1960년대 이후 프랑스 샹송의 전통을 계승하고 있는 바르바라의 1963부터 1996년 까지의 힛트곡을 망라한 1997년 베스트음반 [FEMME PIANO]의 확장판. 최고 히트곡 `L`aigle Noir`와 `Femme Piano`, `Marienbad`, `Nantes` 그리고 `Gottingen`등 세대를 뛰어넘는 바르바라의 대표곡의 40곡과 16페이지 분량의 사진집이 담겨있는 진정한 베스트음반. .... ....
Touche pas mon piano, Touche pas mes remparts, Touche pas mes lunettes, Touche pas mon regard, Touche pas ma roulotte, Touche pas mes departs, Ni mes chemins de hasard. J'vis ma vie En piano noir, Toute en stras Dans mon miroir. Je suis une chanteuse De boulevard. Touche pas mes silences, Touche pas mes errances. Je navigue en solitaire. Je vis mes delires Interplanetaires, Tout la-haut Dans la lumiere. J'suis d'accord Pour que tout change, Mais j'aime pas trop Qu'on me derange. J'manque de rien. J'ai tout. J'veux rien. Ils ont dit Peccable. Ont touche a rien De mon univers. Ils ont dit Peccable, Sont partis plus loin. Rien a dire. Faut savoir C'que vouloir. Faut ecouter Ses battements de c?ur. Du temps, Qu'il est encore temps, Faut pas venir pleurer apres Sur le bord d'un canape. Il a touche mon piano, Il a change mon regard, Il a diamante ma vie. Je parlais avec les anges. J'aurais voulu Que tout change. C'est beau, L'amour qui derange Mais, au ciel de ma memoire, Me revenait tous les soirs L'ombre de mon piano noir. Il a dit Peccable, Je vais toucher a rien De ton univers. Vis ta vie En piano noir, Mon c?ur de lumiere, Le grand amour. Si tu veux que tout change, C'est sur, ca derange. Faut pas venir pleurer apres, Ton mouchoir au bout du quai. Depuis j'continue. C'est tant pis. Tant mieux. J'ai pas vu passer ma vie. L'usure, La morsure du temps Et c'est la fin de mes printemps Mais j'aime la vie De theatres en theatres. J'allume mes nuits, Belles mes nuits Quand j'avance Dans la lumiere, Derriere mon piano, Derriere mes remparts, Derriere mes lunettes, Derriere mon regard, Seule dans ma roulotte. Faut savoir C'que vouloir. Sur mes chemins De hasard, Je chante ma vie En piano noir, Toute en strass Dans mon miroir Je suis une chanteuse De boulevard
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour. Toi, je le sais, tu pourrais meme M'ensoleiller sous la pluie meme. Avant toi, d'autres sont venus Que je n'ai jamais reconnus. Pour toi, je ne suis pas la meme. Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime, Je t'aime.
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour. Tu me fais la mer et les dunes Et des plages au clair de la lune. Avec ta gueule de Jesus, Tu es venu, oh bien venu Et tu m'as griffee, en douceur, La, juste a la pointe du c?ur, A la pointe du c?ur.
Tu me fais des nuits et des jours Et des jours et des nuits d'amour Et dans tes bras, je fais naufrage Sans meme quitter le rivage. J'ai beau connaitre mon affaire Du boy scout jusqu'au legionnaire, Devant toi, j'etais vraiment nue, Le jour ou tu m'as devetue.
Tu m'as faite, au premier matin, Timide et vierge, vierge et catin. Pour toi, je ne suis plus la meme. Toi, ce n'est pas pareil, je t'aime...
J'ai eu tort, je suis revenue dans cette ville loin perdue ou j'avais passe mon enfance. J'ai eu tort, j'ai voulu revoir le coteau ou glissaient le soir bleus et gris ombres de silence. Et je retrouvais comme avant, longtemps apres, le coteau, l'arbre se dressant, comme au passe. J'ai marche les tempes brulantes, croyant etouffer sous mes pas. Les voies du passe qui nous hantent et reviennent sonner le glas. Et je me suis couchee sous l'arbre et c'etaient les memes odeurs. Et j'ai laisse couler mes pleurs, mes pleurs. J'ai mis mon dos nu a l'ecorce, l'arbre m'a redonne des forces tout comme au temps de mon enfance. Et longtemps j'ai ferme les yeux, je crois que j'ai prie un peu, je retrouvais mon innocence. Avant que le soir ne se pose j'ai voulu voir les maisons fleuries sous les roses, j'ai voulu voir le jardin ou nos cris d'enfants jaillissaient comme source claire. Jean-Claude, Regine, et puis Jean - tout redevenait comme hier - le parfum lourd des sauges rouges, les dahlias fauves dans l'allee, le puits, tout, j'ai tout retrouve. Helas La guerre nous avait jete la, d'autres furent moins heureux, je crois, au temps joli de leur enfance. La guerre nous avait jetes la, nous vivions comme hors la loi. Et j'aimais cela. Quand j'y pense ou mes printemps, ou mes soleils, ou mes folles annees perdues, ou mes quinze ans, ou mes merveilles - que j'ai mal d'etre revenue - ou les noix fraiches de septembre et l'odeur des mures ecrasees, c'est fou, tout, j'ai tout retrouve. Helas Il ne faut jamais revenir aux temps caches des souvenirs du temps beni de son enfance. Car parmi tous les souvenirs ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous dechirent. Oh ma tres cherie, oh ma mere, ou etes-vous donc aujourd'hui? Vous dormez au chaud de la terre. Et moi je suis venue ici pour y retrouver votre rire, vos coleres et votre jeunesse. Et je suis seule avec ma detresse. Helas Pourquoi suis-je donc revenue et seule au detour de ces rues? J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche. Pourquoi suis-je venue ici, ou mon passe me crucifie? Elle dort a jamais mon enfance
