Disc 1 | ||||||
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M'amie de grace ne mettons
Pas sous la gorge a Cupidon Sa propre fleche Tant d'amoureux l'ont essaye Qui, de leur bonheur, ont paye Ce sacrilege Refrain: J'ai l'honneur de Ne pas te de- mander ta main Ne gravons pas Nos noms au bas D'un parchemin Laissons le champs libre a l'oiseau Nous seront tous les deux priso- nniers sur parole Au diable les maitresses queux Qui attachent les cœurs aux queues Des casseroles Au refrain Venus se fait vielle souvent Elle perd son latin devant La lechefrite A aucun prix, moi je ne veux Effeuiller dans le pot-au-feu La marguerite Au refrain On leur ote bien des attraits En devoilant trop les secrets De Melusine L'encre des billets doux palit Vite entre les feuillets des li- vres de cuisine Au refrain Il peut sembler de tout repos De mettre a l'ombre, au fond d'un pot De confiture La jolie pomme defendue Mais elle est cuite, elle a perdu Son gout nature Au refrain De servante n'ai pas besoin Et du menage et de ses soins Je te dispense Qu'en eternelle fiance A la dame de mes pensees Toujours je pense Au refrain |
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Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts Qu'on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents Ou les ventripotents Mais c'est une absurdite Car a la verite Ils sont la, c'est notoire Pour accueillir quelque temps Les amours debutants Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'foutant pas mal du r'gard oblique Des passants honnetes Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'disant des Je t'aime pathetiques Ont des p'tites gueules bien sympathiques Ils se tiennent par la main Parlent du lendemain Du papier bleu d'azur Que revetiront les murs De leur chambre a coucher Ils se voient deja, doucement Elle cousant, lui fumant Dans un bien-etre sur Et choisissent les prenoms De leur premier bebe Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'foutant pas mal du r'gard oblique Des passants honnetes Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'disant des Je t'aime pathetiques Ont des p'tites gueules bien sympathiques Quand la sainte famille machin Croise sur son chemin Deux de ces malappris Elle leur decoche hardiment Des propos venimeux N'empeche que toute la famille Le pere, la mere, la fille, Le fils, le Saint-Esprit Voudrait bien, de temps en temps Pouvoir s'conduire comme eux Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'foutant pas mal du r'gard oblique Des passants honnetes Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'disant des Je t'aime pathetiques Ont des p'tites gueules bien sympathiques Quand les mois auront passe Quand seront apaises Leurs beaux reves flambants Quand leur ciel se couvrira De gros nuages lourds Ils s'apercevront, emus, Qu'c'est au hasard des rues Sur un d'ces fameux bancs Qu'ils ont vecu le meilleur Morceau de leur amour Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'foutant pas mal du r'gard oblique Des passants honnetes Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'disant des Je t'aime pathetiques Ont des p'tites gueules bien sympathiques |
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J'ai plaque mon chene
Comme un saligaud Mon copain le chene Mon alter ego On etait du meme bois Un peu rustique un peu brut Dont on fait n'importe quoi Sauf naturell'ment les flutes J'ai maint'nant des frenes Des arbres de judee Tous de bonne graine De haute futaie Mais toi, tu manque a l'appel Ma vieille branche de campagne Mon seul arbre de Noel Mon mat de cocagne Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du M'eloigner d' mon arbre Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du Le quitter des yeux Je suis un pauvr' type J'aurais plus de joie J'ai jete ma pipe Ma vieill' pipe en bois Qu'avait fume sans s' facher Sans jamais m'brule la lippe L'tabac d'la vache enragee Dans sa bonn' vieill' tet' de pipe J'ai des pip's d'ecume Ornees de fleurons De ces pip's qu'on fume En levant le front Mais j'retrouv'rai plus ma foi Dans mon coeur ni sur ma lippe Le gout d'ma vieill' pipe en bois Sacre nom d'un' pipe Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du M'eloigner d' mon arbre Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du Le quitter des yeux