas vue, pas vue, pas pris, Conte, raconte, J'ai le sourire bien poli Des femmes du monde, Et moi, mais oui, mais oui Et moi, merci, merci, D'etre venue ce soir D'etre venus, bonsoir.
Hier encore, ils festoyaient A d'autre tables. Demain, c'est chez toi qu'ils iront Se mettre a table, Ces amis inconnus, que je n'ai jamais vus Mais qu'ils ne viennent pas Se chauffer sous mon toit. Qu'ils aillent donc porter leurs jambes Et ronds de jambes. Qu'ils portent ailleurs leur savoir-faire, Leurs belles manieres. Sont vilains, sont pas beaux, sont ridicules, Bref, ils me font la tete comme une pendule. Oh, qu'ils ne viennent pas, je ne nourrirai pas Ces ra, ces ra, ces rapaces, Ces ra, ces ra, ces rapaces.
A ceux qui m'ont connue avant Je suis fidele Au temps de l'eau et du pain noir Sans mirabelle. Ceux qui ont partage Leurs tartines beurrees Et couche dans leur lit Mes longues insomnies, Ceux-la, j'en ai le souvenir Dans ma memoire, Ceux-la peuvent me revenir. C'est sans histoire. Qu'ils viennent aujourd'hui, Peuvent paraitre. Ceux-la, je saurai bien Les reconnaitre, Les amis d'autrefois, Ceux la qui ne sont pas Des ra, des ra, des rapaces, Des ra, des ra, des rapaces...
Chaque fois qu'on parle d'amour, C'est avec "jamais" et "toujours", "Viens, viens, je te fais le serment Qu'avant toi, y avait pas d'avant, Y avait pas d'ombre et pas de soleil. Le jour, la nuit c'etait pareil. Y avait pas au, creux de mes reins, Douce, la chaleur de tes mains.", A chaque fois, a chaque fois, Chaque fois qu'on parle d'amour.
Chaque fois qu'on aime d'amour, C'est avec "jamais" et "toujours". On refait le meme chemin En ne se souvenant de rien Et l'on recommence, soumise, Florence et Naples, Naples et Venise. On se le dit, et on y croit, Que c'est pour la premiere fois, A chaque fois, a chaque fois, Chaque fois qu'on aime d'amour.
Ah, pouvoir encore et toujours S'aimer et mentir d'amour Et, bien qu'on connaisse l'histoire, Pouvoir s'emerveiller d'y croire Et se refaire, pour pas une thune, Des clairs d'amour au clair de lune Et rester la, c'est merveilleux, A se rire du fond des yeux. Ah, pouvoir encore et toujours S'aimer et mentir d'amour.
Ah redis-le, redis-le moi, Que je suis ta premiere fois. Viens, et fais-moi le serment Qu'avant moi, y avait pas d'avant, Y avait pas d'ombre et pas de soleil. Le jour, la nuit, c'etait pareil. Y avait pas, au creux de tes reins, Douce, la chaleur de mes mains. Ah redis-le, redis-le moi, Que je suis ta premiere fois. Ah, redis-le moi, je te crois. Je t'aime, c'est la premiere fois, Comme a chaque fois, Comme a chaque fois, Comme a chaque fois...
Il pleut, Il pleut, Sur les jardins alanguis, Sur les roses de la nuit, Il pleut des larmes de pluie, Il pleut, Et j'entends le clapotis, Du bassin qui se remplit, Oh mon Dieu, que c'est joli, La pluie,
Quand Pierre rentrera, Il faut que je lui dise, Que le toit de la remise, A fui, Il faut qu'il rentre du bois, Car il commence a faire froid, Ici,
Oh, Pierre, Mon Pierre,
Sur la campagne endormie, Le silence et puis un cri, Ce n'est rien, un oiseau de la nuit, Qui fuit, Que c'est beau cette penombre, Le ciel, le feu et l'ombre, Qui se glisse jusqu'a moi, Sans bruit,
Une odeur de foin coupe, Monte de la terre mouillee, Une auto descend l'allee, C'est lui,
C'est parce que ton epaule a mon epaule, Ta bouche a mes cheveux, Et ta main sur mon cou, C'est parce que dans mes reins, Quand ton souffle me frole, C'est parce que tes mains, C'est parce que joue a joue, C'est parce qu'au matin, C'est parce qu'a la nuit, Quand tu dis "viens", je viens, Tu souris, je souris, C'est parce qu'ici ou la, Dans un autre pays, Pourvu que tu y sois, C'est aussi mon pays,
C'est parce que je t'aime, Que je prefere m'en aller, Car il faut savoir se quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer,
C'est parce que j'ai peur de voir s'endeuiller, Les minutes, les heures, les secondes passees, C'est parce que je sais qu'il faut un presque rien, Pour defaire une nuit et se perdre au matin, Je ne laisserai pas pencher sur notre lit, Ni l'ombre d'un regret, ni l'ombre d'un ennui, Je ne laisserai pas mourir au fils de jours, Ce qui fut toi et moi, ce qui fut notre amour, Il ne sera jamais emporte par le temps, Je l'emporte moi-meme, il restera vivant,
Oh laisse-moi, oui je t'aime, Mais je prefere m'en aller, Car il faut savoir se quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer,
J'en ai vu, comme nous, qui allaient a pas lents, Et portaient leur amour comme on porte un enfant, J'en ai vu, comme nous, qui allaient a pas lents, Et tombaient a genoux, dans le soir finissant, Je les ai retrouves, furieux et combattants, Comme deux loups blesses, que sont-ils maintenant,
Ca je ne veux pas, je t'aime, Je ne veux pas nous dechirer, C'est mieux, crois-moi, de nous quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer, C'est mieux, bien mieux, de nous quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer...
Je me souviens : Elle le croyait magicien, Oh, Marie, Marie Chenevance, Oh, Marie, Marie Chenevance.
Il avait invente un oiseau qui danse Et l'avait donne avec innocence A Marie, Marie Chenevance, A Marie, Marie Chenevance
Mais elle etait une petite fille, Alors ils ont fait des histoires En la jetant derriere les grilles, Ceux qui n'ont pas voulu croire Qu'ils allaient simplement Et, la main dans la main, Qu'ils allaient doucement Loin, la main dans la main, La main dans la main.
Je me souviens : Elle le croyait magicien, Oh, Marie, Marie Chenevance, Oh, Marie, Marie Chenevance
Et voila l'offense : Il avait trouve Comme un air d'enfance Dans les yeux noyes De Marie, Marie Chenevance, De Marie, Marie Chenevance
Mais elle etait une toute petite fille, Alors ils ont lache les chiens Sur un pantin de pacotille Et je ne me souviens pas bien. Il lui donnait la main. Ils allaient ensemble, Un oiseau, un pantin, Elle et lui, en Septembre, en Septembre.
Je me souviens, Sur le sable de Septembre, Avec ses cheveux d'ambre Et ses yeux de faience, Oh, Marie, Marie Chenevance, Oh, Marie, Marie Chenevance.
Un oiseau qui danse, Un homme, une petite fille, Un arlequin de pacotille, La main dans la main, Alors, ils ont lache les chiens. Marie Chenevance, Marie, Marie, Marie Chenevance, Oh, Marie, Marie Chenevance...