C'est parce que ton epaule a mon epaule, Ta bouche a mes cheveux, Et ta main sur mon cou, C'est parce que dans mes reins, Quand ton souffle me frole, C'est parce que tes mains, C'est parce que joue a joue, C'est parce qu'au matin, C'est parce qu'a la nuit, Quand tu dis "viens", je viens, Tu souris, je souris, C'est parce qu'ici ou la, Dans un autre pays, Pourvu que tu y sois, C'est aussi mon pays,
C'est parce que je t'aime, Que je prefere m'en aller, Car il faut savoir se quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer,
C'est parce que j'ai peur de voir s'endeuiller, Les minutes, les heures, les secondes passees, C'est parce que je sais qu'il faut un presque rien, Pour defaire une nuit et se perdre au matin, Je ne laisserai pas pencher sur notre lit, Ni l'ombre d'un regret, ni l'ombre d'un ennui, Je ne laisserai pas mourir au fils de jours, Ce qui fut toi et moi, ce qui fut notre amour, Il ne sera jamais emporte par le temps, Je l'emporte moi-meme, il restera vivant,
Oh laisse-moi, oui je t'aime, Mais je prefere m'en aller, Car il faut savoir se quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer,
J'en ai vu, comme nous, qui allaient a pas lents, Et portaient leur amour comme on porte un enfant, J'en ai vu, comme nous, qui allaient a pas lents, Et tombaient a genoux, dans le soir finissant, Je les ai retrouves, furieux et combattants, Comme deux loups blesses, que sont-ils maintenant,
Ca je ne veux pas, je t'aime, Je ne veux pas nous dechirer, C'est mieux, crois-moi, de nous quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer, C'est mieux, bien mieux, de nous quitter, Avant que ne meure le temps d'aimer...
Allez savoir pourquoi, au piano, ce jour-la, Y avait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique. Allez savoir pourquoi, les pianos jouent parfois De droles de musiques sur le bout de nos doigts. Allez savoir, pourquoi.
Dans le salon vieil or ou j'aime travailler Tout en regardant vivre mes objets familiers, Je jouais, jouais Pendant que, sur mon mur, dansait la Loie Fuller, Sous l'?il enamoure et l'air patibulaire De Fragson, Fragson.
Allez savoir pourquoi, il existe des nuits Ou, sous un ciel de soie, des papillons de nuit Volent, multicolores. Allez savoir pourquoi, mais c'etait une nuit Ou, seule a mon piano, j'etais au paradis Quand tout a coup, venu de ta planete, Le telephone sonne sur mon ile deserte Et c'etait toi, o toi.
Allo, allo, mon c?ur, me murmurait ta voix. Je n'etais pas ton c?ur et c'etait une erreur Mais, je n'ai pas raccroche Et tu n'as pas raccroche Et si je n'ai jamais su qui tu cherchais, J'ai tout de meme compris que l'on s'etait trouves Et, depuis ce jour-la ou tu l'as decouverte, Tu es le Robinson de mon ile deserte, Tu es le Robinson de mon ile deserte Parce qu'un jour, un piano, allez savoir pourquoi, Jouait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique, Parce qu'un jour, un piano, Un piano, un piano...
Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Quand le dernier jour s'est leve Dans la lumiere blonde, Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Pour toujours et a tout jamais Sous la terre profonde, Quand la lumiere s'est voilee, Quand ceux que nous avons aimes Vont fermer leur paupieres, Si rien ne leur est epargne, Oh, que du moins soit exaucee Leur derniere priere : Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles.
Qu'ils ne meurent pas au fusil, En expirant deja la vie Qu'a peine, ils allaient vivre, Qu'ils ne gemissent pas leurs cris, Seuls, rejetes ou incompris, Eloignes de leurs freres, Qu'ils ne meurent pas en troupeau Ou bien poignardes dans le dos Ou qu'ils ne s'acheminent En un long troupeau de la mort, Sans ciel, sans arbre et sans decor, Le feu a la poitrine.
Eux qui n'avaient rien demande Mais qui savaient s'emerveiller D'etre venus sur terre, Qu'on leur laisse choisir, au moins, Le pays, fut-il lointain, De leur heure derniere. Qu'ils aillent donc coucher leurs corps Dessous les ciels pourpres et or Au-dela des frontieres Ou qu'ils s'endorment, enlaces, Comme d'eternels fiances Dans la blonde lumiere.
Quand ceux qui vont s'en vont aller Pour toujours et a tout jamais Au jardin du silence Sous leur froide maison de marbre Dans les grandes allees sans arbre, Je pense a vous, ma mere. Qu'ils aient, pour dernier souvenir, La chaleur de notre sourire Comme etreinte derniere. Peut-etre qu'ils dormiront mieux Si nous pouvons fermer leurs yeux. Je pense a vous, ma mere. Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles...
