Disc 1 | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
1. |
| - | ||||
2. |
| - | ||||
3. |
| - | ||||
4. |
| - | ||||
La belle qui couchait avec le roi de Prusse
Avec le roi de Prusse A qui l'on a tondu le crane rasibus Le crane rasibus Son penchant prononce pour les " ich liebe dich ", Pour les " ich liebe dich " Lui valut de porter quelques cheveux postich's Quelques cheveux postich's Les braves sans-culott's et les bonnets phrygiens Et les bonnets phrygiens Ont livre sa criniere a un tondeur de chiens A un tondeur de chiens J'aurais du prendre un peu parti pour sa toison Parti pour sa toison J'aurais du dire un mot pour sauver son chignon Pour sauver son chignon Mais je n'ai pas bouge du fond de ma torpeur Du fond de ma torpeur Les coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peur En quatre m'ont fait peur Quand, pire qu'une brosse, elle eut ete tondue Elle eut ete tondue J'ai dit : " C'est malheureux, ces accroch'-cœur perdus Ces accroch'-cœur perdus " Et, ramassant l'un d'eux qui trainait dans l'orniere Qui trainait dans l'orniere Je l'ai, comme une fleur, mis a ma boutonniere Mis a ma boutonniere En me voyant partir arborant mon toupet Arborant mon toupet Tous ces coupeurs de natt's m'ont pris pour un suspect M'ont pris pour un suspect Comme de la patrie je ne merite guere Je ne merite guere J'ai pas la Croix d'honneur, j'ai pas la croix de guerre J'ai pas la croix de guerre Et je n'en souffre pas avec trop de rigueur Avec trop de rigueur J'ai ma rosette a moi: c'est un accroche-cœur C'est un accroche-cœur |
||||||
5. |
| - | ||||
Un vingt-deux de septembre au diable vous partites,
Et, depuis, chaque annee, a la date susdite, Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous... Or, nous y revoila, mais je reste de pierre, Plus une seule larme a me mettre aux paupieres: Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous. On ne reverra plus au temps des feuilles mortes, Cette ame en peine qui me ressemble et qui porte Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous... Que le brave Prevert et ses escargots veuillent Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles: Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous. Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes, Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle Et me rompais les os en souvenir de vous... Le complexe d'Icare a present m'abandonne, L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne: Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous. Pieusement noue d'un bout de vos dentelles, J'avais, sur ma fenetre, un bouquet d'immortelles Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous... Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe, Les regrets eternels a present me depassent: Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous. Desormais, le petit bout de coeur qui me reste Ne traversera plus l'equinoxe funeste En battant la breloque en souvenir de vous... Il a crache sa flamme et ses cendres s'eteignent, A peine y pourrait-on rotir quatre chataignes: Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous. Et c'est triste de n'etre plus triste sans vous |
||||||
6. |
| - | ||||
C'etait l'oncle Martin, c'etait l'oncle Gaston
L'un aimait les Tommies, l'autre aimait les Teutons Chacun, pour ses amis, tous les deux ils sont morts Moi, qui n'aimais personne, eh bien ! je vis encor Maintenant, chers tontons, que les temps ont coule Que vos veuves de guerre ont enfin convole Que l'on a requinque, dans le ciel de Verdun Les etoiles ternies du marechal Petain Maintenant que vos controverses se sont tues Qu'on s'est bien partage les cordes des pendus Maintenant que John Bull nous boude, maintenant Que c'en est fini des querelles d'Allemand Que vos fill's et vos fils vont, la main dans la main Faire l'amour ensemble et l'Europ' de demain Qu'ils se soucient de vos batailles presque autant Que l'on se souciait des guerres de Cent Ans On peut vous l'avouer, maintenant, chers tontons Vous l'ami les Tommies, vous l'ami des Teutons Que, de vos verites, vos contreverites Tout le monde s'en fiche a l'unanimite De vos epurations, vos collaborations Vos abominations et vos desolations De vos plats de choucroute et vos tasses de the Tout le monde s'en fiche