Le surnom d'infame Me va comme un gant D'avecques ma femme J'ai foutu le camp Parc' que depuis tant d'annees C'etait pas un' sinecure De lui voir tout l'temps le nez Au milieu de la figure Je bas la campagne Pour denicher la Nouvelle compagne Valant celles-la Qui, bien sur, laissait beaucoup Trop de pierr's dans les lentilles Mais se pendait a mon cou Quand j'perdais mes billes Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du M'eloigner d' mon arbre Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du Le quitter des yeux J'avais un' mansarde Pour tout logement Avec des lezardes Sur le firmament Je l'savais par coeur depuis Et pour un baiser la course J'emmenais mes bell's de nuits Faire un tour sur la grande ourse J'habit' plus d' mansarde Il peut desormais Tomber des hall'bardes Je m'en bats l'oeil mais Mais si quelqu'un monte aux cieux Moins que moi j'y paie des prunes Y a cent sept ans qui dit mieux, Qu' j'ai pas vu la lune Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du M'eloigner d' mon arbre Aupres de mon arbre Je vivais heureux J'aurais jamais du Le quitter des yeux |
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Un bon petit diable a la fleur de l'age
La jambe legere et l'œil polisson Et la bouche pleine de joyeux ramages Allait a la chasse aux papillons Comme il atteignait l'oree du village Filant sa quenouille, il vit Cendrillon Il lui dit: ≪Bonjour, que Dieu te menage J't'emmene a la chasse aux papillons≫ Cendrillon ravie de quitter sa cage Mets sa robe neuve et ses botillons Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages Ils vont a la chasse aux papillons Ils ne savaient pas que sous les ombrages Se cachait l'amour et son aiguillon Et qu'il transpercait les cœurs de leur age Les cœurs des chasseurs de papillons Quand il se fit tendre, elle lui dit: ≪J'presage Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon Ni dans l'echancrure de mon corsage Qu'on va a la chasse aux papillons≫ Sur sa bouche en feu qui criait: ≪Sois sage!≫ Il posa sa bouche en guise de baillon Et c'fut l'plus charmant des remue-menage Qu'on ait vu d'memoire de papillon Un volcan dans l'ame, ils r'vinrent au village En se promettant d'aller des millions Des milliards de fois, et meme davantage Ensemble a la chasse aux papillons Mais tant qu'ils s'aimeront, tant que les nuages Porteurs de chagrins, les epargneront Il fera bon voler dans les frais bocages Ils feront pas la chasse aux papillons Pas la chasse aux papillons! |
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Autrefois, quand j'etais marmot
J'avais la phobie des gros mots Et si j'pensais " merde " tout bas Je ne le disais pas Mais Aujourd'hui que mon gagne-pain C'est d'parler comme un turlupin Je n'pense plus " merde ", pardi Mais je le dis R: J'suis l'pornographe Du phonographe Le polisson De la chanson Afin d'amuser la gal'rie Je crache des gauloiseries Des pleines bouches de mots crus Tout a fait incongrus Mais En m'retrouvant seul sous mon toit Dans ma psyche j'me montre au doigt Et m'crie: " Va t'faire, homme incorrec' Voir par les Grecs " +R: Tous les sam'dis j'vais a confess' M'accuser d'avoir parle d'fess's Et j'promets ferme au marabout De les mettre tabou Mais Craignant, si je n'en parle plus D'finir a l'Armee du Salut Je r'mets bientot sur le tapis Les fesses impies +R: Ma femme est, soit dit en passant D'un naturel concupiscent Qui l'incite a se coucher nue Sous le premier venu Mais M'est-il permis, soyons sincer's D'en parler au cafe-concert Sans dire qu'elle a, suraigu Le feu au cul ? +R: J'aurais sans doute du bonheur Et peut-etre la Croix d'Honneur A chanter avec decorum L'amour qui mene a Rom' Mais Mon ang' m'a dit : " Turlututu Chanter l'amour t'est defendu S'il n'eclot pas sur le destin D'une putain " +R: Et quand j'entonne, guilleret A un patron de cabaret Une adorable bucolique Il est melancolique Et Me dit, la voix noyee de pleurs " S'il vous plait de chanter les fleurs Qu'ell's poussent au moins rue Blondel Dans un bordel " +R: Chaque soir avant le diner A mon balcon mettant le nez Je contemple les bonnes gens Dans le soleil couchant Mais N'me d'mandez pas d'chanter ca, si Vous redoutez d'entendre ici Que j'aime a voir, de mon balcon Passer les cons +R: Les bonnes ames d'ici bas Comptent ferme qu'a mon trepas Satan va venir embrocher Ce mort mal embouche Mais Mais veuille le grand manitou Pour qui le mot n'est rien du tout Admettre en sa Jerusalem A l'heure bleme Le pornographe Du phonographe Le polisson De la chanson |