Y a un arbre, je m'y colle, Dans le petit bois de Saint-Amand, Je t'attrape, tu t'y colles, Je me cache, a toi maintenant,
Y a un arbre, pigeon vole, Dans le petit bois de Saint-Amand, Ou tournent nos rondes folles, Pigeon vole, vole, vole au vent,
Dessus l'arbre, oiseau vole, Et s'envole, voila le printemps, Y a nos quinze ans qui s'affolent, Dans le petit bois de Saint-Amand,
Et sous l'arbre, sans paroles, Tu me berces amoureusement, Et dans l'herbe, jupon vole, Et s'envolent nos reves d'enfants,
Mais un beau jour, tete folle, Loin du petit bois de Saint-Amand, Et loin du temps de l'ecole, Je suis partie, vole, vole au vent,
Bonjour l'arbre, mon bel arbre, Je reviens, j'ai le c?ur content, Sous tes branches qui se penchent, Je retrouve mes reves d'enfant,
Y a un arbre, si je meurs, Je veux qu'on m'y couche doucement, Qu'il soit ma derniere demeure, Dans le petit bois de Saint-Amand, Qu'il soit ma derniere demeure, Dans le petit bois de Saint-A...
Y a un arbre, pigeon vole, Mon c?ur vole, Pigeon vole et s'envole, Y a un arbre, pigeon vole...
Si je t'ecris ce soir de Vienne, J'aimerais bien que tu comprennes Que j'ai choisi l'absence Comme derniere chance. Notre ciel devenait si lourd Si je t'ecris ce soir de Vienne Que c'est beau l'automne a Vienne C'est que, sans reflechir, J'ai prefere partir Et je suis a Vienne sans toi. Je marche, je reve dans Vienne Sur trois temps de valse lointaine. Il semble que les ombres Tournent et se confondent. Qu'ils etaient beaux les soirs de Vienne. Ta lettre a du croiser la mienne. Non, je ne veux pas que tu viennes. Je suis seul Et j'aime etre libre. Que j'aime cet exil a Vienne sans toi.
Une vieille dame autrichienne Comme il n'en existe qu'a Vienne Me logeait dans ma chambre Tombent de pourpre et d'ambre De lourdes tentures de soies C'est beau a travers les persiennes Je vois l'eglise Saint-Etienne Et quand le soir se pose Ses bleus, ses gris, ses mauves Et la nuit par dessus les toits C'est beau Vienne, c'est beau Vienne
Cela va faire une semaine, Deja, que je suis seul a Vienne. C'est curieux le hasard : J'ai croise l'autre soir Nos amis de Lontaccini. Cela va faire une semaine. Ils etaient de passage a Vienne. Ils n'ont rien demande Mais se sont etonnes De me voir a Vienne sans toi. Moi, moi, je me promene. Je suis bien, je suis bien.
Et puis, de semaine en semaine, Voila que je suis seul a Vienne. Tes lettres se font rares. Peut etre qu'autre part, Tu as trouve l'oubli de moi. Je lis et j'ecris mais, quand meme, Ce qu'il est long l'automne a Vienne. Dans ce lit a deux places Ou, la nuit, je me glace, Tout a coup, j'ai le mal de toi. Que c'est long Vienne, que c'est loin Vienne.
Si je t'ecris ce soir de Vienne, Tu sais, c'est qu'il faut que tu viennes. J'etais parti. Pardonne moi. Notre ciel devenait si lourd Et toi, de Paris jusqu'a Vienne, Au bout d'une invisible chaine, Tu me guettes et je pense, Jouant l'indifference, Tu m'as garde malgre moi. Il est minuit ce soir a Vienne. Mon Amour, il faut que tu viennes. Tu vois, je m'abandonne. Il est si beau l'automne Et j'aimerais le vivre avec toi. C'est beau Vienne, avec toi Vienne
Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie, Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris, Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie, Sous des ciels plus legers, pays de paradis, Oh, que j'aurais voulu vous ramener ce soir, Des mers en furie, des musiques barbares, Des chants heureux, des rires qui resonnent bizarres, Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre, Des coquillages blancs et des cailloux sales, Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenes, Des rouges eclatants, des soleils eclates, Dont le feu brulerait d'eternels etes,
Mais j'ai tout essaye, J'ai fait semblant de croire, Et je reviens de loin, Et mon soleil est noir, Mais j'ai tout essaye, Et vous pouvez me croire, Je reviens fatiguee, Et j'ai le desespoir, Legere, si legere, j'allais court vetue, Je faisais mon affaire du premier venu, Et c'etait le repos, l'heure de nonchalance, A bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse, J'ai appris le banjo sur des airs de guitare, J'ai frissonne du dos, j'ai oublie Mozart, Enfin j'allais pouvoir enfin vous revenir, Avec l'?il alangui, vague de souvenirs, Et j'etais l'ouragan et la rage de vivre, Et j'etais le torrent et la force de vivre, J'ai aime, j'ai brule, rattrape mon retard, Que la vie etait belle et folle mon histoire, Mais la terre s'est ouverte, La-bas, quelque part, Mais la terre s'est ouverte, Et le soleil est noir, Des hommes sont mures, Tout la-bas, quelque part, Les hommes sont mures, Et c'est le desespoir, J'ai conjure le sort, j'ai recherche l'oubli, J'ai refuse la mort, j'ai rejete l'ennui, Et j'ai serre les poings pour m'ordonner de croire, Que la vie etait belle, fascinant le hasard, Qui me menait ici, ailleurs ou autre part, Ou la fleur etait rouge, ou le sable etait blond, Ou le bruit de la mer etait une chanson, Oui, le bruit de la mer etait une chanson, Mais un enfant est mort, La-bas, quelque part, Mais un enfant est mort, Et le soleil est noir, J'entends le glas qui sonne, Tout la-bas, quelque part, J'entends le glas sonner, Et c'est le desespoir, Je ne ramene rien, je suis ecartelee, Je vous reviens ce soir, le c?ur egratigne, Car, de les regarder, de les entendre vivre, Avec eux j'ai eu mal, avec aux j'etais ivre, Je ne ramene rien, je reviens solitaire, Du bout de ce voyage au-dela des frontieres, Est-il un coin de terre ou rien ne se dechire, Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire, S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes, Et si je pouvais, seule, faire taire les armes, Je jure que, demain, je reprends l'aventure, Pour que cessent a jamais toutes ces dechirures, Je veux bien essayer, Et je veux bien y croire, Mais je suis fatiguee, Et mon soleil est noir, Pardon de vous le dire, Mais je reviens ce soir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir...