a l'unanimite En depit de ces souvenirs qu'on commemor' Des flammes qu'on ranime aux monuments aux Morts Des vainqueurs, des vaincus, des autres et de vous Reverence parler, tout le monde s'en fout La vie, comme dit l'autre, a repris tous ses droits Elles ne font plus beaucoup d'ombre, vos deux croix Et, petit a petit, vous voila devenus L'Arc de Triomphe en moins, des soldats inconnus Maintenant, j'en suis sur, chers malheureux tontons Vous, l'ami des Tommies, vous, l'ami des Teutons Si vous aviez vecu, si vous etiez ici C'est vous qui chanteriez la chanson que voici Chanteriez, en trinquant ensemble a vos santes Qu'il est fou de perdre la vie pour des idees Des idees comme ca, qui viennent et qui font Trois petits tours, trois petits morts, et puis s'en vont Qu'aucune idee sur terre est digne d'un trepas Qu'il faut laisser ce role a ceux qui n'en ont pas Que prendre, sur-le-champ, l'ennemi comme il vient C'est de la bouillie pour les chats et pour les chiens Qu'au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi Mieux vaut attendre un peu qu'on le change en ami Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main Mieux vaut toujours remettre une salve a demain Que les seuls generaux qu'on doit suivre aux talons Ce sont les generaux des p'tits soldats de plomb Ainsi, chanteriez-vous tous les deux en suivant Malbrough qui va-t-en guerre au pays des enfants O vous, qui prenez aujourd'hui la cle des cieux Vous, les heureux coquins qui, ce soir, verrez Dieu Quand vous rencontrerez mes deux oncles, la-bas Offrez-leur de ma part ces "Ne m'oubliez pas" Ces deux myosotis fleuris dans mon jardin Un p'tit forget me not pour mon oncle Martin Un p'tit vergiss mein nicht pour mon oncle Gaston Pauvre ami des Tommies, pauvre ami des Teutons... |
||||||
7. |
| - | ||||
Que jamais l'art abstrait, qui sevit maintenant
N'enleve a vos attraits ce volume etonnant Au temps ou les faux culs sont la majorite Gloire a celui qui dit toute la verite Votre dos perd son nom avec si bonne grace Qu'on ne peut s'empecher de lui donner raison Que ne suis-je, madame, un poete de race Pour dire a sa louange un immortel blason En le voyant passer, j'en eus la chair de poule Enfin, je vins au monde et, depuis, je lui voue Un culte veritable et, quand je perds aux boules En embrassant Fanny, je ne pense qu'a vous Pour obtenir, madame, un galbe de cet ordre Vous devez torturer les gens de votre entour Donner aux couturiers bien du fil a retordre Et vous devez crever votre dame d'atour C'est le duc de Bordeaux qui s'en va, tete basse Car il ressemble au mien comme deux gouttes d'eau S'il ressemblait au votre, on dirait, quand il passe " C'est un joli garcon que le duc de Bordeaux ! " Ne faites aucun cas des jaloux qui professent Que vous avez place votre orgueil un peu bas Que vous presumez trop, en somme de vos fesses Et surtout, par faveur, ne vous asseyez pas Laissez-les raconter qu'en sortant de caleche La brise a fait voler votre robe et qu'on vit Ecrite dans un c?ur transperce d'une fleche Cette expression triviale : " A Julot pour la vie " Laissez-les dire encor qu'a la cour d'Angleterre Faisant la reverence aux souverains anglois Vous etes, patatras ! tombee assise a terre La loi d'la pesanteur est dur', mais c'est la loi Nul ne peut aujourd'hui trepasser sans voir Naples A l'assaut des chefs-d'?uvre ils veulent tous courir Mes ambitions a moi sont bien plus raisonnables: Voir votre academie, madame, et puis mourir Que jamais l'art abstrait, qui sevit maintenant N'enleve a vos attraits ce volume etonnant Au temps ou les faux culs sont la majorite Gloire a celui qui dit toute la verite |
||||||
8. |
| - | ||||
Elle n'a pas encor de plumes
