Disc 1 | ||||||
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Du temps que regnait le Grand Pan,
Les dieux protegaient les ivrognes Des tas de genies titubants Au nez rouge, a la rouge trogne. Des qu'un homme vidait les cruchons, Qu'un sac a vin faisait carousse Ils venaient en bande a ses trousses Compter les bouchons. La plus humble piquette etait alors benie, Distillee par Noe, Silene, et compagnie. Le vin donnait un lustre au pire des minus, Et le moindre pochard avait tout de Bacchus. {Refrain:} Mais en se touchant le crane, en criant " J'ai trouve " La bande au professeur Nimbus est arrivee Qui s'est mise a frapper les cieux d'alignement, Chasser les Dieux du Firmament. Aujourd'hui ca et la, les gens boivent encore, Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes. Mais les dieux ne repondent plus pour les ivrognes. Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort. Quand deux imbeciles heureux S'amusaient a des bagatelles, Un tas de genies amoureux Venaient leur tenir la chandelle. Du fin fond du champs elysees Des qu'ils entendaient un " Je t'aime ", Ils accouraient a l'instant meme Compter les baisers. La plus humble amourette Etait alors benie Sacree par Aphrodite, Eros, et compagnie. L'amour donnait un lustre au pire des minus, Et la moindre amoureuse avait tout de Venus. {Refrain} Aujourd'hui ca et la, les cœurs battent encore, Et la regle du jeu de l'amour est la meme. Mais les dieux ne repondent plus de ceux qui s'aiment. Venus s'est faite femme, et le grand Pan est mort. Et quand fatale sonnait l'heure De prendre un linceul pour costume Un tas de genies l'œil en pleurs Vous offraient des honneurs posthumes. Et pour aller au celeste empire, Dans leur barque ils venaient vous prendre. C'etait presque un plaisir de rendre Le dernier soupir. La plus humble depouille etait alors benie, Embarquee par Caron, Pluton et compagnie. Au pire des minus, l'ame etait accordee, Et le moindre mortel avait l'eternite. {Refrain} Aujourd'hui ca et la, les gens passent encore, Mais la tombe est helas la derniere demeure Les dieux ne repondent plus de ceux qui meurent. La mort est naturelle, et le grand Pan est mort. Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers supremes, Ne doit plus se sentir tellement bien lui-meme Un beau jour on va voir le Christ Descendre du calvaire en disant dans sa lippe " Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types. J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. " |
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3. |
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Philistins, epiciers
Tandis que vous caressiez Vos femmes En songeant aux petits Que vos grossiers appetits Engendrent Vous pensiez : " Ils seront Menton rase, ventre rond Notaires " Mais pour bien vous punir Un jour vous voyez venir Sur terre Des enfants non voulus Qui deviennent chevelus Poetes... |
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Quand je vais chez la fleuriste
Je n'achet' que des lilas Si ma chanson chante triste C'est que l'amour n'est plus la Comm' j'etais, en quelque sorte Amoureux de ces fleurs-la Je suis entre par la porte Par la porte des Lilas Des lilas, y'en avait guere Des lilas, y'en avait pas Z'etaient tous morts a la guerre Passes de vie a trepas J'suis tombe sur une belle Qui fleurissait un peu la J'ai voulu greffer sur elle Mon amour pour les lilas J'ai marque d'une croix blanche Le jour ou l'on s'envola Accroches a une branche Une branche de lilas Pauvre amour, tiens bon la barre Le temps va passer par la Et le temps est un barbare Dans le genre d'Attila Aux cœurs ou son cheval passe L'amour ne repousse pas Aux quatre coins de l'espace Il fait le desert sous ses pas Alors, nos amours sont mortes Envolees dans l'au-dela Laissant la cle sous la porte Sous la porte des Lilas La fauvette des dimanches Cell' qui me donnait le la S'est perchee sur d'autres branches D'autres branches de lilas Quand je vais chez la fleuriste Je n'achet' que des lilas Si ma chanson chante triste C'est que l'amour n'est plus la |