Il pleut sur Nantes, donne-moi la main Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-la, il y a juste un an deja La ville avait ce teint blafard lorsque je sortis de la gare Nantes m'etait encore inconnue, je n'y etais jamais venue Il avait fallu ce message pour que je fasse le voyage
"Madame soyez au rendez-vous, vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Faites vite, il y a peu d'espoir, il a demande a vous voir."
A l'heure de sa derniere heure, apres bien des annees d'errance Il me revenait en plein cœur, son cri dechirait le silence Depuis qu'il s'en etait alle, longtemps je l'avais espere Ce vagabond, ce disparu, voila qu'il m'etait revenu
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup, je m'en souviens du rendez-vous Et j'ai grave dans ma memoire cette chambre au fond d'un couloir
Assis pres d'une cheminee, j'ai vu quatre hommes se lever La lumiere etait froide et blanche, ils portaient l'habit du dimanche Je n'ai pas pose de questions a ces etranges compagnons J'ai rien dit, mais a leurs regards, j'ai compris qu'il etait trop tard
Pourtant j'etais au rendez-vous, vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Mais il ne m'a jamais revue, il avait deja disparu
Voila, tu la connais l'histoire, il etait revenu un soir Et ce fut son dernier voyage, et ce fut son dernier rivage Il voulait avant de mourir se rechauffer a mon sourire Mais il mourut a la nuit meme sans un adieu, sans un "je t'aime"
Au chemin qui longe la mer, couche dans le jardin des pierres Je veux que tranquille il repose, je l'ai couche dessous les roses Mon pere, mon pere
Il pleut sur Nantes et je me souviens Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin.
Ca ne previent pas quand ca arrive Ca vient de loin Ca c'est promene de rive en rive La gueule en coin Et puis un matin, au reveil C'est presque rien Mais c'est la, ca vous ensommeille Au creux des reins
Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre
On peut le mettre en bandouliere Ou comme un bijou a la main Comme une fleur en boutonniere Ou juste a la pointe du sein C'est pas forcement la misere C'est pas Valmy, c'est pas Verdun Mais c'est des larmes aux paupieres Au jour qui meurt, au jour qui vient
Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre
Qu'on soit de Rome ou d'Amerique Qu'on soit de Londres ou de Pekin Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique Ou de la porte Saint-Martin On fait tous la meme priere On fait tous le meme chemin Qu'il est long lorsqu'il faut le faire Avec son mal au creux des reins
Ils ont beau vouloir nous comprendre Ceux qui nous viennent les mains nues Nous ne voulons plus les entendre On ne peut pas, on n'en peut plus Et tous seuls dans le silence D'une nuit qui n'en finit plus Voila que soudain on y pense A ceux qui n'en sont pas revenus
Du mal de vivre Leur mal de vivre Qu'ils devaient vivre Vaille que vivre
Et sans prevenir, ca arrive Ca vient de loin Ca c'est promene de rive en rive Le rire en coin Et puis un matin, au reveil C'est presque rien Mais c'est la, ca vous emerveille Au creux des reins
La joie de vivre La joie de vivre Oh, viens la vivre Ta joie de vivre
Une petite cantate Du bout des doigts Obsedante et maladroite Monte vers toi Une petite cantate Que nous jouions autrefois Seule, je la joue, maladroite Si, mi, la, re, sol, do, fa
Cette petite cantate Fa, sol, do, fa N'etait pas si maladroite Quand c'etait toi Les notes couraient faciles Heureuses au bout de tes doigts Moi, j'etais la, malhabile Si, mi, la, re, sol, do, fa
Mais tu est partie, fragile Vers l'au-dela Et je reste, malhabile Fa, sol, do, fa Je te revois souriante Assise a ce piano-la Disant "bon, je joue, toi chante Chante, chante-la pour moi"
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Oh mon amie, oh ma douce Oh ma si petite a moi Mon Dieu qu'elle est difficile Cette cantate sans toi
Une petite priere La, la, la, la Avec mon c?ur pour la faire Et mes dix doigts Une petite cantate Mais sans un signe de croix Quelle offense, Dieu le pere Il me le pardonnera
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Les anges, avec leur trompette La jouerons, jouerons pour toi Cette petite cantate Qui monte vers toi Cette petite cantate Qui monte vers toi
Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie, Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris, Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie, Sous des ciels plus legers, pays de paradis, Oh, que j'aurais voulu vous ramener ce soir, Des mers en furie, des musiques barbares, Des chants heureux, des rires qui resonnent bizarres, Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre, Des coquillages blancs et des cailloux sales, Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenes, Des rouges eclatants, des soleils eclates, Dont le feu brulerait d'eternels etes,
Mais j'ai tout essaye, J'ai fait semblant de croire, Et je reviens de loin, Et mon soleil est noir, Mais j'ai tout essaye, Et vous pouvez me croire, Je reviens fatiguee, Et j'ai le desespoir, Legere, si legere, j'allais court vetue, Je faisais mon affaire du premier venu, Et c'etait le repos, l'heure de nonchalance, A bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse, J'ai appris le banjo sur des airs de guitare, J'ai frissonne du dos, j'ai oublie Mozart, Enfin j'allais pouvoir enfin vous revenir, Avec l'?il alangui, vague de souvenirs, Et j'etais l'ouragan et la rage de vivre, Et j'etais le torrent et la force de vivre, J'ai aime, j'ai brule, rattrape mon retard, Que la vie etait belle et folle mon histoire, Mais la terre s'est ouverte, La-bas, quelque part, Mais la terre s'est ouverte, Et le soleil est noir, Des hommes sont mures, Tout la-bas, quelque part, Les hommes sont mures, Et c'est le desespoir, J'ai conjure le sort, j'ai recherche l'oubli, J'ai refuse la mort, j'ai rejete l'ennui, Et j'ai serre les poings pour m'ordonner de croire, Que la vie etait belle, fascinant le hasard, Qui me menait ici, ailleurs ou autre part, Ou la fleur etait rouge, ou le sable etait blond, Ou le bruit de la mer etait une chanson, Oui, le bruit de la mer etait une chanson, Mais un enfant est mort, La-bas, quelque part, Mais un enfant est mort, Et le soleil est noir, J'entends le glas qui sonne, Tout la-bas, quelque part, J'entends le glas sonner, Et c'est le desespoir, Je ne ramene rien, je suis ecartelee, Je vous reviens ce soir, le c?ur egratigne, Car, de les regarder, de les entendre vivre, Avec eux j'ai eu mal, avec aux j'etais ivre, Je ne ramene rien, je reviens solitaire, Du bout de ce voyage au-dela des frontieres, Est-il un coin de terre ou rien ne se dechire, Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire, S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes, Et si je pouvais, seule, faire taire les armes, Je jure que, demain, je reprends l'aventure, Pour que cessent a jamais toutes ces dechirures, Je veux bien essayer, Et je veux bien y croire, Mais je suis fatiguee, Et mon soleil est noir, Pardon de vous le dire, Mais je reviens ce soir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir...
