Disc 1 | ||||||
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1. |
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2. |
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Est-ce la main de Dieu,
Est-ce la main de Diable Qui a tisse le ciel De ce beau matin-la, Lui plantant dans le cœur Un morceau de soleil Qui se brise sur l'eau En mille eclats vermeils ? Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main du Diable Qui a mis sur la mer Cet etrange voilier Qui, pareil au serpent, Semble se deplier, Noir et blanc, sur l'eau bleue Que le vent fait danser ? Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce matin-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais, pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas. Est-ce la main de Dieu, Est-ce la main de Diable Qui a mis cette rose Au jardin que voila ? Pour quel ardent amour, Pour quelle noble dame La rose de velours Au jardin que voila ? Et ces prunes eclatees, Et tous ces lilas blancs, Et ces grosseilles rouges, Et ces rires d'enfants, Et Christine si belle Sous ses jupons blancs, Avec, au beau milieu, L'eclat de ses vingt ans ? Est-ce Dieu, est-ce Diable Ou les deux a la fois Qui, un jour, s'unissant, Ont fait ce printemps-la ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour tant de beaute, Merci, et chapeau bas ! Le voilier qui s'enfuit, La rose que voila Et ces fleurs et ces fruits Et nos larmes de joie... Qui a pu nous offrir Toutes ces beautes-la ? Cueillons-les sans rien dire. Va, c'est pour toi et moi ! Est-ce la main de Dieu Et celle du Malin Qui, un jour, s'unissant, Ont croise nos chemins ? Est-ce l'un, est-ce l'autre ? Vraiment, je ne sais pas Mais pour cet amour-la Merci, et chapeau bas ! Mais pour toi et pour moi Merci, et chapeau bas ! |
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3. |
| 2:30 | ||||
Allez savoir pourquoi, au piano, ce jour-la,
Y avait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique. Allez savoir pourquoi, les pianos jouent parfois De droles de musiques sur le bout de nos doigts. Allez savoir, pourquoi. Dans le salon vieil or ou j'aime travailler Tout en regardant vivre mes objets familiers, Je jouais, jouais Pendant que, sur mon mur, dansait la Loie Fuller, Sous l'?il enamoure et l'air patibulaire De Fragson, Fragson. Allez savoir pourquoi, il existe des nuits Ou, sous un ciel de soie, des papillons de nuit Volent, multicolores. Allez savoir pourquoi, mais c'etait une nuit Ou, seule a mon piano, j'etais au paradis Quand tout a coup, venu de ta planete, Le telephone sonne sur mon ile deserte Et c'etait toi, o toi. Allo, allo, mon c?ur, me murmurait ta voix. Je n'etais pas ton c?ur et c'etait une erreur Mais, je n'ai pas raccroche Et tu n'as pas raccroche Et si je n'ai jamais su qui tu cherchais, J'ai tout de meme compris que l'on s'etait trouves Et, depuis ce jour-la ou tu l'as decouverte, Tu es le Robinson de mon ile deserte, Tu es le Robinson de mon ile deserte Parce qu'un jour, un piano, allez savoir pourquoi, Jouait une musique sur le bout de mes doigts, Une musique, Parce qu'un jour, un piano, Un piano, un piano... |
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4. |
| 4:16 | ||||
Quand ceux qui vont, s'en vont aller,
Quand le dernier jour s'est leve Dans la lumiere blonde, Quand ceux qui vont, s'en vont aller, Pour toujours et a tout jamais Sous la terre profonde, Quand la lumiere s'est voilee, Quand ceux que nous avons aimes Vont fermer leur paupieres, Si rien ne leur est epargne, Oh, que du moins soit exaucee Leur derniere priere : Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles. Qu'ils ne meurent pas au fusil, En expirant deja la vie Qu'a peine, ils allaient vivre, Qu'ils ne gemissent pas leurs cris, Seuls, rejetes ou incompris, Eloignes de leurs freres, Qu'ils ne meurent pas en troupeau Ou bien poignardes dans le dos Ou qu'ils ne s'acheminent En un long troupeau de la mort, Sans ciel, sans arbre et sans decor, Le feu a la poitrine. Eux qui n'avaient rien demande Mais qui savaient s'emerveiller D'etre venus sur terre, Qu'on leur laisse choisir, au moins, Le pays, fut-il lointain, De leur heure derniere. Qu'ils aillent donc coucher leurs corps Dessous les ciels pourpres et or Au-dela des frontieres Ou qu'ils s'endorment, enlaces, Comme d'eternels fiances Dans la blonde lumiere. Quand ceux qui vont s'en vont aller Pour toujours et a tout jamais Au jardin du silence Sous leur froide maison de marbre Dans les grandes allees sans arbre, Je pense a vous, ma mere. Qu'ils aient, pour dernier souvenir, La chaleur de notre sourire Comme etreinte derniere. Peut-etre qu'ils dormiront mieux Si nous pouvons fermer leurs yeux. Je pense a vous, ma mere. Qu'ils dorment, s'endorment Tranquilles, tranquilles... |