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5. |
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6. |
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Nous etions quatre bacheliers
Sans vergogne, La vraie creme des ecoliers, Des ecoliers. Pour offrir aux filles des fleurs, Sans vergogne, Nous nous fimes un peu voleurs, Un peu voleurs. Les sycophantes du pays, Sans vergogne, Aux gendarmes nous ont trahis, Nous ont trahis. Et l'on vit quatre bacheliers Sans vergogne, Qu'on emmene, les mains liees, Les mains liees. On fit venir a la prison, Sans vergogne, Les parents des mauvais garcons, Mauvais garcons. Les trois premiers peres, les trois, Sans vergogne, En perdirent tout leur sang-froid, Tout leur sang-froid. Comme un seul ils ont declare, Sans vergogne, Qu'on les avait deshonoree, Deshonores. Comme un seul ont dit " C'est fini, Sans vergogne, Fils indigne, je te renie, Je te renie. " Le quatrieme des parents, Sans vergogne, C'etait le plus gros, le plus grand, Le plus grand. Quand il vint chercher son voleur Sans vergogne, On s'attendait a un malheur, A un malheur. Mais il n'a pas declare, non, Sans vergogne, Que l'on avait sali son nom, Sali son nom. Dans le silence on l'entendit, Sans vergogne, Qui lui disait : " Bonjour, petit, Bonjour petit. " On le vit, on le croirait pas, Sans vergogne, Lui tendre sa blague a tabac, Blague a tabac. Je ne sais pas s'il eut raison, Sans vergogne, D'agir d'une telle facon, Telle facon. Mais je sais qu'un enfant perdu, Sans vergogne, A de la corde de pendu, De pendu, A de la chance quand il a, Sans vergogne, Un pere de ce tonneau-la, Ce tonneau-la. Et si les chretiens du pays, Sans vergogne, Jugent que cet homme a failli, Homme a failli. Ca laisse a penser que, pour eux, Sans vergogne, L'Evangile, c'est de l'hebreu, C'est de l'hebreu. |
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7. |
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Je serai triste comme un saule
Quand le Dieu qui partout me suit Me dira, la main sur l'epaule ≪Va-t'en voir la-haut si j'y suis≫ Alors, du ciel et de la terre Il me faudra faire mon deuil Est-il encore debout le chene Ou le sapin de mon cercueil? Est-il encore debout le chene Ou le sapin de mon cercueil? S'il faut aller au cimetiere J'prendrai le chemin le plus long J'ferai la tombe buissonniere J'quitterai la vie a reculons Tant pis si les croque-morts me grondent Tant pis s'ils me croient fou a lier Je veux partir pour l'autre monde Par le chemin des ecoliers Je veux partir pour l'autre monde Par le chemin des ecoliers Avant d'aller conter fleurette Aux belles ames des damnees Je reve d'encore une amourette Je reve d'encore m'enjuponner Encore une fois dire: ≪Je t'aime≫ Encore une fois perdre le nord En effeuillant le chrysantheme Qui est la marguerite des morts En effeuillant le chrysantheme Qui est la marguerite des morts Dieu veuille que ma veuve s'alarme En enterrant son compagnon Et qu'pour lui faire verser des larmes Il n'y ait pas besoin d'oignon Qu'elle prenne en secondes noces Un epoux de mon acabit Il pourra profiter d'mes bottes Et d'mes pantoufles et d'mes habits Il pourra profiter d'mes bottes Et d'mes pantoufles et d'mes habits Qu'il boive mon vin, qu'il aime ma femme Qu'il fume ma pipe et mon tabac Mais que jamais, mort de mon ame! Jamais il ne fouette mes chats Quoique je n'aie pas un atome Une ombre de mechancete S'il fouette mes chats, y'a un fantome Qui viendra le persecuter S'il fouette mes chats, y'a un fantome Qui viendra le persecuter Ici git une feuille morte Ici finit mon testament On a marque dessus ma porte ≪Ferme pour cause d'enterrement≫ J'ai quitte la vie sans rancune J'aurai plus jamais mal aux dents Me v'la dans la fosse commune La fosse commune du temps Me v'la dans la fosse commune La fosse commune du temps |
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Margoton, la jeune bergere,