Plus rien, plus rien Que le silence, Ta main, ma main Et le silence Des mots. Pourquoi ? Quelle importance ! Demain, plus tard, Les confidences. Si douce, ta bouche Et je m'affole. Je roule, m'enroule Et tu t'affoles. La nuit profonde, La fin du monde, Une gerbe de feu Pour se connaitre, Se reconnaitre, Pourpre et or et puis bleue, Plus rien, plus rien Que le silence, C'est bien, nos mains Et ce silence...
Ils marchent le regard fier, Mes hommes, Moi devant, et eux derriere, Mes hommes Et si j'allonge le pas, Ils me suivent pas a pas. Je leur echappe pas, Mes hommes, mes hommes.
Ou que je sois, ils sont la, Mes hommes. Je n'ai qu'a tendre les bras, En somme. Je les regarde venir, Fiere de leur appartenir. C'est beau de les voir sourire, Mes hommes.
Moi qui suis fille des brumes, En somme, De la nuit et de la lune, Tout comme, Quand j'arrive, le teint clair, Moi devant et eux derriere, Je comprends bien que les gens S'etonnent, s'etonnent
Car, ils viennent de Tunisie, Mes hommes, Marseille, Toulon, le Midi, Mes hommes. Ils marchent avec insolence, Un petit rien dans la hanche. Ca ressemble a une danse, Mes hommes.
Ils ne m'appellent Madame, Mes hommes Mais, tendrement, ils me nomment Patronne. Ils se soumettent a ma loi. Je me soumets a leur loi. Que c'est doux d'obeir A mes hommes.
Tout d'amour et de tendresse, Mes hommes, M'ont fait une forteresse, Mes hommes. Non, vous ne passerez pas. C'est a eux, n'y touchez pas. Ils sont violents, quelquefois, Mes hommes, mes hommes.
Ils se sont fait sentinelles, Mes hommes. Ils pourraient etre cruels, Mes hommes. Ils me veillent, comme moi Je les veille quelquefois. Moi pour eux, et eux pour moi, Mes hommes.
Quand naissent les premieres feuilles D'automne, Quand le chagrin se fait lourd, Mes hommes, Vont se mettre, sans un mot, Debout autour du piano Et me disent tendrement, Patronne, patronne.
C'est fou comme ils sont heureux, Mes hommes, Quand le son du piano noir Resonne. Ils vont faire leurs bagages Et on reprend le voyage. Faut qu'ils voient du paysage, Mes hommes.
Quand descend la nuit furtive, Mes hommes. A pas de loup, ils s'esquivent. Personne. Ils vont chasser dans la nuit. Bergers, gardez vos brebis Qui ont le gout et l'envie, Des hommes, des hommes
Car, de la blonde a la rousse, Mes hommes, Ils vont coucher leur peau douce, Mes hommes Et repartent dans la nuit, Courtois, mais pas attendris Quand ils ont croque le fruit, La pomme.
Ils reviennent au matin, Mes hommes, Avec des fleurs dans les mains, Mes hommes Et restent la, silencieux, Timides, baissant les yeux En attendant que je leur Pardonne.
Ils ont installe mon lit, Mes hommes, Au calme d'une prairie, Mes hommes. Je peux m'endormir a l'ombre. Ils y creuseront ma tombe Pour la longue nuit profonde Des hommes, des hommes.
Pas de pleurs, pas une larme, Mes hommes, Je n'ai pas le gout du drame, Mes hommes, Continuez, le regard fier. Je serai la, comme hier, Vous devant, et moi derriere, Mes hommes
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour. Toi, je le sais, tu pourrais meme M'ensoleiller sous la pluie meme. Avant toi, d'autres sont venus Que je n'ai jamais reconnus. Pour toi, je ne suis pas la meme. Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime, Je t'aime.
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour. Tu me fais la mer et les dunes Et des plages au clair de la lune. Avec ta gueule de Jesus, Tu es venu, oh bien venu Et tu m'as griffee, en douceur, La, juste a la pointe du c?ur, A la pointe du c?ur.
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour Et dans tes bras, je fais naufrage Sans meme quitter le rivage. J'ai beau connaitre mon affaire Du boy scout jusqu'au legionnaire, Devant toi, j'etais vraiment nue, Le jour ou tu m'as devetue.
Tu m'as faite, au premier matin, Timide et vierge, vierge et catin. Pour toi, je ne suis plus la meme. Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime...
Pour une longue dame brune, j'ai invente Une chanson au clair de la lune, quelques couplets. Si jamais elle l'entend un jour, elle saura Que c'est une chanson d'amour pour elle et moi.
Je suis la longue dame brune que tu attends. Je suis la longue dame brune et je t'entends. Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi. Ta guitare, orgue de fortune, guide mes pas.
Pierrot m'avait prete sa plume ce matin-la. A ma guitare de fortune j'ai pris le la. Je me suis pris pour un poete en ecrivant Les mots qui passaient par ma tete comme le vent.
Pierrot t'avait prete sa plume cette nuit-la. A ta guitare de fortune, tu pris le la, Et je t'ai pris pour un poete en ecoutant Les mots qui passaient par ta tete comme le vent.
J'ai habille la dame brune dans mes pensees D'un morceau de voile de brume et de rosee. J'ai fait son lit contre ma peau pour qu'elle soit bien, Bien a l'abri et bien au chaud contre mes mains.
Habillee de voile de brume et de rosee Je suis la longue dame brune de ta pensee. Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi. A travers les monts et les dunes, j'entends ta voix.
Pour une longue dame brune, j'ai invente Une chanson au clair de la lune, quelques couplets. Je sais qu'elle l'entendra un jour, qui sait demain, Pour que cette chanson d'amour finisse bien.
Bonjour, je suis la dame brune, j'ai tant marche. Bonjour, je suis la dame brune, je t'ai trouve. Fais-moi place au creux de ton lit, je serai bien, Bien au chaud et bien a l'abri contre tes reins
J'suis une souris, geule de nuit, Et je vais, je viens, je passe, passe. J'suis pas du jour, gueule d'amour. D'ailleurs j'suis de Montparnasse, nasse. Cherchez pas de mystere, j'en ai pas. J'ai bon caractere, mais faut pas, Pas pousser grand-mere d'un faux pas, ah.
Oui, j'aurais pu, comme vous Ou comme toi, etre ronde, ronde Mais c'est foutu, c'est classe Car Dieu m'a preferee longue, longue. Pour c'que j'ai a faire, ca m'gene pas. On peut pas s'refaire, jeune ou pas. Passez donc la main, La main dans la main, et viens.
J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne Sur le canal Saint-Martin. Au lieu d'ca, je trime, Alors j'imagine Que je vois l'automne, dans le petit matin Et je m'abandonne Et j'en reve et c'est bien. J'ai jamais vu ca, J'ai jamais vu ca. J'voudrais voir l'automne, L'automne avec toi.
Parfois je pense a ce que j'aurais pu etre, etre, Tiens, la Goulue, Malibran, ou la Divine peut-etre, etre. Ah, les annees trente, trente et un, Monsieur de Truc ou de Machin Prenait ta vertu Et t'avait pignon sur rue.
Je m'serais paye, dans mon fiacre, Un drole de tour du monde, monde Et, des montagnes aux lacs, Je l'aurais dansee ma ronde, ronde En boa, bottee, dans mon fiacre Et toi, chapeaute, chapeau clac, On s'en s'rait alles. Allez, fouette cocher, et viens !