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5. |
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Y a un arbre, je m'y colle,
Dans le petit bois de Saint-Amand, Je t'attrape, tu t'y colles, Je me cache, a toi maintenant, Y a un arbre, pigeon vole, Dans le petit bois de Saint-Amand, Ou tournent nos rondes folles, Pigeon vole, vole, vole au vent, Dessus l'arbre, oiseau vole, Et s'envole, voila le printemps, Y a nos quinze ans qui s'affolent, Dans le petit bois de Saint-Amand, Et sous l'arbre, sans paroles, Tu me berces amoureusement, Et dans l'herbe, jupon vole, Et s'envolent nos reves d'enfants, Mais un beau jour, tete folle, Loin du petit bois de Saint-Amand, Et loin du temps de l'ecole, Je suis partie, vole, vole au vent, Bonjour l'arbre, mon bel arbre, Je reviens, j'ai le c?ur content, Sous tes branches qui se penchent, Je retrouve mes reves d'enfant, Y a un arbre, si je meurs, Je veux qu'on m'y couche doucement, Qu'il soit ma derniere demeure, Dans le petit bois de Saint-Amand, Qu'il soit ma derniere demeure, Dans le petit bois de Saint-A... Y a un arbre, pigeon vole, Mon c?ur vole, Pigeon vole et s'envole, Y a un arbre, pigeon vole... |
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6. |
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Te souviens-tu de cette nuit,
De cette belle nuit d'automne ? Je t'avais fait, je m'en souviens, Une chanson de trois fois rien. Si les mots se sont envoles Par notre fenetre entr'ouverte, La musique, la musique, La musique nous est restee. Les Cosanini sont partis. Je crois qu'ils ne reviendront plus Et la riviere est assechee La ou nous allions nous baigner. Dans les allees du grand canal, Les arbres sont decapites. Il ne reste plus rien, Rien, plus rien Que la musique, Cette musique, Ces quelques notes, Ce trois fois rien Que je t'avais fait, ce soir-la. Tu disais "Ma musique". Tu verras ta musique A l'heure ou je n'aurai plus rien. Elle te sera comme un soleil. Dans ta cellule de beton gris Ou tu as grillage tes jours, J'imagine ta solitude Et je connais ton desarroi. Peut-etre que, sur ton transistor, Il t'arrive d'entendre ma voix. C'est le seul moyen qu'il me reste Pour que parvienne jusqu'a toi Cette musique, Ta musique, Quelques notes, Trois fois rien, Pour toi, rien que pour toi. Tu disais "ma musique" Et ce soir, ta musique, Si tu crois que tu n'as plus rien, Tu vois qu'elle te reste encore. C'est vrai que je t'avais promis, Lorsque nous nous sommes quittes Que, la ou tu vivrais ta vie, Ma musique t'accompagnerait. Au long de ces tristes couloirs Ou tu marches ta vie chagrin, Fidele comme la memoire, Je sais qu'elle ira jusqu'a toi. C'est ta musique, Mon amour. Ecoute : Je chante ta musique, Quelques notes, Trois fois rien. Pour toi, rien que pour toi Et, dans ton hiver, Et, dans ce desert, Qu'elle brille comme un soleil. C'est ta musique, Mon amour, ta musique, Trois fois rien, Pour toi, rien que pour toi Et, dans ton hiver, Et, dans ce desert, Qu'elle brille comme un soleil... |
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7. |
| 3:41 | ||||
Dans les paniers d'osier de la salle des ventes
Une gloire dechue des folles annees trente Avait mis aux encheres, parmi quelques brocantes Un vieux bijou donne par quel amour d'antan Elle etait la, figee, superbe et dechirante Ses mains qui se nouaient, se denouaient tremblantes Des mains belles encore, deformees, les doigts nus Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre Comme tous les matins, dans la salle des ventes Bourdonnait une foule, fievreuse et impatiente Ceux qui, pour quelques sous, rachetent pour les vendre Les tresors fabuleux d'un passe qui n'est plus Dans ce vieux lit casse, en bois de palissandre Que d'ombres enlacees, ont reve a s'attendre Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs legendes Mais les choses nous parlent si nous savons entendre Le marteau se leva, dans la salle des