Trouvant dans l'herbe un petit chat Qui venait de perdre sa mere L'adopta... Elle entr'ouvre sa collerette Et le couche contre son sein. C'etait tout c'quelle avait, pauvrette, Comme coussin... Le chat, la prenant pour sa mere, Se mit a teter tout de go. Emu', Margot le laissa faire... Brav' Margot ! Un croquant, passant a la ronde Trouvant le tableau peu commun, S'en alla le dire a tout l'monde, Et, le lendemain... Refrain : Quand Margot degrafait son corsage Pour donner la gougoutte a son chat, Tous les gars, tous les gars du village, Etaient la, la la la la la la... Etaient la, la la la la la... Et Margot, qu'etait simple et tres sage, Presumait qu'c'etait pour voir son chat Qu'tous les gars, tous les gars du village, Etaient la, la la la la la la... Etaient la, la la la la la... L'maitre d'ecole et ses potaches, Le mair', le bedeau, le bougnat, Negligeaient carrement leur tache Pour voir ca... Le facteur, d'ordinair' si preste, Pour voir ca, ne distribuait plus Les lettres que personne, au reste, N'aurait lues... Pour voir ca (Dieu le leur pardonne !) Les enfants de choeur, au milieu Du saint sacrifice, abandonnent Le saint lieu... Les gendarmes, mem' les gendarmes, Qui sont par natur' si ballots, Se laissaient toucher par les charmes Du joli tableau... Mais les autr's femm's de la commune Prive's d'leurs epoux d'leurs galants, Accumulerent la rancune, Patiemment... Puis un jour, ivres de colere, Elles s'armerent de batons Et, farouch's, elles immolerent le chaton... La bergere, apres bien des larmes, Pour s'consoler prit un mari Et ne devoila plus ses charmes Que pour lui... Le temps passa sur les memoires, On oublie l'evenement, Seuls des vieux racontent encore A leurs p'tits enfants |
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Le petit cheval dans le mauvais temps
Qu'il avait donc du courage C'etait un petit cheval blanc Tous derriere et lui devant Il n'y avait jamais de beau temps Dans ce pauvre paysage Il n'y avait jamais de printemps Ni derriere ni devant Mais toujours il etait content Menant les gars du village A travers la pluie noire des champs Tous derriere et lui devant Sa voiture allait poursuivant Sa belle petite queue sauvage C'est alors qu'il etait content Tous derriere et lui devant Mais un jour, dans le mauvais temps Un jour qu'il etait si sage Il est mort par un eclair blanc Tous derriere et lui devant Il est mort sans voir le beau temps Qu'il avait donc du courage Il est mort sans voir le printemps Ni derriere ni devant |
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Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'a mon age Vous ne vaudrez gueres mieux. {2x} Le temps aux plus belles choses Se plait a faire un affront Et saura faner vos roses Comme il a ride mon front. {2x} Le mesme cours des planetes Regle nos jours et nos nuits On m'a vu ce que vous estes; Vous serez ce que je suis. {2x} Peut-etre que je serai vieille, Repond Marquise, cependant J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, Et je t'emmerde en attendant. {2x} |
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Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugles que moi dans tous les ages Mais faut dire que je m'etais creuve les yeux En regardant de trop pres son corsage Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Le ciel l'avait pourvue des mille appas Qui vous font prendre feu des qu'on y touche L'en avait tant que je ne savais pas Ne savais plus ou donner de la bouche Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Elle n'avait pas de tete, elle n'avait pas L'esprit beaucoup plus grand qu'un de a coudre Mais pour l'amour on ne demande pas Aux filles d'avoir invente la poudre Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur Puis un jour elle a pris la clef des champs En me laissant a l'ame un mal funeste Et toutes les herbes de la Saint-Jean N'ont pas pu me guerir de cette peste Je lui en ai bien voulu, mais a present J'ai plus d'rancune et mon cœur lui pardonne D'avoir mis mon cœur a feu et a sang Pour qu'il ne puisse plus servir a personne Une jolie fleur dans une peau d'vache Une jolie vache deguisee en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mene par le bout du cœur |