Viens donc voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, sur le canal Saint-Martin. Non mais t'imagines ? Au lieu d'ca, je trime. J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, de Passy a Pantin. J'ai jamais vu ca, J'ai jamais vu ca. J'voudrais voir l'automne, L'automne avec toi.
On peut rever, revasser A c'qu'on aurait voulu etre, etre, Mais c'est foutu, c'est classe. Ce n'est pas plus mal peut-etre, etre V'la la fin du jour, geule d'amour. C'est bientot la nuit, gueule de nuit. En robe de lumiere, J'serai a mon affaire, viens.
Apres tout, l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, on verra ca demain. Viens, la ville s'allume Et Paris s'emplume. Apres tout, l'automne, dans le petit matin, Qu'est-ce que ca paut faire Puisqu'on s'aime et c'est bien. Un amour comme ca, J'ai jamais vu ca. J'ai jamais vu ca, Dieu, que ca m'etonne, tilalala...
J'suis ta souris, gueule de nuit. Avec toi je vais, je passe, passe. J'suis ta souris de la nuit. Viens, j't'emmene a Montparnasse, nasse. J'suis ta souris de la nuit, J'suis ta souris, gueule de nuit. J'suis ta souris de la nuit, J'suis ta souris, gueule de nuit
A peine le jour s'est leve, A peine la nuit va s'achever Que deja, ta main s'est glissee, Legere, legere. A peine sorti du sommeil, A peine, a peine tu t'eveilles Que deja, tu cherches ma main Que deja, tu froles mes reins.
L'aube blafarde, par la fenetre, L'aube blafarde, va disparaitre. C'est beau : regarde par la fenetre. C'est beau : regarde le jour paraitre.
A chaque jour recommence, A se vouloir, a se garder, A se perdre, a se dechirer, A se battre, a se crucifier. Passent les vents et les marees. Mille fois perdus, dechires, Mille fois perdus, retrouves, Nous restons la, emerveilles.
Mon indocile, mon difficile Et puis docile, mon si fragile, Tu es la vague ou je me noie, Tu es ma force, tu es ma loi.
A peine le temps s'est pose, Printemps, hiver, automne, ete. Tu t'en souviens ? C'etait hier, Printemps, ete, automne, hiver. A peine tu m'avais entrevue, Deja, tu m'avais reconnue. A peine je t'avais souri Que deja, tu m'avais choisie.
Ton indocile, ta difficile Et puis docile, ta si fragile, Je suis la vague ou tu te noies, Je suis ta force, je suis ta loi.
Dans la chambre, s'est glissee l'ombre. Je t'apercois dans la penombre. Tu me regardes, tu me guettes. Tu n'ecoutais pas, je m'arrete. Au loin, une porte qui claque. Il pleut, j'aime le bruit des flaques. Ailleurs, le monde vit, ailleurs Et nous, nous vivons la, mon c?ur Et je m'enroule au creux de toi Et tu t'enroules au creux de moi.
Le temps passe vite a s'aimer. A peine l'avons-nous vu passer Que deja, la nuit s'est glissee, Legere, si legere. Ta bouche a mon cou, tu me mords. Il fait nuit noire au dehors. Ta bouche a mon cou, je m'endors. Dans le sommeil, je t'aime encore.
A peine je suis endormie Que deja, tu t'endors aussi. Ton corps, a mon corps, se fait lourd. Bonsoir, bonne nuit, mon amour...
Je serai douce, si douce Quand tu me diras de l'etre. Je serai obeissante Quand tes mains caresseront Mes mains, mes cheveux, mes levres. Oui, je serai tres tres douce Quand, a midi, Tu me coucheras Sur un lit d'herbe roussie, Sans vraiment aucun souci Pour ma robe noire de veuve, Sans aucun souci, vraiment.
Je serai tendre, si tendre Quand tu me diras de l'etre. Je serai obeissante Quand tes mains caresseront Mon cou, mes hanches, ma taille. Oui, je serai tres tres tendre Quand, a cinq heures, Tu me coucheras Sur un lit de feuilles seches, Sans vraiment aucun souci Pour ma robe blanche d'epouse, Sans aucun souci vraiment.
Je serai belle, si belle Quand tu me diras de l'etre. Je serai obeissante Quand tes mains caresseront Mes reins, mes seins, mon etoile. Oui, je serai tres tres belle Quand, a minuit, Tu me coucheras Sur un lit aux draps defaits, Sans vraiment aucun souci Pour ma robe rouge d'amante, Sans aucun souci vraiment. Je serai douce, si douce, Je serai tendre, si tendre, Je serai belle, si belle...
La saisonneraie Ou l'on s'abritait Pour y vivre ensemble La plus folle passion, La saisonneraie Que tu as quittee Restera pour moi La plus belle maison.
Si belle en Mai Lorsque refleurissaient Les roses si lourdes, Si lourdes, si lourdes, Si belle en Juillet Lorsqu'on s'endormait Pres des roses rouges, Si rouges, si rouges
Et je sais, tu voudrais Pouvoir oublier Comme tu l'aimais, La maison des amours Mais, ou que tu sois, Tu y reviendras. La saisonneraie, Tu ne l'oublieras pas.
Si belle a l'automne Tant que l'on s'etonne De l'automne rousse La-haut dans ma chambre, Si chaude en Decembre Quand tu me fais douce, Si douce, si douce,
Tu sais, avant toi, Bien d'autres que toi Ont quitte un jour La maison des amours, Mais jamais deserte Et la porte ouverte, Elle est devenue La maison des amours.
On m'a raconte Que, par le passe, Quelque charme etrange L'avait envoutee On m'a raconte. Qu'elle a le secret Des amours etranges, Etranges, etranges.
La saisonneraie, Je t'y attendrai, Tranquille. Je sais que tu m'y reviendras Car nul ne peut rien Contre le secret De tous ceux qui s'aiment. A la saisonneraie, Tu m'y reviendras Car j'ai le secret De tous ceux qui s'aiment, A la saisonneraie...
Je m'invente un pays ou vivent des soleils Qui incendient les mers et consument les nuits, Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil, Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis, Ce pays est un reve ou revent mes saisons Et dans ce pays-la, j'ai bati ma maison.
Ma maison est un bois, mais c'est presque un jardin Qui danse au crepuscule, autour d'un feu qui chante, Ou les fleurs se mirent dans un lac sans tain Et leurs images embaument aux brises frissonnantes. Aussi folle que l'aube, aussi belle que l'ombre, Dans cette maison-la, j'ai installe ma chambre.
Ma chambre est une eglise ou je suis, a la fois Si je hante un instant, ce monument etrange Et le pretre et le Dieu, et le doute, a la fois Et l'amour et la femme, et le demon et l'ange. Au ciel de mon eglise, brule un soleil de nuit. Dans cette chambre-la, j'y ai couche mon lit.
Mon lit est une arene ou se mene un combat Sans merci, sans repos, je repars, tu reviens, Une arene ou l'on meurt aussi souvent que ca Mais ou l'on vit, pourtant, sans penser a demain, Ou mes grandes fatigues chantent quand je m'endors. Je sais que, dans ce lit, j'ai ma vie, j'ai ma mort.