ventes Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence Elle cria: "Je prends, je rachete tout ca Ce que vous vendez la, c'est mon passe a moi" C'etait trop tard, deja, dans la salle des ventes Le marteau retomba sur sa voix suppliante Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes Le dernier souvenir de ses amours d'antan Pres des paniers d'osier, dans la salle des ventes Une femme pleurait ses folles annees trente Et revoyait soudain defiler son passe Defiler son passe, defiler son passe Car venait de surgir, du fond de sa memoire Du fond de sa memoire, un visage oublie Une image cherie, du fond de sa memoire Son seul amour de femme, son seul amour de femme Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus Quelques billets froisses, pour un passe perdu Hagarde, elle sortit de la salle des ventes Je la vis s'eloigner, courbee et dechirante De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus Pas meme ce souvenir, aujourd'hui disparu... |
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8. |
| 2:48 | ||||
Qui est cette femme qui marche dans les rues ?
Ou va-t-elle Dans la nuit brouillard ou souffle un hiver glace, Que fait-elle ? Cachee par un grand foulard de soie, A peine si l'on apercoit la forme de son visage, La ville est un desert blanc Qu'elle traverse comme une ombre Irreelle. Qui est cette femme qui marche dans les rues ? Qui est-elle ? A quel rendez-vous d'amour mysterieux Se rend-elle ? Elle vient d'entrer dessous un porche Et, lentement, prend l'escalier. Ou va-t-elle ? Une porte s'est ouverte. Elle est entree sans frapper Devant elle. Sur un grand lit, un homme est couche Il lui dit : " Je t'attendrais, Ma cruelle. " Dans la chambre ou rien ne bouge, Elle a tire les rideaux. Sur un coussin de soie rouge, Elle a pose son manteau Et, belle comme une epousee, Dans sa longue robe blanche En dentelle, Elle s'est penchee sur lui, qui semblait emerveille. Que dit-elle ? Elle a reprit l'escalier, elle est ressortie dans les rues. Ou va cette femme, en dentelles ? Qui est cette femme ? Elle est belle. C'est la derniere epousee, Celle qui vient sans qu'on appelle, La fidele. C'est l'epouse de la derniere heure, Celle qui vient lorsque l'on pleure, La cruelle. C'est la mort, la mort qui marche dans les rues. Mefie-toi. Referme bien tes fenetres, Que jamais, elle ne penetre chez toi. Cette femme, c'est la mort, La mort, la mort, la mort... |
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9. |
| 4:24 | ||||
Sur le grand bassin du chateau de l'idole,
Un grand cygne noir portant rubis au col, Dessinait sur l'eau de folles arabesques, Les gargouilles pleuraient de leurs rires grotesques, Un Apollon solaire de porphyre et d'ebene, Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chene, Je me souviens de vous, Et de vos yeux de jade, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Si loin de Marienbad, Je portais, en ces temps, l'etole d'engoulevent, Qui chantait au soleil et dansaient dans les temps, Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca, En ces fievres, en ces lieux, en ces epoques-la, Et moi, pauvre vestale, au vent de vos envies, Au c?ur de vos dedales, je n'etais qu'Ophelie, Je me souviens de vous, Du temps de ces aubades, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Vous chantez vos aubades, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad, C'etait un grand chateau, au parc lourd et sombre, Tout propice aux esprits qui habitent les ombres, Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat, Quels curieux sacrifices, en ces temps-la, J'etais un peu sauvage, tu me voulais caline, J'etais un peu sorciere, tu voulais Melusine, Je me souviens de toi De tes soupirs malades, La-bas, a Marienbad, A Marienbad, Mais ou donc etes-vous ? Ou sont vos yeux de jade, Si loin de Marienbad, Bien loin de Marienbad, Mais si vous m'appeliez, un de ces temps prochains, Pour parler un instant aux croix de nos chemins, J'ai change, sachez-le, mais je suis comme avant, Comme me font, me laissent, et me defont les temps, J'ai garde pres de moi l'etole d'engoulevent, Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant, Je serai a votre heure, Au grand chateau de jade, Au c?ur de vos dedales, La-bas a Marienbad, Nous danserons encore Dans ces folles parades, L'?il dans tes yeux de jade, La-bas, a Marienbad, Avec tes yeux de jade, Nous danserons encore, La-bas, a Marienbad, La-bas, a Marienbad, Mais me reviendras-tu ? Au grand chateau de jade, A Marienbad... |