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Gastibelza, l'homme a la carabine,
. . Chantait ainsi: "Quelqu'un a-t-il connu dona Sabine ? . . Quelqu'un d'ici ? Chantez, dansez, villageois ! la nuit gagne . . Le mont Falu... Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." "Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine, . . Ma senora ? Sa mere etait la vieille maugrabine . . D'Antequera, Qui chaque nuit criait dans la tour Magne . . Comme un hibou... Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." "Vraiment, la reine eut pres d'elle ete laide . . Quand, vers le soir, Elle passait sur le pont de Tolede . . En corset noir. Un chapelet du temps de Charlemagne . . Ornait son cou... Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." Le roi disait, en la voyant si belle, . . A son neveu: "Pour un baiser, pour un sourire d'elle, . . Pour un cheveu, Infant don Ruy, je donnerai l'Espagne . . Et le Perou ! Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." "Je ne sais pas si j'aimais cette dame, . . Mais je sais bien Que, pour avoir un regard de son ame, Moi, pauvre chien, J'aurai gaiment passe dix ans au bagne . . Sous les verrous... Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." "Quand je voyais cette enfant, moi le patre . . De ce canton, Je croyais voir la belle Cleopatre, . . Qui, nous dit-on, Menait Cesar, empereur d'Allemagne, . . Par le licou... Le vent qui vient a travers la montagne . . Me rendra fou." "Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe . . Sabine, un jour, A tout vendu, sa beaute de colombe, . . Tout son amour, Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne, . . Pour un bijou... Le vent qui vient a travers la montagne . . M'a rendu fou." |
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Disc 2 | ||||||
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Un bon petit diable a la fleur de l'age
La jambe legere et l'œil polisson Et la bouche pleine de joyeux ramages Allait a la chasse aux papillons Comme il atteignait l'oree du village Filant sa quenouille, il vit Cendrillon Il lui dit: ≪Bonjour, que Dieu te menage J't'emmene a la chasse aux papillons≫ Cendrillon ravie de quitter sa cage Mets sa robe neuve et ses botillons Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages Ils vont a la chasse aux papillons Ils ne savaient pas que sous les ombrages Se cachait l'amour et son aiguillon Et qu'il transpercait les cœurs de leur age Les cœurs des chasseurs de papillons Quand il se fit tendre, elle lui dit: ≪J'presage Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon Ni dans l'echancrure de mon corsage Qu'on va a la chasse aux papillons≫ Sur sa bouche en feu qui criait: ≪Sois sage!≫ Il posa sa bouche en guise de baillon Et c'fut l'plus charmant des remue-menage Qu'on ait vu d'memoire de papillon Un volcan dans l'ame, ils r'vinrent au village En se promettant d'aller des millions Des milliards de fois, et meme davantage Ensemble a la chasse aux papillons Mais tant qu'ils s'aimeront, tant que les nuages Porteurs de chagrins, les epargneront Il fera bon voler dans les frais bocages Ils feront pas la chasse aux papillons Pas la chasse aux papillons! |
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O vous, les arracheurs de dents