Je m'invente un pays ou vivent des soleils Qui incendient les mers et consument les nuits, Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil, Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis. Ce pays est un reve ou revent mes saisons Et dans ce pays-la, j'ai bati ta maison.
Allez savoir pourquoi, au piano, ce jour-la, Y avait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique. Allez savoir pourquoi, les pianos jouent parfois De droles de musiques sur le bout de nos doigts. Allez savoir, pourquoi.
Dans le salon vieil or ou j'aime travailler Tout en regardant vivre mes objets familiers, Je jouais, jouais Pendant que, sur mon mur, dansait la Loie Fuller, Sous l'?il enamoure et l'air patibulaire De Fragson, Fragson.
Allez savoir pourquoi, il existe des nuits Ou, sous un ciel de soie, des papillons de nuit Volent, multicolores. Allez savoir pourquoi, mais c'etait une nuit Ou, seule a mon piano, j'etais au paradis Quand tout a coup, venu de ta planete, Le telephone sonne sur mon ile deserte Et c'etait toi, o toi.
Allo, allo, mon c?ur, me murmurait ta voix. Je n'etais pas ton c?ur et c'etait une erreur Mais, je n'ai pas raccroche Et tu n'as pas raccroche Et si je n'ai jamais su qui tu cherchais, J'ai tout de meme compris que l'on s'etait trouves Et, depuis ce jour-la ou tu l'as decouverte, Tu es le Robinson de mon ile deserte, Tu es le Robinson de mon ile deserte Parce qu'un jour, un piano, allez savoir pourquoi, Jouait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique, Parce qu'un jour, un piano, Un piano, un piano...
Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Quand le dernier jour s'est leve Dans la lumiere blonde, Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Pour toujours et a tout jamais Sous la terre profonde, Quand la lumiere s'est voilee, Quand ceux que nous avons aimes Vont fermer leur paupieres, Si rien ne leur est epargne, Oh, que du moins soit exaucee Leur derniere priere : Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles.
Qu'ils ne meurent pas au fusil, En expirant deja la vie Qu'a peine, ils allaient vivre, Qu'ils ne gemissent pas leurs cris, Seuls, rejetes ou incompris, Eloignes de leurs freres, Qu'ils ne meurent pas en troupeau Ou bien poignardes dans le dos Ou qu'ils ne s'acheminent En un long troupeau de la mort, Sans ciel, sans arbre et sans decor, Le feu a la poitrine.
Eux qui n'avaient rien demande Mais qui savaient s'emerveiller D'etre venus sur terre, Qu'on leur laisse choisir, au moins, Le pays, fut-il lointain, De leur heure derniere. Qu'ils aillent donc coucher leurs corps Dessous les ciels pourpres et or Au-dela des frontieres Ou qu'ils s'endorment, enlaces, Comme d'eternels fiances Dans la blonde lumiere.
Quand ceux qui vont s'en vont aller Pour toujours et a tout jamais Au jardin du silence Sous leur froide maison de marbre Dans les grandes allees sans arbre, Je pense a vous, ma mere. Qu'ils aient, pour dernier souvenir, La chaleur de notre sourire Comme etreinte derniere. Peut-etre qu'ils dormiront mieux Si nous pouvons fermer leurs yeux. Je pense a vous, ma mere. Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles...
J'ai eu tort, je suis revenue dans cette ville loin perdue ou j'avais passe mon enfance. J'ai eu tort, j'ai voulu revoir le coteau ou glissaient le soir bleus et gris ombres de silence. Et je retrouvais comme avant, longtemps apres, le coteau, l'arbre se dressant, comme au passe. J'ai marche les tempes brulantes, croyant etouffer sous mes pas. Les voies du passe qui nous hantent et reviennent sonner le glas. Et je me suis couchee sous l'arbre et c'etaient les memes odeurs. Et j'ai laisse couler mes pleurs, mes pleurs. J'ai mis mon dos nu a l'ecorce, l'arbre m'a redonne des forces tout comme au temps de mon enfance. Et longtemps j'ai ferme les yeux, je crois que j'ai prie un peu, je retrouvais mon innocence. Avant que le soir ne se pose j'ai voulu voir les maisons fleuries sous les roses, j'ai voulu voir le jardin ou nos cris d'enfants jaillissaient comme source claire. Jean-Claude, Regine, et puis Jean - tout redevenait comme hier - le parfum lourd des sauges rouges, les dahlias fauves dans l'allee, le puits, tout, j'ai tout retrouve. Helas La guerre nous avait jete la, d'autres furent moins heureux, je crois, au temps joli de leur enfance. La guerre nous avait jetes la, nous vivions comme hors la loi. Et j'aimais cela. Quand j'y pense ou mes printemps, ou mes soleils, ou mes folles annees perdues, ou mes quinze ans, ou mes merveilles - que j'ai mal d'etre revenue - ou les noix fraiches de septembre et l'odeur des mures ecrasees, c'est fou, tout, j'ai tout retrouve. Helas Il ne faut jamais revenir aux temps caches des souvenirs du temps beni de son enfance. Car parmi tous les souvenirs ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous dechirent. Oh ma tres cherie, oh ma mere, ou etes-vous donc aujourd'hui? Vous dormez au chaud de la terre. Et moi je suis venue ici pour y retrouver votre rire, vos coleres et votre jeunesse. Et je suis seule avec ma detresse. Helas Pourquoi suis-je donc revenue et seule au detour de ces rues? J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche. Pourquoi suis-je venue ici, ou mon passe me crucifie? Elle dort a jamais mon enfance
Dans les paniers d'osier de la salle des ventes Une gloire dechue des folles annees trente Avait mis aux encheres, parmi quelques brocantes Un vieux bijou donne par quel amour d'antan
Elle etait la, figee, superbe et dechirante Ses mains qui se nouaient, se denouaient tremblantes Des mains belles encore, deformees, les doigts nus Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre
Comme tous les matins, dans la salle des ventes Bourdonnait une foule, fievreuse et impatiente Ceux qui, pour quelques sous, rachetent pour les vendre Les tresors fabuleux d'un passe qui n'est plus
Dans ce vieux lit casse, en bois de palissandre Que d'ombres enlacees, ont reve a s'attendre Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs legendes Mais les choses nous parlent si nous savons entendre
Le marteau se leva, dans la salle des ventes Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence Elle cria: "Je prends, je rachete tout ca Ce que vous vendez la, c'est mon passe a moi"
C'etait trop tard, deja, dans la salle des ventes Le marteau retomba sur sa voix suppliante Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes Le dernier souvenir de ses amours d'antan
Pres des paniers d'osier, dans la salle des ventes Une femme pleurait ses folles annees trente Et revoyait soudain defiler son passe Defiler son passe, defiler son passe
Car venait de surgir, du fond de sa memoire Du fond de sa memoire, un visage oublie Une image cherie, du fond de sa memoire Son seul amour de femme, son seul amour de femme
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus Quelques billets froisses, pour un passe perdu
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Je la vis s'eloigner, courbee et dechirante De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus Pas meme ce souvenir, aujourd'hui disparu...