A voir tant de gens qui dorment et s'endorment a la nuit, Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi. A voir tant d'yeux qui se ferment, couches dans leur lit, Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi.
J'en ai connu des grands, des beaux, des bien batis, des gentils Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit Pendant que je veillais seule, en combattant mes insomnies.
A force de compter les moutons qui sautent dans mon lit, J'ai un immense troupeau qui se promene dans mes nuits. Qu'ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies. Labourage et paturage ne sont pas mes travaux de nuit,
Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits. J'ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies Et je gravis mon calvaire, sur les escaliers de la nuit. J'ai deja connu l'enfer, connaitrai-je le paradis ?
Le paradis, ce serait, pour moi, de m'endormir la nuit Mais je reve que je reve qu'on a tue mes insomnies Et que, pales, en robe blanche, on les a couchees dans un lit A tant rever que j'en reve, les revoila, mes insomnies.
Je rode comme les chats, je glisse comme les souris Et Dieu, lui-meme, ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits.
Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la meme chose. Pourtant, c'est pareillement se coucher les paupieres closes. Une longue nuit, ou je les avais tous deux confondus, Peu s'en fallut, au matin, que je ne me reveille plus.
Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris. Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie. O Messieurs dites-moi, ce que vous faites la, je vous prie. Madame, nous sommes la pour veiller sur vos insomnies.
En un cortege chagrin, viennent mes parents, mes amis. Gravement, au nom du Pere, du Fils et puis du Saint-Esprit, Si apres l'heure, c'est plus l'heure, avant, ce ne l'est pas non plus, Ce n'est pas l'heure en tout cas, mais grand merci d'etre venus.
Je les vois deja rire de leurs fines plaisanteries, Ceux qui pretendent connaitre un remede a mes insomnies. Un medecin pour mes nuits, j'y avais pense, moi aussi. C'est contre lui que je couche mes plus belles insomnies.
A voir tant de gens qui dorment et s'endorment a la nuit, J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi Mais si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies. J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis. Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies. J'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis...
Il pleut, Il pleut, Sur les jardins alanguis, Sur les roses de la nuit, Il pleut des larmes de pluie, Il pleut, Et j'entends le clapotis, Du bassin qui se remplit, Oh mon Dieu, que c'est joli, La pluie,
Quand Pierre rentrera, Il faut que je lui dise, Que le toit de la remise, A fui, Il faut qu'il rentre du bois, Car il commence a faire froid, Ici,
Oh, Pierre, Mon Pierre,
Sur la campagne endormie, Le silence et puis un cri, Ce n'est rien, un oiseau de la nuit, Qui fuit, Que c'est beau cette penombre, Le ciel, le feu et l'ombre, Qui se glisse jusqu'a moi, Sans bruit,
Une odeur de foin coupe, Monte de la terre mouillee, Une auto descend l'allee, C'est lui,
Chaque fois qu'on parle d'amour, C'est avec "jamais" et "toujours", "Viens, viens, je te fais le serment Qu'avant toi, y avait pas d'avant, Y avait pas d'ombre et pas de soleil. Le jour, la nuit c'etait pareil. Y avait pas au, creux de mes reins, Douce, la chaleur de tes mains.", A chaque fois, a chaque fois, Chaque fois qu'on parle d'amour.
Chaque fois qu'on aime d'amour, C'est avec "jamais" et "toujours". On refait le meme chemin En ne se souvenant de rien Et l'on recommence, soumise, Florence et Naples, Naples et Venise. On se le dit, et on y croit, Que c'est pour la premiere fois, A chaque fois, a chaque fois, Chaque fois qu'on aime d'amour.
Ah, pouvoir encore et toujours S'aimer et mentir d'amour Et, bien qu'on connaisse l'histoire, Pouvoir s'emerveiller d'y croire Et se refaire, pour pas une thune, Des clairs d'amour au clair de lune Et rester la, c'est merveilleux, A se rire du fond des yeux. Ah, pouvoir encore et toujours S'aimer et mentir d'amour.
Ah redis-le, redis-le moi, Que je suis ta premiere fois. Viens, et fais-moi le serment Qu'avant moi, y avait pas d'avant, Y avait pas d'ombre et pas de soleil. Le jour, la nuit, c'etait pareil. Y avait pas, au creux de tes reins, Douce, la chaleur de mes mains. Ah redis-le, redis-le moi, Que je suis ta premiere fois. Ah, redis-le moi, je te crois. Je t'aime, c'est la premiere fois, Comme a chaque fois, Comme a chaque fois, Comme a chaque fois...