Tous les cafards, les charlatans Les prophetes Comptez plus sur oncle Archibald Pour payer les violons du bal A vos fetes, a vos fetes En courant sus a un voleur Qui venait de lui chiper l'heure A sa montre Oncle Archibald, coquin de sort! Fit, de Sa Majeste la Mort La rencontre, la rencontre Telle une femme de petite vertu Elle arpentait le trottoir du Cimetiere Aguichant les hommes en troussant Un peu plus haut qu'il n'est decent Son suaire, son suaire Oncle Archibald, d'un ton gouailleur Lui dit: "Va-t'en faire pendre ailleurs Ton squelette Fi! des femelles decharnees! Vive les belles un tantinet Rondelettes! Rondelettes!" Lors, montant sur ses grands chevaux La mort brandit la longue faux D'agronome Qu'elle serrait dans son linceul Et faucha d'un seul coup, d'un seul Le bonhomme, le bonhomme Comme il n'avait pas l'air content Elle lui dit: "Ca fait longtemps Que je t'aime Et notre hymen a tous les deux Etait prevu depuis le jour de Ton bapteme, ton bapteme " Si tu te couches dans mes bras Alors la vie te semblera Plus facile Tu y seras hors de portee Des chiens, des loups, des hommes et des Imbeciles, imbeciles " Nul n'y contestera tes droits Tu pourras crier “Vive le roi!” Sans intrigue Si l'envie te prend de changer Tu pourras crier sans danger “Vive la Ligue! Vive la Ligue!” " Ton temps de dupe est revolu Personne ne se paiera plus Sur ta bete Les “plait-il, maitre?” auront plus cours Plus jamais tu n'auras a cour- ber la tete, ber la tete." Et mon oncle emboita le pas De la belle, qui ne semblait pas Si feroce Et les voila, bras d'ssus, bras d'ssous, Les voila partis je n'sais ou Faire leurs noces, faire leurs noces O vous, les arracheurs de dents Tous les cafards, les charlatans Les prophetes Comptez plus sur oncle Archibald Pour payer les violons du bal A vos fetes, a vos fetes |
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Tonton Nestor,
Vous eutes tort, Je vous le dis tout net. Vous avez mis La zizanie Aux noces de Jeannett'. Je vous l'avou', Tonton, vous vous Comportates comme un Mufle acheve, Rustre fieffe, Un homme du commun. Quand la fiance', Les yeux baisses, Des larmes pleins les cils, S'appretait a Dire "Oui da!" A l'officier civil, Qu'est-c' qui vous prit, Vieux malappris, D'aller, sans retenue, Faire un pincon Cruel en son Eminence charnue? Se retournant Incontinent, Ell' souffleta, flic-flac! L' garcon d'honneur Qui, par bonheur, Avait un' tete a claqu', Mais au lieu du "Oui" attendu, Ell' s'ecria: "Maman !" Et l' mair' lui dit: "Non, mon petit, Ce n'est pas le moment." Quand la fiance', Les yeux baisses, D'une voix solennell', S'appretait a Dire "Oui da!" Par-devant l'Eternel, Voila mechef Que, derechef, Vous osates porter Votre fichue Patte crochue Sur sa rotondite. Se retournant Incontinent, Elle moucha le nez D'un enfant d'choeur Qui, par bonheur, Etait enchifrene, Mais au lieu du "Oui" attendu, De sa pauvre voix lass', Au tonsure Desempare Elle a dit "Merde", helas! Quoiqu'elle usat, Qu'elle abusat, Du droit d'etre fessu', En la pincant, Mauvais plaisant, Vous nous avez decus. Aussi, ma foi, La prochain' fois Qu'on mariera Jeannett', On s' pass'ra d' vous, Tonton, je vous, Je vous le dit tout net. |
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Dans un coin pourri
Du pauvre Paris, Sur un' place, L'est un vieux bistrot Tenu pas un gros Degueulasse. Si t'as le bec fin, S'il te faut du vin D' premier' classe, Va boire a Passy, Le nectar d'ici Te depasse. Mais si t'as l' gosier Qu'une armur' d'acier Matelasse, Goute a ce velours, Ce petit bleu lourd De menaces. Tu trouveras la La fin' fleur de la Populace, Tous les marmiteux, Les calamiteux, De la place. Qui viennent en rang, Comme les harengs, Voir en face La bell' du bistrot, La femme a ce gros Degueulasse. Que je boive a fond L'eau de tout's les fon- tain's Wallace, Si, des aujourd'hui, Tu n'es pas seduit Par la grace. De cett' joli' fe' Qui, d'un bouge, a fait Un palace. Avec ses appas, Du haut jusqu'en bas, Bien en place. Ces tresors exquis, Qui les embrass', qui Les enlace ? Vraiment, c'en est trop ! Tout ca pour ce gros Degueulasse ! C'est injuste et fou, Mais que voulez-vous Qu'on y fasse ? L'amour se fait vieux, Il a plus les yeux Bien en face. Si tu fais ta cour, Tach' que tes discours Ne l'agacent. Sois poli, mon gars, Pas de geste ou ga- re a la casse. Car sa main qui claqu', Punit d'un flic-flac Les audaces. Certes, il n'est pas ne Qui mettra le nez Dans sa tasse. Pas ne, le chanceux Qui degel'ra ce Bloc de glace. Qui fera dans l' dos Les corne' a ce gros Degueulasse. Dans un coin pourri Du pauvre Paris, Sur un' place, Une espec' de fe', D'un vieux bouge, a fait Un palace. |