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10. |
| 2:58 | ||||
A voir tant de gens qui dorment et s'endorment a la nuit,
Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi. A voir tant d'yeux qui se ferment, couches dans leur lit, Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi. J'en ai connu des grands, des beaux, des bien batis, des gentils Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit Pendant que je veillais seule, en combattant mes insomnies. A force de compter les moutons qui sautent dans mon lit, J'ai un immense troupeau qui se promene dans mes nuits. Qu'ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies. Labourage et paturage ne sont pas mes travaux de nuit, Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits. J'ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies Et je gravis mon calvaire, sur les escaliers de la nuit. J'ai deja connu l'enfer, connaitrai-je le paradis ? Le paradis, ce serait, pour moi, de m'endormir la nuit Mais je reve que je reve qu'on a tue mes insomnies Et que, pales, en robe blanche, on les a couchees dans un lit A tant rever que j'en reve, les revoila, mes insomnies. Je rode comme les chats, je glisse comme les souris Et Dieu, lui-meme, ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits. Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la meme chose. Pourtant, c'est pareillement se coucher les paupieres closes. Une longue nuit, ou je les avais tous deux confondus, Peu s'en fallut, au matin, que je ne me reveille plus. Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris. Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie. O Messieurs dites-moi, ce que vous faites la, je vous prie. Madame, nous sommes la pour veiller sur vos insomnies. En un cortege chagrin, viennent mes parents, mes amis. Gravement, au nom du Pere, du Fils et puis du Saint-Esprit, Si apres l'heure, c'est plus l'heure, avant, ce ne l'est pas non plus, Ce n'est pas l'heure en tout cas, mais grand merci d'etre venus. Je les vois deja rire de leurs fines plaisanteries, Ceux qui pretendent connaitre un remede a mes insomnies. Un medecin pour mes nuits, j'y avais pense, moi aussi. C'est contre lui que je couche mes plus belles insomnies. A voir tant de gens qui dorment et s'endorment a la nuit, J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi Mais si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies. J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis. Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies. J'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis... |
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11. |
| 4:07 | ||||
Il automne, a pas furtifs,
Il automne a pas feutres, Il automne a pas craquants Sous un ciel pourpre et dore. Sur les jardins denudes Se refletent. en transparence Les brumes d'automne rouillees, Rouillees Dans la foret de tes cheveux Aux senteurs de poivres meles Et sur nos nuits de mi-novembre, Il automne miraculeux, Il automne miraculeux. Il automne, il automne des chrysanthemes Sur leurs deux c?urs endeuilles. Il automne des sanglots longs Sous un ciel gris delave Et, de la gare au cimetiere Ou ils reviennent chaque annee, De banc de bois en banc de pierre Et jusqu'a la derniere allee, On les voit d'escale en escale Qui n'en peuvent plus d'etre vieux. Sur ce chemin de leur calvaire Qu'ils refont depuis tant des annees, Il automne desespere, Il automne desespere. Il automne, il automne, Il automne des pommes rouges Sur des cahiers d'ecoliers. Il automne des chataignes Aux poches de leur tablier. Regarde les mesanges En haut du grand marronnier. Il y a des rouges-gorges Au jardin de Batignolles Et les enfants de novembre Croient que sont venus du ciel Ces petits oiseaux de plumes Echappes d'un arc-en-ciel. Pour les enfants de novembre Qui ramenent, emerveilles, Un peu de l'automne rousse Au fond de leur tablier, Il automne le paradis Bien plus beau que le paradis. Il automne, il automne Il automne a pas furtifs, A pas feutres, A pas craquants Et, sur nos nuits de mi-novembre, Il automne miraculeux, Miraculeux, mon amour... |
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12. |
| 5:10 | ||||
Pour qui, comment quand et pourquoi ?
Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences. D'ou venez-vous ? Ou allez-vous ? Qui etes-vous ? Qui priez-vous ? Je vous prie de faire silence. Pour qui, comment, quand et pourquoi ? S'il faut absolument qu'on soit Contre quelqu'un ou quelque chose, Je suis pour le soleil couchant En haut des collines desertes. Je suis pour les forets profondes, Car un enfant qui pleure, Qu'il soit de n'importe ou, Est un enfant qui pleure, Car un enfant qui meurt Au bout de vos fusils Est un enfant qui meurt. Que c'est abominable d'avoir a choisir Entre deux innocences ! Que c'est abominable d'avoir pour ennemis Les rires de l'enfance ! Pour qui, comment, quand et combien ? Contre qui ? Comment et combien ? A en perdre le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles ! Mais pour rien, mais pour presque rien, Pour etre avec vous et c'est bien ! Et pour une rose entr'ouverte, Et pour une respiration, Et pour un souffle d'abandon, Et pour ce jardin qui frissonne ! Rien avoir, mais passionnement, Ne rien se dire eperdument, Mais tout donner avec ivresse Et riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne pas parler de poesie, Ne pas parler de poesie En ecrasant les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour au murs gris Ou l'aube n'a jamais sa chance. Contre qui, comment, contre quoi ? Pour qui, comment, quand et pourquoi ? Pour retrouver le gout de vivre, Le gout de l'eau, le gout du pain Et celui du Perlimpinpin Dans le square des Batignolles. Contre personne et contre rien, Contre personne et contre rien, Mais pour toutes les fleurs ouvertes, Mais pour une respiration, Mais pour un souffle d'abandon Et pour ce jardin qui frissonne ! Et vivre passionnement, Et ne se battre seulement Qu'avec les feux de la tendresse Et, riche de depossession, N'avoir que sa verite, Posseder toutes les richesses, Ne plus parler de poesie, Ne plus parler de poesie Mais laisser vivre les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence Au fond d'une cour aux murs gris Ou l'aube aurait enfin sa chance, Vivre, Vivre Avec tendresse, Vivre Et donner Avec ivresse ! |
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13. |
| 2:22 | ||||
Je m'invente un pays ou vivent des soleils
Qui incendient les mers et consument les nuits, Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil, Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis, Ce pays est un reve ou revent mes saisons Et dans ce pays-la, j'ai bati ma maison. Ma maison est un bois, mais c'est presque un jardin Qui danse au crepuscule, autour d'un feu qui chante, Ou les fleurs se mirent dans un lac sans tain Et leurs images embaument aux brises frissonnantes. Aussi folle que l'aube, aussi belle que l'ombre, Dans cette maison-la, j'ai installe ma chambre. Ma chambre est une eglise ou je suis, a la fois Si je hante un instant, ce monument etrange Et le pretre et le Dieu, et le doute, a la fois Et l'amour et la femme, et le demon et l'ange. Au ciel de mon eglise, brule un soleil de nuit. Dans cette chambre-la, j'y ai couche mon lit. Mon lit est une arene ou se mene un combat Sans merci, sans repos, je repars, tu reviens, Une arene ou l'on meurt aussi souvent que ca Mais ou l'on vit, pourtant, sans penser a demain, Ou mes grandes fatigues chantent quand je m'endors. Je sais que, dans ce lit, j'ai ma vie, j'ai ma mort. Je m'invente un pays ou vivent des soleils Qui incendient les mers et consument les nuits, Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil, Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis. Ce pays est un reve ou revent mes saisons Et dans ce pays-la, j'ai bati ta maison. |
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14. |
| 3:38 | ||||
J'ai eu tort, je suis revenue