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14. |
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Une manie de vieux garcon
Moi j'ai pris l'habitude D'agrementer ma sollitude Aux accents de cette chanson Refrain: Quand je pense a Fernande Je bande, je bande Quand j'pense a Felicie Je bande aussi Quand j'pense a Leonore Mon Dieu je bande encore Mais quand j'pense a Lulu La je ne bande plus La bandaison papa Ca n'se commande pas C'est cette male ritournelle Cette antienne virile Qui retentit dans la guerite De la vaillante sentinelle Au refrain Afin de tromper son cafard De voir la vie moins terne Tout en veillant sur sa lanterne Chante ainsi le gardien de phare Au refrain Apres la priere du soir Comme il est un peu triste Chante ainsi le seminariste A genoux sur son reposoire Au refrain A l'Etoile ou j'etais venu Pour ranimer la flamme J'entendis emu jusqu'aux larmes La voix du soldat inconnu Au refrain Et je vais mettre un point final A ce chant salutaire En suggerant au solitaire D'en faire un hymme national Au refrain |
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Je n'avais jamais ote mon chapeau
Devant personne Maintenant je rampe et je fait le beau Quand ell' me sonne J'etais chien mechant, ell' me fait manger Dans sa menotte J'avais des dents d'loup, je les ai changees Pour des quenottes Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui ferm' les yeux quand on la couche Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui fait Maman quand on la touche J'etais dur a cuire, ell' m'a converti La fine bouche Et je suis tombe tout chaud, tout roti Contre sa bouche Qui a des dents de lait quand elle sourit Quand elle chante Et des dents de loup quand elle est furie Qu'elle est mechante Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui ferm' les yeux quand on la couche Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui fait Maman quand on la touche Je subis sa loi, je fis le tout doux Sous son empire Bien qu'ell' soit jalouse au-dela de tout Et meme pire Un' jolie pervenche qui m'avait paru Plus jolie qu'elle Un' jolie pervenche un jour en mourut A coups d'ombrelle Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui ferm' les yeux quand on la couche Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui fait Maman quand on la touche Tous les somnambules, tous les mages m'ont Dit sans malice Qu'en ses bras en croix, je subirais mon Dernier supplice Il en est de pir's il en est d'meilleurs Mais a tout prendre Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs S'il faut se pendre Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui ferm' les yeux quand on la couche Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupee Qui fait Maman quand on la touche |
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Le petit cheval dans le mauvais temps
Qu'il avait donc du courage C'etait un petit cheval blanc Tous derriere et lui devant Il n'y avait jamais de beau temps Dans ce pauvre paysage Il n'y avait jamais de printemps Ni derriere ni devant Mais toujours il etait content Menant les gars du village A travers la pluie noire des champs Tous derriere et lui devant Sa voiture allait poursuivant Sa belle petite queue sauvage C'est alors qu'il etait content Tous derriere et lui devant Mais un jour, dans le mauvais temps Un jour qu'il etait si sage Il est mort par un eclair blanc Tous derriere et lui devant Il est mort sans voir le beau temps Qu'il avait donc du courage Il est mort sans voir le printemps Ni derriere ni devant |
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Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugles que moi dans tous les ages Mais faut dire que je m'etais creuve les yeux En regardant de trop pres son corsage Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Le ciel l'avait pourvue des mille appas Qui vous font prendre feu des qu'on y touche L'en avait tant que je ne savais pas Ne savais plus ou donner de la bouche Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Elle n'avait pas de tete, elle n'avait pas L'esprit beaucoup plus grand qu'un de a coudre Mais pour l'amour on ne demande pas Aux filles d'avoir invente la poudre Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Puis un jour elle a pris la clef des champs En me laissant a l'ame un mal funeste Et toutes les herbes de la Saint-Jean N'ont pas pu me guerir de cette peste Je lui en ai bien voulu, mais a present J'ai plus d'rancune et mon cœur lui pardonne D'avoir mis mon cœur a feu et a sang Pour qu'il ne puisse plus servir a personne Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur |