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Quand l'jour de gloire est arrive
Comm' tous les autr's etaient creves Moi seul connus le deshonneur De n'pas etr' mort au champ d'honneur Je suis d'la mauvaise herbe Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbes La mort faucha les autres Braves gens, braves gens Et me fit grace a moi C'est immoral et c'est comm' ca La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Que j'vive un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Que j'vive un peu La fille a tout l'monde a bon cœur Ell' me donne au petit bonheur Les p'tits bouts d'sa peau, bien caches Que les autres n'ont pas touches Je suis d'la mauvaise herbe Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbes Elle se vend aux autres Braves gens, braves gens Elle se donne a moi C'est immoral et c'est comme ca La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Qu'on m'aime un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Qu'on m'aime un peu Les hommes sont faits, nous dit-on Pour vivre en bande, comm' les moutons Moi, j'vis seul, et c'est pas demain Que je suivrai leur droit chemin Je suis d'la mauvaise herbe Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbes Je suis d'la mauvaise herbe Braves gens, braves gens Je pousse en liberte Dans les jardins mal frequentes La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Que j'vive un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu Ca vous derange Que j'vive un peu |
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Voici la ron-
de des jurons Qui chantaient clair, qui dansaient rond Quand les Gaulois De bon aloi Du franc-parler suivaient la loi Jurant par-la Jurant par-ci Jurant a langue raccourcie Comme des grains de chapelet Les joyeux jurons defilaient Tous les morbleus, tous les ventrebleus Les sacrebleus et les cornegidouilles Ainsi, parbleu, que les jarnibleus Et les palsambleus Tous les cristis, les ventres saint-gris Les par ma barbe et les noms d'une pipe Ainsi, pardi, que les sapristis Et les sacristis Sans oublier les jarnicotons Les scrogneugneus et les bigr's et les bougr's Les saperlottes, les cre nom de nom Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre Tous les Bon Dieu Tous les vertudieux Tonnerr' de Brest et saperlipopette Ainsi, pardieu, que les jarnidieux Et les pasquedieux Quelle pitie Les charretiers Ont un langage chatie Les harengeres Et les megeres Ne parlent plus a la legere Le vieux catechisme poissard N'a guer' plus cours chez les hussards Ils ont vecu, de profundis Les joyeux jurons de jadis Tous les morbleus, tous les ventrebleus Les sacrebleus et les cornegidouilles Ainsi, parbleu, que les jarnibleus Et les palsambleus Tous les cristis, les ventres saint-gris Les par ma barbe et les noms d'une pipe Ainsi, pardi, que les sapristis Et les sacristis Sans oublier les jarnicotons Les scrogneugneus et les bigr's et les bougr's Les saperlottes, les cre nom de nom Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre Tous les Bon Dieu Tous les vertudieux Tonnerr' de Brest et saperlipopette Ainsi, pardieu, que les jarnidieux Et les pasquedieux |