Je l'ai trouvee devant ma porte, Un soir, que je rentrais chez moi. Partout, elle me fait escorte. Elle est revenue, elle est la, La renifleuse des amours mortes. Elle m'a suivie, pas a pas. La garce, que le Diable l'emporte ! Elle est revenue, elle est la
Avec sa gueule de careme Avec ses larges yeux cernes, Elle nous fait le c?ur a la traine, Elle nous fait le c?ur a pleurer, Elle nous fait des mains blemes Et de longues nuits desolees. La garce ! Elle nous ferait meme L'hiver au plein c?ur de l'ete.
Dans ta triste robe de moire Avec tes cheveux mal peignes, T'as la mine du desespoir, Tu n'es pas belle a regarder. Allez, va t-en porter ailleurs Ta triste gueule de l'ennui. Je n'ai pas le gout du malheur. Va t-en voir ailleurs si j'y suis !
Je veux encore rouler des hanches, Je veux me saouler de printemps, Je veux m'en payer, des nuits blanches, A c?ur qui bat, a c?ur battant. Avant que sonne l'heure bleme Et jusqu'a mon souffle dernier, Je veux encore dire "je t'aime" Et vouloir mourir d'aimer.
Elle a dit : "Ouvre-moi ta porte. Je t'avais suivie pas a pas. Je sais que tes amours sont mortes. Je suis revenue, me voila. Ils t'ont recite leurs poemes, Tes beaux messieurs, tes beaux enfants, Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine. Eh ! bien, c'est fini, maintenant."
Depuis, elle me fait des nuits blanches. Elle s'est pendue a mon cou, Elle s'est enroulee a mes genoux. Partout, elle me fait escorte Et elle me suit, pas a pas. Elle m'attend devant ma porte. Elle est revenue, elle est la, La solitude, la solitude...
M'ont tous connue, connue avant, Ils s'en rappellent, Au temps de l'eau et du pain noir, Sans mirabelle. Ils ont tout partage : Leurs tartines beurrees, Ont couche dans leur lit Mes longues insomnies Et j'ai beau, j'ai beau chercher, En vain, j'appelle Mes souvenirs du temps passe, Mais infideles, Je n'ai pas souvenir, du moindre souvenir Du paysage De leur visage.
Ils etaient beaucoup moins nombreux, Je m'en rappelle, Au temps de l'eau et du pain noir Sans mirabelle. Ils ne me devaient rien. Qu'ils ne regrettent rien Mais qu'ils ne viennent pas Raconter qu'autrefois, Ils m'ont, souvenez-vous, Bercee sur leurs genoux, Les ra, les ra, les rapaces, Les ra, les ra, les rapaces.
Ils m'inventeraient, pour un peu, Quelle indecence, Les premiers mots, les premiers jeux De mon enfance. M'ont connue a Passy, M'ont connue en Baviere Ou bien tout simplement A la soupe populaire Et moi, pas vue, pas vue, pas pris, Conte, raconte, J'ai le sourire bien poli Des femmes du monde, Et moi, mais oui, mais oui Et moi, merci, merci, D'etre venue ce soir D'etre venus, bonsoir.
Hier encore, ils festoyaient A d'autre tables. Demain, c'est chez toi qu'ils iront Se mettre a table, Ces amis inconnus, que je n'ai jamais vus Mais qu'ils ne viennent pas Se chauffer sous mon toit. Qu'ils aillent donc porter leurs jambes Et ronds de jambes. Qu'ils portent ailleurs leur savoir-faire, Leurs belles manieres. Sont vilains, sont pas beaux, sont ridicules, Bref, ils me font la tete comme une pendule. Oh, qu'ils ne viennent pas, je ne nourrirai pas Ces ra, ces ra, ces rapaces, Ces ra, ces ra, ces rapaces.
A ceux qui m'ont connue avant Je suis fidele Au temps de l'eau et du pain noir Sans mirabelle. Ceux qui ont partage Leurs tartines beurrees Et couche dans leur lit Mes longues insomnies, Ceux-la, j'en ai le souvenir Dans ma memoire, Ceux-la peuvent me revenir. C'est sans histoire. Qu'ils viennent aujourd'hui, Peuvent paraitre. Ceux-la, je saurai bien Les reconnaitre, Les amis d'autrefois, Ceux la qui ne sont pas Des ra, des ra, des rapaces, Des ra, des ra, des rapaces...
Il pleut sur Nantes, donne-moi la main Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-la, il y a juste un an deja La ville avait ce teint blafard lorsque je sortis de la gare Nantes m'etait encore inconnue, je n'y etais jamais venue Il avait fallu ce message pour que je fasse le voyage
"Madame soyez au rendez-vous, vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Faites vite, il y a peu d'espoir, il a demande a vous voir."
A l'heure de sa derniere heure, apres bien des annees d'errance Il me revenait en plein cœur, son cri dechirait le silence Depuis qu'il s'en etait alle, longtemps je l'avais espere Ce vagabond, ce disparu, voila qu'il m'etait revenu
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup, je m'en souviens du rendez-vous Et j'ai grave dans ma memoire cette chambre au fond d'un couloir
Assis pres d'une cheminee, j'ai vu quatre hommes se lever La lumiere etait froide et blanche, ils portaient l'habit du dimanche Je n'ai pas pose de questions a ces etranges compagnons J'ai rien dit, mais a leurs regards, j'ai compris qu'il etait trop tard
Pourtant j'etais au rendez-vous, vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup Mais il ne m'a jamais revue, il avait deja disparu
Voila, tu la connais l'histoire, il etait revenu un soir Et ce fut son dernier voyage, et ce fut son dernier rivage Il voulait avant de mourir se rechauffer a mon sourire Mais il mourut a la nuit meme sans un adieu, sans un "je t'aime"
Au chemin qui longe la mer, couche dans le jardin des pierres Je veux que tranquille il repose, je l'ai couche dessous les roses Mon pere, mon pere
Il pleut sur Nantes et je me souviens Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin.