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21. |
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Margoton, la jeune bergere,
Trouvant dans l'herbe un petit chat Qui venait de perdre sa mere L'adopta... Elle entr'ouvre sa collerette Et le couche contre son sein. C'etait tout c'quelle avait, pauvrette, Comme coussin... Le chat, la prenant pour sa mere, Se mit a teter tout de go. Emu', Margot le laissa faire... Brav' Margot ! Un croquant, passant a la ronde Trouvant le tableau peu commun, S'en alla le dire a tout l'monde, Et, le lendemain... Refrain : Quand Margot degrafait son corsage Pour donner la gougoutte a son chat, Tous les gars, tous les gars du village, Etaient la, la la la la la la... Etaient la, la la la la la... Et Margot, qu'etait simple et tres sage, Presumait qu'c'etait pour voir son chat Qu'tous les gars, tous les gars du village, Etaient la, la la la la la la... Etaient la, la la la la la... L'maitre d'ecole et ses potaches, Le mair', le bedeau, le bougnat, Negligeaient carrement leur tache Pour voir ca... Le facteur, d'ordinair' si preste, Pour voir ca, ne distribuait plus Les lettres que personne, au reste, N'aurait lues... Pour voir ca (Dieu le leur pardonne !) Les enfants de choeur, au milieu Du saint sacrifice, abandonnent Le saint lieu... Les gendarmes, mem' les gendarmes, Qui sont par natur' si ballots, Se laissaient toucher par les charmes Du joli tableau... Mais les autr's femm's de la commune Prive's d'leurs epoux d'leurs galants, Accumulerent la rancune, Patiemment... Puis un jour, ivres de colere, Elles s'armerent de batons Et, farouch's, elles immolerent le chaton... La bergere, apres bien des larmes, Pour s'consoler prit un mari Et ne devoila plus ses charmes Que pour lui... Le temps passa sur les memoires, On oublie l'evenement, Seuls des vieux racontent encore A leurs p'tits enfants |
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Les croquants vont en ville, a cheval sur leurs sous,
Acheter des pucelle' aux saintes bonnes gens, Les croquants leur mett'nt a prix d'argent La main dessus, la main dessous... Mais la chair de Lisa, la chair fraich' de Lison (Que les culs cousus d'or se fass'nt une raison!) C'est pour la bouch' du premier venu Qui' a les yeux tendre' et les mains nues... {Refrain:} Les croquants, ca les attriste, ca Les etonne, les etonne, Qu'une fille, une fill' bell' comm' ca, S'abandonne, s'abandonne Au premier ostrogoth venu: Les croquants, ca tombe des nues. Les fill's de bonnes mœurs, les fill's de bonne vie, Qui' ont vendu leur fleurette a la foire a l'encan, Vont s' vautrer dans la couch' des croquants, Quand les croquants en ont envie... Mais la chair de Lisa, la chair fraich' de Lison (Que les culs cousus d'or se fass'nt une raison!) N'a jamais accorde ses faveurs A contre-sous, a contrecœur... Les fill's de bonne vie ont le cœur consistant Et la fleur qu'on y trouve est garanti' longtemps, Comm' les fleurs en papier des chapeux, Les fleurs en pierre des tombeaux... Mais le cœur de Lisa, le grand cœur de Lison Aime faire peau neuve avec chaque saison: Jamais deux fois la meme couleur, Jamais deux fois la meme fleur... |
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24. |
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O vous, les arracheurs de dents