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Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent fripon Prudenc', prends garde a ton jupon Si, par hasard Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent maraud Prudent, prends garde a ton chapeau Les jean-foutre et les gens probes Medis'nt du vent furibond Qui rebrouss' les bois, detrouss' les toits, retrouss' les robes Des jean-foutre et des gens probes Le vent, je vous en reponds S'en soucie, et c'est justic', comm' de colin-tampon Si, par hasard Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent fripon Prudenc', prends garde a ton jupon Si, par hasard Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent maraud Prudent, prends garde a ton chapeau Bien sur, si l'on ne se fonde Que sur ce qui saute aux yeux Le vent semble une brut' raffolant de nuire a tout l'monde Mais une attention profonde Prouv' que c'est chez les facheux Qu'il prefer' choisir les victimes de ses petits jeux Si, par hasard Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent fripon Prudenc', prends garde a ton jupon Si, par hasard Sur l'Pont des Arts Tu croises le vent, le vent maraud Prudent, prends garde a ton chapeau |
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Elle n'a pas encor de plumes
La flech' qui doit percer son flanc Et dans son cœur rien ne s'allume Quand elle cede a ses galants Elle se rit bien des gondoles Des fleurs bleues, des galants discours Des Venus de la vieille ecole Cell's qui font l'amour par amour N'allez pas croire davantage Que le demon brule son corps Il s'arrete au premier etage Son septieme ciel, et encor Elle n'est jamais langoureuse Passee par le pont des soupirs Et voit comm' des betes curieuses Cell's qui font l'amour par plaisir Croyez pas qu'elle soit a vendre Quand on l'a mise sur le dos On n'est pas tenu de se fendre D'un somptueux petit cadeau Avant d'aller en bacchanale Ell' presente pas un devis Ell' n'a rien de ces bell's venales Cell's qui font l'amour par profit Mais alors, pourquoi cede-t-elle Sans cœur, sans lucre, sans plaisir Si l'amour vaut pas la chandelle Pourquoi le joue-t-elle a loisir Si quiconque peut, sans ambages L'aider a degrafer sa rob' C'est parc' qu'ell' veut etre a la page Que c'est la mode et qu'elle est snob Mais changent coutumes et filles Un jour, peut-etre, en son sein nu Va se planter pour tout' la vie Une petite flech' perdue On n'verra plus qu'elle en gondole Elle ira jouer, a son tour Les Venus de la vieille ecole Cell's qui font l'amour par amour |
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17. |
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Comme elle n'aime pas beaucoup la solitude
Cependant que je peche et que je m'ennoblis Ma femme sacrifie a sa vieille habitude De faire, a tout venant, les honneurs de mon lit Eh ! oui, je suis cocu, j'ai du cerf sur la tete On fait force de trous dans ma lune de miel Ma bien-aimee ne m'invite plus a la fete Quand ell' va faire un tour jusqu'au septieme ciel Au peril de mon cœur, la malheureuse ecorne Le pacte conjugal et me le deprecie Que je ne sache plus ou donner de la corne Semble bien etre le cadet de ses soucis Les galants de tout poil viennent boire en mon verre Je suis la providence des ecornifleurs On cueille dans mon dos la tendre primevere Qui tenait le dessus de mon panier de fleurs En revenant fourbu de la peche a la ligne Je les surprends tout nus dans leurs debordements Conseillez-leur le port de la feuille de vigne Ils s'y refuseront avec entetement Souiller mon lit nuptial, est-c' que ca les empeche De garder les dehors de la civilite ? Qu'on me demande au moins si j'ai fait bonne peche Qu'on daigne s'enquerir enfin de ma sante De grace, un minimum d'attentions delicates Pour ce pauvre mari qu'on couvre de safran Le cocu, d'ordinaire, on le choie, on le gate On est en fin de compte un peu de ses parents A l'heure du repas, mes rivaux detestables Ont encor ce toupet de lorgner ma portion Ca leur ferait pas peur de s'asseoir a ma table Cocu, tant qu'on voudra, mais pas amphitryon Partager sa moitie, est-c' que cela comporte Que l'on partage aussi la chere et la boisson ? Je suis presque oblige de les mettre a la porte Et bien content s'ils n'emportent pas mes poissons Bien content qu'en partant ces mufles ne s'egarent Pas a mettre le comble a leur ignominie En sifflotant " Il est cocu, le chef de gare... " Parc' que, le chef de gar', c'est mon meilleur ami |
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18. |
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