Pour qui, comment quand et pourquoi ? Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences. D'ou venez-vous ? Ou allez-vous ? Qui etes-vous ? Qui priez-vous ? Je vous prie de faire silence. Pour qui, comment, quand et pourquoi ? S'il faut absolument qu'on soit Contre quelqu'un ou quelque chose, Je suis pour le soleil couchant En haut des collines desertes. Je suis pour les forets profondes, Car un enfant qui pleure, Qu'il soit de n'importe ou, Est un enfant qui pleure, Car un enfant qui meurt Au bout de vos fusils Est un enfant qui meurt. Que c'est abominable d'avoir a choisir Entre deux innocences ! Que c'est abominable d'avoir pour ennemis Les rires de l'enfance ! Pour qui, comment, quand et combien ? Contre qui ? Comment et combien ? A en perdre le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles ! Mais pour rien, mais pour presque rien, Pour etre avec vous et c'est bien ! Et pour une rose entr'ouverte, Et pour une respiration, Et pour un souffle d'abandon, Et pour ce jardin qui frissonne ! Rien avoir, mais passionnement, Ne rien se dire eperdument, Mais tout donner avec ivresse Et riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne pas parler de poesie, Ne pas parler de poesie En ecrasant les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour au murs gris Ou l'aube n'a jamais sa chance. Contre qui, comment, contre quoi ? Pour qui, comment, quand et pourquoi ? Pour retrouver le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles. Contre personne et contre rien, Contre personne et contre rien, Mais pour toutes les fleurs ouvertes, Mais pour une respiration, Mais pour un souffle d'abandon Et pour ce jardin qui frissonne ! Et vivre passionnement, Et ne se battre seulement Qu'avec les feux de la tendresse Et, riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne plus parler de poesie, Ne plus parler de poesie Mais laisser vivre les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour aux murs gris Ou l'aube aurait enfin sa chance, Vivre, Vivre Avec tendresse, Vivre Et donner Avec ivresse !
Attendez que ma joie revienne Et que se meure le souvenir De cet amour de tant de peine Qui n'en finit pas de mourir. Avant de me dire je t'aime, Avant que je puisse vous le dire, Attendez que ma joie revienne, Qu'au matin je puisse sourire.
Laissez-moi. Le chagrin m'emporte Et je vogue sur mon delire. Laissez-moi. Ouvrez cette porte. Laissez-moi. Je vais revenir. J'attendrai que ma joie revienne Et que soit mort le souvenir De cet amour de tant de peine Pour lequel j'ai voulu mourir. J'attendrai que ma joie revienne, Qu'au matin je puisse sourire, Que le vent ait seche ma peine Et la nuit calme mon delire.
Il est, parait-il, un rivage Ou l'on guerit du mal d'aimer. Les amours mortes y font naufrage, Epaves mortes du passe. Si tu veux que ma joie revienne, Qu'au matin, je puisse sourire Vers ce pays ou meurt la peine, Je t'en prie, laisse-moi partir. Il faut de mes amours anciennes Que perisse le souvenir Pour que, liberee de ma chaine, Vers toi, je puisse revenir.
Alors, je t'en fais la promesse, Ensemble nous irons cueillir Au jardin fou de la tendresse La fleur d'amour qui va s'ouvrir Mais c'est trop tot pour dire je t'aime, Trop tot pour te l'entendre dire. La voix que j'entends, c'est la sienne. Ils sont vivants, mes souvenirs. Pardonne-moi : c'est lui que j'aime. Le passe ne veut pas mourir.
Il a foutu le camp, le temps du lilas, Le temps de la rose offerte, Le temps des serments d'amour, Le temps des toujours, toujours. Il m'a plantee la, sans me laisser d'adresse. Il est parti, adieu Berthe. Si tu le vois, ramene-le moi, Le joli temps du lilas.
On en sourit du coin de l'?il Mais on en reve, du grand amour. Je l'ai connu, j'en porte le deuil. Ca ne peut durer toujours. Je l'ai valse au grand soleil, La valse qui vous fait la peau douce. Je l'ai croque, le fruit vermeil, A belle dents, a belle bouche.
J'en ai profite, du temps du lilas, Du temps de la rose offerte, Du temps des serments d'amour, Du temps des toujours, toujours. Avant qu'il me quitte, pour me planter la Qu'il me salue, adieu Berthe, J'en ai profite, t'en fais pas pour moi, Du joli temps du lilas.
Il nous arrive par un dimanche, Un lundi, un beau jour comme ca. Alors, chaque nuit qui se penche S'allume dans un feu de joie Et puis un jour, c'est la bataille. Meurent la rose et le lilas. Fini le temps des epousailles. C'est la guerre entre toi et moi
Et le voila qui fout le camp sans nous crier gare. La rose s'est trop ouverte. On veut le rattraper mais il est trop tard, Le joli temps du lilas. Il vous plante la, sans laisser d'adresse Salue et adieu Berthe. Il vous file entre les doigts, Le joli temps du lilas
Mais va t'en balancer a ses branches, Va t'en rever dans ses jardins, Va t'en trainer, hanche contre hanche, Du soir jusqu'au petit matin, Mais va t'en profiter du temps du lilas, Du temps de la rose offerte, Du temps des serments d'amour, Du temps des toujours, toujours.