Je l'ai trouvee devant ma porte, Un soir, que je rentrais chez moi. Partout, elle me fait escorte. Elle est revenue, elle est la, La renifleuse des amours mortes. Elle m'a suivie, pas a pas. La garce, que le Diable l'emporte ! Elle est revenue, elle est la
Avec sa gueule de careme Avec ses larges yeux cernes, Elle nous fait le c?ur a la traine, Elle nous fait le c?ur a pleurer, Elle nous fait des mains blemes Et de longues nuits desolees. La garce ! Elle nous ferait meme L'hiver au plein c?ur de l'ete.
Dans ta triste robe de moire Avec tes cheveux mal peignes, T'as la mine du desespoir, Tu n'es pas belle a regarder. Allez, va t-en porter ailleurs Ta triste gueule de l'ennui. Je n'ai pas le gout du malheur. Va t-en voir ailleurs si j'y suis !
Je veux encore rouler des hanches, Je veux me saouler de printemps, Je veux m'en payer, des nuits blanches, A c?ur qui bat, a c?ur battant. Avant que sonne l'heure bleme Et jusqu'a mon souffle dernier, Je veux encore dire "je t'aime" Et vouloir mourir d'aimer.
Elle a dit : "Ouvre-moi ta porte. Je t'avais suivie pas a pas. Je sais que tes amours sont mortes. Je suis revenue, me voila. Ils t'ont recite leurs poemes, Tes beaux messieurs, tes beaux enfants, Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine. Eh ! bien, c'est fini, maintenant."
Depuis, elle me fait des nuits blanches. Elle s'est pendue a mon cou, Elle s'est enroulee a mes genoux. Partout, elle me fait escorte Et elle me suit, pas a pas. Elle m'attend devant ma porte. Elle est revenue, elle est la, La solitude, la solitude...
Pour qui, comment quand et pourquoi ? Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences. D'ou venez-vous ? Ou allez-vous ? Qui etes-vous ? Qui priez-vous ? Je vous prie de faire silence. Pour qui, comment, quand et pourquoi ? S'il faut absolument qu'on soit Contre quelqu'un ou quelque chose, Je suis pour le soleil couchant En haut des collines desertes. Je suis pour les forets profondes, Car un enfant qui pleure, Qu'il soit de n'importe ou, Est un enfant qui pleure, Car un enfant qui meurt Au bout de vos fusils Est un enfant qui meurt. Que c'est abominable d'avoir a choisir Entre deux innocences ! Que c'est abominable d'avoir pour ennemis Les rires de l'enfance ! Pour qui, comment, quand et combien ? Contre qui ? Comment et combien ? A en perdre le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles ! Mais pour rien, mais pour presque rien, Pour etre avec vous et c'est bien ! Et pour une rose entr'ouverte, Et pour une respiration, Et pour un souffle d'abandon, Et pour ce jardin qui frissonne ! Rien avoir, mais passionnement, Ne rien se dire eperdument, Mais tout donner avec ivresse Et riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne pas parler de poesie, Ne pas parler de poesie En ecrasant les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour au murs gris Ou l'aube n'a jamais sa chance. Contre qui, comment, contre quoi ? Pour qui, comment, quand et pourquoi ? Pour retrouver le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles. Contre personne et contre rien, Contre personne et contre rien, Mais pour toutes les fleurs ouvertes, Mais pour une respiration, Mais pour un souffle d'abandon Et pour ce jardin qui frissonne ! Et vivre passionnement, Et ne se battre seulement Qu'avec les feux de la tendresse Et, riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne plus parler de poesie, Ne plus parler de poesie Mais laisser vivre les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour aux murs gris Ou l'aube aurait enfin sa chance, Vivre, Vivre Avec tendresse, Vivre Et donner Avec ivresse !
Vingt kilometres avant la frontiere, j'avais tant marche, Je n'en pouvais plus. Je ne ramenais que la poussiere, collant a mes bottes Aux semelles usees. Qu'est-ce que ca veut dire vingt ans si tu creves Devant un desert de portes fermees ? Qu'est-ce que ca veut dire si tu n'as pas pour reve Rien que ta folie, de vouloir chanter ? Victor, Monsieur Victor, vous aviez un drole d'air Quand vous avez stoppe, je n'avais pas confiance. Pourtant, je suis montee dans votre coupe Chrysler, Ce jour-la, Monsieur Victor, sur la route du nord. Vous n'etiez pas de ceux qui posent des questions, Avec vos tatouages, jusqu'aux oreilles. Vous aviez l'air d'un drole de cinema, En coco diamant, sous ce chapeau mou. Vous m'avez dit : "Je suis trafiquant de voitures. On contournera la frontiere." Peur de rien, j'avais la folie de chanter Et Paris etait loin, je n'en pouvais plus. Victor, oh Victor, je me souviens encore De cette auberge et du cafe chaud. Victor, Victor, vous aviez un c?ur d'or. Pour moi, ce jour-la, sur la route du nord, Il faisait presque nuit, j'avais beaucoup parle. Paris n'etait plus loin, j'avais le c?ur serre Quand vous avez stoppe votre coupe Chrysler. Porte de la Villette, vous aviez un drole d'air. Vous m'avez dit : "Chanter, c'est pas un metier. Pour faire artiste, il faut des connaissances. Victor connait la vie, tu peux lui faire confiance. Laisse-moi m'occuper de toi. T'auras plus jamais faim." Victor, oh Victor, vous aviez un c?ur d'or Mais j'avais en moi la folie de chanter. Victor, Victor, je n'ai pas oublie Ce cafe chaud, sur la route du nord. Victor, oh Victor, j'ai change de decor. Je chante, maintenant, sur les routes de partout. Pourtant, je n'ai pas oublie Ce cafe chaud, sur la route du nord. Monsieur Victor, vous aviez un c?ur d'or...
Comme jour, Comme nuit, Comme jour apres nuit, Comme pluie, Comme cendre, Comme froid, Comme rien, Comme un ciel deserte, Une terre sans soleil, Comme pays perdu Sans couleur, Sans clarte, Sans etoile, Egaree Comme epave perdue, Comme epave perdue,
Comme jour, Comme nuit, Comme jour apres nuit, Comme pluie, Comme cendre, Comme froid, Comme rien
Comme epave perdue, Je me cogne et me brise, Comme froide, Comme grise, Comme rien. Je suis seule, Comme froide, Comme grise, Comme rien. Je suis seule...
Aeroport Du bout du monde. Fin de tournee. Avion retard. Long, ce depart. J'suis excedee. Dans salle d'attente, Mal sur sa chaise, Drole de p'tite fille, Tres sautillante, tres enervee. Drole de pilote Et drole de tete. On va tomber. Drole d'ambiance, Drole de jeune homme, Drole de chapeau, Drole de lunettes, Drole d'humeur, Drole d'avion, Envol.
Vol de nuit via-Paris, Envol. Vol de nuit, sur ciel gris, Je vole. Vol de nuit Du bout du monde Au monde. Tu vois, je pense a toi. Drole de voix, Drole de presence A mes cotes, Drole de regard, Drole de charme, Drole de sourire A demi, Drole d'emoi, Drole de mouvance, Vertige.
Vol de nuit, vol d'Amour. En vol, Plaisir fou De passion. On vole, sur vol de nuit.