Tous les cafards, les charlatans Les prophetes Comptez plus sur oncle Archibald Pour payer les violons du bal A vos fetes, a vos fetes En courant sus a un voleur Qui venait de lui chiper l'heure A sa montre Oncle Archibald, coquin de sort! Fit, de Sa Majeste la Mort La rencontre, la rencontre Telle une femme de petite vertu Elle arpentait le trottoir du Cimetiere Aguichant les hommes en troussant Un peu plus haut qu'il n'est decent Son suaire, son suaire Oncle Archibald, d'un ton gouailleur Lui dit: "Va-t'en faire pendre ailleurs Ton squelette Fi! des femelles decharnees! Vive les belles un tantinet Rondelettes! Rondelettes!" Lors, montant sur ses grands chevaux La mort brandit la longue faux D'agronome Qu'elle serrait dans son linceul Et faucha d'un seul coup, d'un seul Le bonhomme, le bonhomme Comme il n'avait pas l'air content Elle lui dit: "Ca fait longtemps Que je t'aime Et notre hymen a tous les deux Etait prevu depuis le jour de Ton bapteme, ton bapteme " Si tu te couches dans mes bras Alors la vie te semblera Plus facile Tu y seras hors de portee Des chiens, des loups, des hommes et des Imbeciles, imbeciles " Nul n'y contestera tes droits Tu pourras crier “Vive le roi!” Sans intrigue Si l'envie te prend de changer Tu pourras crier sans danger “Vive la Ligue! Vive la Ligue!” " Ton temps de dupe est revolu Personne ne se paiera plus Sur ta bete Les “plait-il, maitre?” auront plus cours Plus jamais tu n'auras a cour- ber la tete, ber la tete." Et mon oncle emboita le pas De la belle, qui ne semblait pas Si feroce Et les voila, bras d'ssus, bras d'ssous, Les voila partis je n'sais ou Faire leurs noces, faire leurs noces O vous, les arracheurs de dents Tous les cafards, les charlatans Les prophetes Comptez plus sur oncle Archibald Pour payer les violons du bal A vos fetes, a vos fetes |
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26. |
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27. |
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Il suffit de passer le pont
C'est tout de suite l'aventure Laisse-moi tenir ton jupon J't'emmen' visiter la nature L'herbe est douce a Paques fleuries Jetons mes sabots, tes galoches Et, legers comme des cabris Courons apres les sons de cloches Ding din don ! les matines sonnent En l'honneur de notre bonheur Ding din dong ! faut l'dire a personne J'ai graisse la patte au sonneur Laisse-moi tenir ton jupon Courons, guilleret, guillerette Il suffit de passer le pont Et c'est le royaum' des fleurettes Entre tout's les bell's que voici Je devin' cell' que tu preferes C'est pas l'coqu'licot, Dieu merci Ni l'coucou, mais la primevere J'en vois un' blottie sous les feuilles Elle est en velours comm' tes joues Fais le guet pendant qu'je la cueille " Je n'ai jamais aime que vous " Il suffit de trois petits bonds C'est tout de suit' la tarantelle Laisse-moi tenir ton jupon J'saurai menager tes dentelles J'ai graisse la patte au berger Pour lui fair' jouer une aubade Lors, ma mie, sans croire au danger Faisons mille et une gambades Ton pied frappe et frappe la mousse Si l'chardon s'y pique dedans Ne pleure pas, ma mie qui souffre Je te l'enleve avec les dents On n'a plus rien a se cacher On peut s'aimer comm' bon nous semble Et tant mieux si c'est un peche Nous irons en enfer ensemble Il suffit de passer le pont Laisse-moi tenir ton jupon |
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28. |
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Mariage d'amour, mariage d'argent
J'ai vu se marier toutes sortes de gens Des gens de basse source et des grands de la terre Des pretendus coiffeurs, des soi-disant notaires Quand meme je vivrai jusqu'a la fin des temps Je garderai toujours le souvenir content Du jour de pauvre noce ou mon pere et ma mere S'allerent epouser devant Monsieur le Maire C'est dans un char a bœufs, s'il faut parler bien franc Tire par les amis, pousse par les parents Que les vieux amoureux firent leurs epousailles Apres long temps d'amour, long temps de fiancailles Cortege nuptial hors de l'ordre courant La foule nous couvait d'un œil protuberant Nous etions contemples par le monde futile Qui n'avait jamais vu de noces de ce style Voici le vent qui souffle emportant, creve-cœur Le chapeau de mon pere et les enfants de chœur Voila la pluie qui tombe en pesant bien ses gouttes Comme pour empecher la noce, coute que coute Je n'oublierai jamais la mariee en pleurs Bercant comme un' poupee son gros bouquet de fleurs Moi, pour la consoler, moi, de toute ma morgue Sur mon harmonica jouant les grandes orgues Tous les garcons d'honneur, montrant le poing aux nues Criaient: ≪Par Jupiter, la noce continue!≫ Par les hommes decriee, par les dieux contrariee La noce continue et vive la mariee! |
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