Ne reste pas la, va t'en le cueillir. Il passe et puis adieu Berthe. T'en fais pas pour moi : j'ai mes souvenirs Du joli temps du lilas...
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main de Diable Qui a tisse le ciel De ce beau matin-la, Lui plantant dans le cœur Un morceau de soleil Qui se brise sur l'eau En mille eclats vermeils ?
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main du Diable Qui a mis sur la mer Cet etrange voilier Qui, pareil au serpent, Semble se deplier, Noir et blanc, sur l'eau bleue Que le vent fait danser ?
Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce matin-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais, pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas.
Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main de Diable Qui a mis cette rose Au jardin que voila ? Pour quel ardent amour, Pour quelle noble dame La rose de velours Au jardin que voila ?
Et ces prunes eclatees, Et tous ces lilas blancs, Et ces grosseilles rouges, Et ces rires d'enfants, Et Christine si belle Sous ses jupons blancs, Avec, au beau milieu, L'eclat de ses vingt ans ?
Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce printemps-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas !
Le voilier qui s'enfuit, La rose que voila Et ces fleurs et ces fruits Et nos larmes de joie... Qui a pu nous offrir Toutes ces beautes-la ? Cueillons-les sans rien dire. Va, c'est pour toi et moi !
Est-ce la main de Dieu Et celle du Malin Qui, un jour, s'unissant, Ont croise nos chemins ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour cet amour-la Merci, et chapeau bas !
Mais pour toi et pour moi Merci, et chapeau bas !
Une petite cantate Du bout des doigts Obsedante et maladroite Monte vers toi Une petite cantate Que nous jouions autrefois Seule, je la joue, maladroite Si, mi, la, re, sol, do, fa
Cette petite cantate Fa, sol, do, fa N'etait pas si maladroite Quand c'etait toi Les notes couraient faciles Heureuses au bout de tes doigts Moi, j'etais la, malhabile Si, mi, la, re, sol, do, fa
Mais tu est partie, fragile Vers l'au-dela Et je reste, malhabile Fa, sol, do, fa Je te revois souriante Assise a ce piano-la Disant "bon, je joue, toi chante Chante, chante-la pour moi"
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Oh mon amie, oh ma douce Oh ma si petite a moi Mon Dieu qu'elle est difficile Cette cantate sans toi
Une petite priere La, la, la, la Avec mon c?ur pour la faire Et mes dix doigts Une petite cantate Mais sans un signe de croix Quelle offense, Dieu le pere Il me le pardonnera
Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Les anges, avec leur trompette La jouerons, jouerons pour toi Cette petite cantate Qui monte vers toi Cette petite cantate Qui monte vers toi
Je recois, a l'instant ou je rentre chez moi Votre missive bleue, Madame. Vingt fois je la relis, et mes yeux n'y croient pas. Pourtant, c'est ecrit la, Madame Et de votre douleur, je me sens penetree Mais je ne pourrais rien, Madame. Vous savez, aujourd'hui, que de l'avoir perdu, C'est lourd a supporter, Madame.
Vous demandez pardon de n'avoir pas compris Ce qu'etait notre amour, Madame. Vous n'aviez que ce fils, vous aviez peur de lui Et vous l'avez garde, Madame. Ne me demandez pas ce qu'a ete ma vie Quand vous me l'avez pris, Madame. Je me suis toujours tu, ce n'est pas aujourd'hui Que je vous le dirais, Madame. Vous eussiez prefere, je vous retrouve la, Qu'il fut mort en heros, Madame. Oui, c'eut ete plus noble, je vous crois, Que de mourir d'amour, Madame Mais qu'il soit mort ici ou qu'il mourut la-bas, Auriez-vous verse moins de larmes ? Il en a decide, lui seul avait le droit. Il faut vous resigner, Madame.
C'est trop tard, maintenant, pour que je vous revienne Et vous vieillirez seule, Madame Et ne m'en veuillez pas si je parais cruelle Mais je l'ai trop aime, Madame Pour qu'a la fin du jour, pres d'une cheminee, Nous evoquions ensemble, Madame, Celui que, vous et moi, nous avons adore Et perdu tout ensemble, Madame
Mais le chagrin m'egare, il faut me pardonner. J'ai mal de votre mal, Madame Mais que faire, et quoi dire, puisqu'il s'en est alle ? Je ne puis rien pour vous, Madame. Pour la seconde fois, il va nous separer. Non, je ne viendrai pas, Madame, Car, le perdre deux fois, c'est lourd a supporter. Vous me comprendrez bien, Madame.
Je recois, a l'instant ou je rentre chez moi, Votre missive bleue, Madame. Vingt fois je la relis, et mes yeux n'y croient pas. Pourtant, c'est ecrit la, Madame Et de votre douleur, je me sens penetree Mais je ne puis plus rien, Madame. Vous saurez, comme moi, que de l'avoir perdu C'est lourd a supporter, Madame
Dans les paniers d'osier de la salle des ventes Une gloire dechue des folles annees trente Avait mis aux encheres, parmi quelques brocantes Un vieux bijou donne par quel amour d'antan
Elle etait la, figee, superbe et dechirante Ses mains qui se nouaient, se denouaient tremblantes Des mains belles encore, deformees, les doigts nus Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre
Comme tous les matins, dans la salle des ventes Bourdonnait une foule, fievreuse et impatiente Ceux qui, pour quelques sous, rachetent pour les vendre Les tresors fabuleux d'un passe qui n'est plus
Dans ce vieux lit casse, en bois de palissandre Que d'ombres enlacees, ont reve a s'attendre Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs legendes Mais les choses nous parlent si nous savons entendre
Le marteau se leva, dans la salle des ventes Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence Elle cria: "Je prends, je rachete tout ca Ce que vous vendez la, c'est mon passe a moi"
C'etait trop tard, deja, dans la salle des ventes Le marteau retomba sur sa voix suppliante Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes Le dernier souvenir de ses amours d'antan
Pres des paniers d'osier, dans la salle des ventes Une femme pleurait ses folles annees trente Et revoyait soudain defiler son passe Defiler son passe, defiler son passe
Car venait de surgir, du fond de sa memoire Du fond de sa memoire, un visage oublie Une image cherie, du fond de sa memoire Son seul amour de femme, son seul amour de femme
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus Quelques billets froisses, pour un passe perdu
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Je la vis s'eloigner, courbee et dechirante De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus Pas meme ce souvenir, aujourd'hui disparu...