Voler la vie. Plonger. Avion geant Sur l'ocean. Beaute. Voleurs de vie, Voleurs de nous. Sur les nuages, Voleurs d'images Voleurs de tout. Voler le ciel Et d'etoiles, voler. Voler la nuit Et l'aube pale. On voulait tout. On a tout pris, Tout partage, Soleils de pluies Sur les montagnes Enneigees. On voulait tout. On a tout pris, Toute une vie En une nuit Sur vol de nuit.
Beau, beau, Tout cet Amour, tout cet Amour, Tout cet Amour la. Beau A vivre, Vivre. Tout, tout, On s'est tout donne, Donne tout. On a vecu Toute une vie, toute une vie En une nuit, Sur vol de nuit, Vol de nuit, vol de nuit, Vol de nuit...
J'suis plus d'ton age, Mais t'as le gout, a m'regarder, Premier voyage. Je plie le cou, sous tes baisers. T'as pousse doucement ma porte Refermee Et tu m'as dit, en quelque sorte : "Je voudrais t'aimer." Et, dans le vide ou je m'avance, Un peu cassee, Sans plus rien voir, Plus rien savoir, rien ecouter, T'as dit "je veux" Avec ferveur. Tu t'es couche Aux sables mouvants Des amours condamnees.
Nos saisons ne sont plus les memes. Tu es printemps Je suis hiver Et la saison de nos je t'aime Pourrait nous mener en Enfer.
J'suis plus d'ton age Mais j'ai bonheur a t'regarder. On fait voyage Dans une vie Recommencee. Tu pousses doucement ma porte Entrebaillee Et j'ai tout le ciel en escorte Pour voyager Et c'est cadeau De t'attendre, de te rever, Et c'est cadeau Pour offrande, Tous tes etes, Et c'est cadeau. Le jour se leve Pour se poser Sur les matins D'un nouveau monde Reinvente.
Notre saison est la meme, Toi le printemps De mes hivers Et la saison de nos je t'aime, C'est la saison des Enfers.
Un jour, demain, je partirai Sans rien te dire, sans m'expliquer, Demain, demain, Mais avant, que plus loin Notre vie, a la derive Soit emportee, Avant, oublions, tout Et partageons l'instant De cet instant, Ta vie, ma vie Avant l'orage Ou tout s'eclate Foudroye. Que l'on se fonde, se confonde A nous aimer, Fermons doucement notre porte Et, caches, On aura le ciel, en escorte Pour rever Et sans memoire, plus rien savoir Mais vivre Juste l'instant, de ce present, Le vivre, Aux sables mouvants De nos amours condamnees Les saisons, Qu'est-ce que ca peut faire ? On va s'aimer.
J'suis plus d'ton age Mais c'est bonheur de t'regarder. On fait voyage Dans une vie Recommencee...
Sur le grand bassin du chateau de l'idole, Un grand cygne noir portant rubis au col, Dessinait sur l'eau de folles arabesques, Les gargouilles pleuraient de leurs rires grotesques, Un Apollon solaire de porphyre et d'ebene, Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chene,
Je me souviens de vous, Et de vos yeux de jade, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Si loin de Marienbad,
Je portais, en ces temps, l'etole d'engoulevent, Qui chantait au soleil et dansaient dans les temps, Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca, En ces fievres, en ces lieux, en ces epoques-la, Et moi, pauvre vestale, au vent de vos envies, Au c?ur de vos dedales, je n'etais qu'Ophelie,
Je me souviens de vous, Du temps de ces aubades, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Vous chantez vos aubades, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad,
C'etait un grand chateau, au parc lourd et sombre, Tout propice aux esprits qui habitent les ombres, Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat, Quels curieux sacrifices, en ces temps-la, J'etais un peu sauvage, tu me voulais caline, J'etais un peu sorciere, tu voulais Melusine,
Je me souviens de toi De tes soupirs malades, La-bas, a Marienbad, A Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad,
Mais si vous m'appeliez, un de ces temps prochains, Pour parler un instant aux croix de nos chemins, J'ai change, sachez-le, mais je suis comme avant, Comme me font, me laissent, et me defont les temps, J'ai garde pres de moi l'etole d'engoulevent, Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant,
Je serai a votre heure, Au grand chateau de jade, Au c?ur de vos dedales, La-bas a Marienbad, Nous danserons encore Dans ces folles parades, L'?il dans tes yeux de jade, La-bas, a Marienbad,
Avec tes yeux de jade, Nous danserons encore, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais me reviendras-tu ? Au grand chateau de jade, A Marienbad...
Il s'appelait John Parker Lee, John Parker Lee, John Parker Lee. Son paradis, C'etait de voyager sa vie. Il etait toujours en partance. Il sautait Dans ses trains de nuit, De galaxies en galaxies, Puis revenait en fulgurance Nous donner a voir, Nous donner a prendre. Je ne peux rien Dire de plus De cet homme-la. Il n'etait ni mieux Ni plus mal. Il etait different, C'est tout. John Parker Lee, Le magnifique, Venait des plaines de l'Iguana. Brouillard ses yeux, Brouillard sa voix, De la brume Aux bouts de ses doigts. Il y a comme ca Dans la vie De merveilleux passagers Qui croisent nos existences Et nous font L'instant de beaute Ou il nous semble Que l'on dialogue Avec les anges. Il y a comme ca, Dans la vie, Poussiere de soie, Brillant d'etoiles, Papillon de nuit, De merveilleux passagers Qui jouent D'etranges musiques Qui nous tanguent Le c?ur et l'ame. John, John, John Parker Lee, L'homme qui dansait sa vie De trains de nuit, De galaxies en galaxies. Un jour, Il n'est pas revenu Mais il a laisse dans nos vies Ses recits aux couleurs d'ambre Et l'on chevauche nos reves Pour le rejoindre Dans son univers, Et l'on saute dans ses trains de nuit, Et l'on roule en Super-Express, De galaxies en galaxies, Et l'on dialogue Avec les anges. Tu as bouscule nos vies, John. Qu'elle etait belle, ta difference ! Papillon de soie, Papillon de nuit, John. Vivre sa vie, Comme on la danse. Il s'appelait John Parker Lee, John Parker Lee. Il voyage Dans ses trains de nuit, Ailleurs Sur d'autres galaxies. John, John, John Parker Lee, L'homme qui dansait sa vie, De galaxies en galaxies, Le magnifique, John. Il s'appelait John Parker Lee, Venait des plaines d'Iguana, Brouillard des yeux, Brouillard sa voix, John, John, John Parker Lee
J'ai pas de chance Avec les hommes : Quand ils arrivent dans ma vie, Ils sont toujours sains d'esprit Mais, au bout d'un petit moment Ils sont feles completement. J'ai pas de chance Avec les hommes. Mais qu'est-ce que j'ai ? J'comprends pas Pourquoi On en arrive toujours la. Mais qu'est-ce que j'ai, Qu'est-ce que j'ai ? Dites-moi Si ca vient d'eux Ou bien de moi. Qu'est-ce que j'ai ? T'en fais pas, Lucy. Pour te mettre en menage, Ailleurs y en a vraiment De tres gentils. J'ai pas de chance Avec les hommes. J'ai tout essaye, vraiment, Du plus pale au plus brillant. J'ai vu les plus resistants, Au bout d'un petit moment, Partir, le regard absent. Qu'est-ce que je leur fait ? J'comprends pas Pourquoi On en arrive Toujours la. Mais qu'est-ce que j'ai ? Qu'est-ce que j'ai ? Faut-il changer ? Changer quoi ? Changer mon look ? Changer tout, Changer tout, Tout, tout ? T'en fais pas, Lucy. Change pas de look. Demenage. C'est p't-etre ta region Qui veut ca. Viens de par chez-nous Pour te mettre en menage. Tu verras : y en a vraiment De tres gentils. J'ai pas de chance Avec les hommes. Quand ils se mettent dans mon lit, Ils sont toujours fins d'esprit Mais a l'aube, Quand le coq chante, C'est chagrin. Tout est fini. C'est chagrin, Petit matin. Qu'est-ce que je leur fait ? J'comprends pas Pourquoi On en arrive Toujours la. J'suis triste J'veux bien changer. Changer quoi ? Pour les seduire, Faut faire quoi ? Changer tout ? Tout tout tout ? T'en fais pas, Lucy. Change rien. Demenage, Lucy. C'est p't-etre ta region Qui veut ca. T'en fais pas, Lucy. Des hommes, Y en a vraiment De tres gentils, Ma petite Lucy, Ma petite Lucy, Ma petite Lucy. Demenage. Bon courage Lucy...