La flech' qui doit percer son flanc Et dans son cœur rien ne s'allume Quand elle cede a ses galants Elle se rit bien des gondoles Des fleurs bleues, des galants discours Des Venus de la vieille ecole Cell's qui font l'amour par amour N'allez pas croire davantage Que le demon brule son corps Il s'arrete au premier etage Son septieme ciel, et encor Elle n'est jamais langoureuse Passee par le pont des soupirs Et voit comm' des betes curieuses Cell's qui font l'amour par plaisir Croyez pas qu'elle soit a vendre Quand on l'a mise sur le dos On n'est pas tenu de se fendre D'un somptueux petit cadeau Avant d'aller en bacchanale Ell' presente pas un devis Ell' n'a rien de ces bell's venales Cell's qui font l'amour par profit Mais alors, pourquoi cede-t-elle Sans cœur, sans lucre, sans plaisir Si l'amour vaut pas la chandelle Pourquoi le joue-t-elle a loisir Si quiconque peut, sans ambages L'aider a degrafer sa rob' C'est parc' qu'ell' veut etre a la page Que c'est la mode et qu'elle est snob Mais changent coutumes et filles Un jour, peut-etre, en son sein nu Va se planter pour tout' la vie Une petite flech' perdue On n'verra plus qu'elle en gondole Elle ira jouer, a son tour Les Venus de la vieille ecole Cell's qui font l'amour par amour |
||||||
9. |
| - | ||||
10. |
| - | ||||
Il est morne, il est taciturne
Il preside aux choses du temps Il porte un joli nom, Saturne Mais c'est Dieu fort inquietant Il porte un joli nom, Saturne Mais c'est Dieu fort inquietant En allant son chemin, morose Pour se desennuyer un peu Il joue a bousculer les roses Le temps tue le temps comme il peut Il joue a bousculer les roses Le temps tue le temps comme il peut Cette saison, c'est toi, ma belle Qui a fait les frais de son jeu Toi qui a du payer la gabelle Un grain de sel dans tes cheveux Toi qui a du payer la gabelle Un grain de sel dans tes cheveux C'est pas vilain, les fleurs d'automne Et tous les poetes l'ont dit Je regarde et je donne Mon billet qu'ils n'ont pas menti Je regarde et je donne Mon billet qu'ils n'ont pas menti Viens encore, viens ma favorite Descendons ensemble au jardin Viens effeuiller la marguerite De l'ete de la Saint-Martin Viens effeuiller la marguerite De l'ete de la Saint-Martin Je sais par cœur toutes tes graces Et pour me les faire oublier Il faudra que Saturne en fasse Des tours d'horloge, de sablier Et la petite pisseuse d'en face Peut bien aller se rhabiller... |
||||||
11. |
| - | ||||
Du temps que regnait le Grand Pan,
Les dieux protegaient les ivrognes Des tas de genies titubants Au nez rouge, a la rouge trogne. Des qu'un homme vidait les cruchons, Qu'un sac a vin faisait carousse Ils venaient en bande a ses trousses Compter les bouchons. La plus humble piquette etait alors benie, Distillee par Noe, Silene, et compagnie. Le vin donnait un lustre au pire des minus, Et le moindre pochard avait tout de Bacchus. {Refrain:} Mais en se touchant le crane, en criant " J'ai trouve " La bande au professeur Nimbus est arrivee Qui s'est mise a frapper les cieux d'alignement, Chasser les Dieux du Firmament. Aujourd'hui ca et la, les gens boivent encore, Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes. Mais les dieux ne repondent plus pour les ivrognes. Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort. Quand deux imbeciles heureux S'amusaient a des bagatelles, Un tas de genies amoureux Venaient leur tenir la chandelle. Du fin fond du champs elysees Des qu'ils entendaient un " Je t'aime ", Ils accouraient a l'instant meme Compter les baisers. La plus humble amourette Etait alors benie Sacree par Aphrodite, Eros, et compagnie. L'amour donnait un lustre au pire des minus, Et la moindre amoureuse avait tout de Venus. {Refrain} Aujourd'hui ca et la, les cœurs battent encore, Et la regle du jeu de l'amour est la meme. Mais les dieux ne repondent plus de ceux qui s'aiment. Venus s'est faite femme, et le grand Pan est mort. Et quand fatale sonnait l'heure De prendre un linceul pour costume Un tas de genies l'œil en pleurs Vous offraient des honneurs posthumes. Et pour aller au celeste empire, Dans leur barque ils venaient vous prendre. C'etait presque un plaisir de rendre Le dernier soupir. La plus humble depouille etait alors benie, Embarquee par Caron, Pluton et compagnie. Au pire des minus, l'ame etait accordee, Et le moindre mortel avait l'eternite. {Refrain} Aujourd'hui ca et la, les gens passent encore, Mais la tombe est helas la derniere demeure Les dieux ne repondent plus de ceux qui meurent. La mort est naturelle, et le grand Pan est mort. Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers supremes, Ne doit plus se sentir tellement bien lui-meme Un beau jour on va voir le Christ Descendre du calvaire en disant dans sa lippe " Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types. J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. " |