J'suis une souris, geule de nuit, Et je vais, je viens, je passe, passe. J'suis pas du jour, gueule d'amour. D'ailleurs j'suis de Montparnasse, nasse. Cherchez pas de mystere, j'en ai pas. J'ai bon caractere, mais faut pas, Pas pousser grand-mere d'un faux pas, ah.
Oui, j'aurais pu, comme vous Ou comme toi, etre ronde, ronde Mais c'est foutu, c'est classe Car Dieu m'a preferee longue, longue. Pour c'que j'ai a faire, ca m'gene pas. On peut pas s'refaire, jeune ou pas. Passez donc la main, La main dans la main, et viens.
J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne Sur le canal Saint-Martin. Au lieu d'ca, je trime, Alors j'imagine Que je vois l'automne, dans le petit matin Et je m'abandonne Et j'en reve et c'est bien. J'ai jamais vu ca, J'ai jamais vu ca. J'voudrais voir l'automne, L'automne avec toi.
Parfois je pense a ce que j'aurais pu etre, etre, Tiens, la Goulue, Malibran, ou la Divine peut-etre, etre. Ah, les annees trente, trente et un, Monsieur de Truc ou de Machin Prenait ta vertu Et t'avait pignon sur rue.
Je m'serais paye, dans mon fiacre, Un drole de tour du monde, monde Et, des montagnes aux lacs, Je l'aurais dansee ma ronde, ronde En boa, bottee, dans mon fiacre Et toi, chapeaute, chapeau clac, On s'en s'rait alles. Allez, fouette cocher, et viens !
Viens donc voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, sur le canal Saint-Martin. Non mais t'imagines ? Au lieu d'ca, je trime. J'voudrais voir l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, de Passy a Pantin. J'ai jamais vu ca, J'ai jamais vu ca. J'voudrais voir l'automne, L'automne avec toi.
On peut rever, revasser A c'qu'on aurait voulu etre, etre, Mais c'est foutu, c'est classe. Ce n'est pas plus mal peut-etre, etre V'la la fin du jour, geule d'amour. C'est bientot la nuit, gueule de nuit. En robe de lumiere, J'serai a mon affaire, viens.
Apres tout, l'automne, dans le petit matin, Quand le ciel s'etonne, on verra ca demain. Viens, la ville s'allume Et Paris s'emplume. Apres tout, l'automne, dans le petit matin, Qu'est-ce que ca paut faire Puisqu'on s'aime et c'est bien. Un amour comme ca, J'ai jamais vu ca. J'ai jamais vu ca, Dieu, que ca m'etonne, tilalala...
J'suis ta souris, gueule de nuit. Avec toi je vais, je passe, passe. J'suis ta souris de la nuit. Viens, j't'emmene a Montparnasse, nasse. J'suis ta souris de la nuit, J'suis ta souris, gueule de nuit. J'suis ta souris de la nuit, J'suis ta souris, gueule de nuit
Sur le grand bassin du chateau de l'idole, Un grand cygne noir portant rubis au col, Dessinait sur l'eau de folles arabesques, Les gargouilles pleuraient de leurs rires grotesques, Un Apollon solaire de porphyre et d'ebene, Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chene,
Je me souviens de vous, Et de vos yeux de jade, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Si loin de Marienbad,
Je portais, en ces temps, l'etole d'engoulevent, Qui chantait au soleil et dansaient dans les temps, Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca, En ces fievres, en ces lieux, en ces epoques-la, Et moi, pauvre vestale, au vent de vos envies, Au c?ur de vos dedales, je n'etais qu'Ophelie,
Je me souviens de vous, Du temps de ces aubades, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Vous chantez vos aubades, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad,
C'etait un grand chateau, au parc lourd et sombre, Tout propice aux esprits qui habitent les ombres, Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat, Quels curieux sacrifices, en ces temps-la, J'etais un peu sauvage, tu me voulais caline, J'etais un peu sorciere, tu voulais Melusine,
Je me souviens de toi De tes soupirs malades, La-bas, a Marienbad, A Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad,
Mais si vous m'appeliez, un de ces temps prochains, Pour parler un instant aux croix de nos chemins, J'ai change, sachez-le, mais je suis comme avant, Comme me font, me laissent, et me defont les temps, J'ai garde pres de moi l'etole d'engoulevent, Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant,
Je serai a votre heure, Au grand chateau de jade, Au c?ur de vos dedales, La-bas a Marienbad, Nous danserons encore Dans ces folles parades, L'?il dans tes yeux de jade, La-bas, a Marienbad,
Avec tes yeux de jade, Nous danserons encore, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais me reviendras-tu ? Au grand chateau de jade, A Marienbad...