Il me revient en memoire, Il me revient en memoire, Il me revient des images, Un village, Mon village. Il me revient en memoire, Je ne sais pas, Comme un songe, Cette histoire Et voila qu'au loin, S'avance Mon enfance, Mon enfance. C'etait, je crois, un dimanche. C'etait, je crois, en novembre. Qu'importe, Mais je revois l'usine. Oui, l'usine Se dessine. Surgit Du livre d'images Un ciel gris d'acier, Une angoisse Et des pas lourds Qui se trainent Et les ombres Qui s'avancent. C'etait, j'en suis sure, Un dimanche. C'etait, j'en suis sure, En novembre Et se detache une image, Un visage, Ton visage. Ou allais-tu Sur cette route, Comme Une armee en deroute ? Et tout devient tranparence Et tu deviens une absence. Tout me revient En memoire : Le ciel Et Novembre Et l'histoire Et les pas Qui se rapprochent Et s'avancent En cadence. Toi, ou es-tu ? Je te cherche. Ou es-tu ? Je te cherche, Toi, mon passe, Ma memoire, Toi, Ressorti de l'histoire Qui etait, j'en suis sure, Un dimanche, En novembre. Ton visage, Toi, Sur cette route, Fige Et les ombres Qui te frappent Et t'emportent. Il me revient des images, Ce village, Ton visage, Toi, Seul sur cette route, Comme une armee en deroute Et les pas Qui s'approchent En cadence, En cadence
Touche pas mon piano, Touche pas mes remparts, Touche pas mes lunettes, Touche pas mon regard, Touche pas ma roulotte, Touche pas mes departs, Ni mes chemins de hasard. J'vis ma vie En piano noir, Toute en stras Dans mon miroir. Je suis une chanteuse De boulevard. Touche pas mes silences, Touche pas mes errances. Je navigue en solitaire. Je vis mes delires Interplanetaires, Tout la-haut Dans la lumiere. J'suis d'accord Pour que tout change, Mais j'aime pas trop Qu'on me derange. J'manque de rien. J'ai tout. J'veux rien. Ils ont dit Peccable. Ont touche a rien De mon univers. Ils ont dit Peccable, Sont partis plus loin. Rien a dire. Faut savoir C'que vouloir. Faut ecouter Ses battements de c?ur. Du temps, Qu'il est encore temps, Faut pas venir pleurer apres Sur le bord d'un canape. Il a touche mon piano, Il a change mon regard, Il a diamante ma vie. Je parlais avec les anges. J'aurais voulu Que tout change. C'est beau, L'amour qui derange Mais, au ciel de ma memoire, Me revenait tous les soirs L'ombre de mon piano noir. Il a dit Peccable, Je vais toucher a rien De ton univers. Vis ta vie En piano noir, Mon c?ur de lumiere, Le grand amour. Si tu veux que tout change, C'est sur, ca derange. Faut pas venir pleurer apres, Ton mouchoir au bout du quai. Depuis j'continue. C'est tant pis. Tant mieux. J'ai pas vu passer ma vie. L'usure, La morsure du temps Et c'est la fin de mes printemps Mais j'aime la vie De theatres en theatres. J'allume mes nuits, Belles mes nuits Quand j'avance Dans la lumiere, Derriere mon piano, Derriere mes remparts, Derriere mes lunettes, Derriere mon regard, Seule dans ma roulotte. Faut savoir C'que vouloir. Sur mes chemins De hasard, Je chante ma vie En piano noir, Toute en strass Dans mon miroir Je suis une chanteuse De boulevard
Une petite cantate Du bout des doigts Obsedante et maladroite Monte vers toi Une petite cantate Que nous jouions autrefois Seule, je la joue, maladroite Si, mi, la, re, sol, do, fa
Cette petite cantate Fa, sol, do, fa N'etait pas si maladroite Quand c'etait toi Les notes couraient faciles Heureuses au bout de tes doigts Moi, j'etais la, malhabile Si, mi, la, re, sol, do, fa
Mais tu est partie, fragile Vers l'au-dela Et je reste, malhabile Fa, sol, do, fa Je te revois souriante Assise a ce piano-la Disant "bon, je joue, toi chante Chante, chante-la pour moi"
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Oh mon amie, oh ma douce Oh ma si petite a moi Mon Dieu qu'elle est difficile Cette cantate sans toi
Une petite priere La, la, la, la Avec mon c?ur pour la faire Et mes dix doigts Une petite cantate Mais sans un signe de croix Quelle offense, Dieu le pere Il me le pardonnera
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Les anges, avec leur trompette La jouerons, jouerons pour toi Cette petite cantate Qui monte vers toi Cette petite cantate Qui monte vers toi
Pantin la bleue, Pantin la belle, Aux grisailles de White-Chapell. Pantin Novembre, presque l'hiver. Les arbres se deshabillent Et, de prairie en champ de ble, Vous avez bouscule le ciel, Vous avez repousse l'hiver Et reinvente les etes Et, de rivieres en coteaux, De marguerites en champs de ble, De mimosa en coquelicots, Pantin miracle s'est leve, Pantin folie, Pantin vaisseau. Au bout de vos c?urs etoiles, Vous avez plante des soleils Plus flamboyants que le soleil.
Pantin espoir, Pantin bonheur, Oh, qu'est-ce que vous m'avez fait la ? Pantin qui rit, Pantin j'en pleure, Pantin, on recommencera.
Pantin merveille, Pantin miracle, Oh, mille Pantin etoiles, C'est l'amour dans la lumiere Et pleurs dans leurs doigts, caches. Pantin folie, Pantin vaisseau Au bout de nos c?urs etoiles, Nous avons plante des soleils Plus flamboyants que des etes.
Pantin c'est l'heure. Pantin, bonsoir. On recommencera demain, Pantin soleil, Pantin merveille, Pantin, Pantin, Pantin...