dans cette ville loin perdue ou j'avais passe mon enfance. J'ai eu tort, j'ai voulu revoir le coteau ou glissaient le soir bleus et gris ombres de silence. Et je retrouvais comme avant, longtemps apres, le coteau, l'arbre se dressant, comme au passe. J'ai marche les tempes brulantes, croyant etouffer sous mes pas. Les voies du passe qui nous hantent et reviennent sonner le glas. Et je me suis couchee sous l'arbre et c'etaient les memes odeurs. Et j'ai laisse couler mes pleurs, mes pleurs. J'ai mis mon dos nu a l'ecorce, l'arbre m'a redonne des forces tout comme au temps de mon enfance. Et longtemps j'ai ferme les yeux, je crois que j'ai prie un peu, je retrouvais mon innocence. Avant que le soir ne se pose j'ai voulu voir les maisons fleuries sous les roses, j'ai voulu voir le jardin ou nos cris d'enfants jaillissaient comme source claire. Jean-Claude, Regine, et puis Jean - tout redevenait comme hier - le parfum lourd des sauges rouges, les dahlias fauves dans l'allee, le puits, tout, j'ai tout retrouve. Helas La guerre nous avait jete la, d'autres furent moins heureux, je crois, au temps joli de leur enfance. La guerre nous avait jetes la, nous vivions comme hors la loi. Et j'aimais cela. Quand j'y pense ou mes printemps, ou mes soleils, ou mes folles annees perdues, ou mes quinze ans, ou mes merveilles - que j'ai mal d'etre revenue - ou les noix fraiches de septembre et l'odeur des mures ecrasees, c'est fou, tout, j'ai tout retrouve. Helas Il ne faut jamais revenir aux temps caches des souvenirs du temps beni de son enfance. Car parmi tous les souvenirs ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous dechirent. Oh ma tres cherie, oh ma mere, ou etes-vous donc aujourd'hui? Vous dormez au chaud de la terre. Et moi je suis venue ici pour y retrouver votre rire, vos coleres et votre jeunesse. Et je suis seule avec ma detresse. Helas Pourquoi suis-je donc revenue et seule au detour de ces rues? J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche. Pourquoi suis-je venue ici, ou mon passe me crucifie? Elle dort a jamais mon enfance |
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15. |
| 3:13 | ||||
16. |
| 3:25 | ||||
A peine le jour s'est leve,
A peine la nuit va s'achever Que deja, ta main s'est glissee, Legere, legere. A peine sorti du sommeil, A peine, a peine tu t'eveilles Que deja, tu cherches ma main Que deja, tu froles mes reins. L'aube blafarde, par la fenetre, L'aube blafarde, va disparaitre. C'est beau : regarde par la fenetre. C'est beau : regarde le jour paraitre. A chaque jour recommence, A se vouloir, a se garder, A se perdre, a se dechirer, A se battre, a se crucifier. Passent les vents et les marees. Mille fois perdus, dechires, Mille fois perdus, retrouves, Nous restons la, emerveilles. Mon indocile, mon difficile Et puis docile, mon si fragile, Tu es la vague ou je me noie, Tu es ma force, tu es ma loi. A peine le temps s'est pose, Printemps, hiver, automne, ete. Tu t'en souviens ? C'etait hier, Printemps, ete, automne, hiver. A peine tu m'avais entrevue, Deja, tu m'avais reconnue. A peine je t'avais souri Que deja, tu m'avais choisie. Ton indocile, ta difficile Et puis docile, ta si fragile, Je suis la vague ou tu te noies, Je suis ta force, je suis ta loi. Dans la chambre, s'est glissee l'ombre. Je t'apercois dans la penombre. Tu me regardes, tu me guettes. Tu n'ecoutais pas, je m'arrete. Au loin, une porte qui claque. Il pleut, j'aime le bruit des flaques. Ailleurs, le monde vit, ailleurs Et nous, nous vivons la, mon c?ur Et je m'enroule au creux de toi Et tu t'enroules au creux de moi. Le temps passe vite a s'aimer. A peine l'avons-nous vu passer Que deja, la nuit s'est glissee, Legere, si legere. Ta bouche a mon cou, tu me mords. Il fait nuit noire au dehors. Ta bouche a mon cou, je m'endors. Dans le sommeil, je t'aime encore. A peine je suis endormie Que deja, tu t'endors aussi. Ton corps, a mon corps, se fait lourd. Bonsoir, bonne nuit, mon amour... |
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17. |
| 2:44 | ||||
18. |
| 2:19 | ||||
Une petite cantate
Du bout des doigts Obsedante et maladroite Monte vers toi Une petite cantate Que nous jouions autrefois Seule, je la joue, maladroite Si, mi, la, re, sol, do, fa Cette petite cantate Fa, sol, do, fa N'etait pas si maladroite Quand c'etait toi Les notes couraient faciles Heureuses au bout de tes doigts Moi, j'etais la, malhabile Si, mi, la, re, sol, do, fa Mais tu est partie, fragile Vers l'au-dela Et je reste, malhabile Fa, sol, do, fa Je te revois souriante Assise a ce piano-la Disant "bon, je joue, toi chante Chante, chante-la pour moi" Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Oh mon amie, oh ma douce Oh ma si petite a moi Mon Dieu qu'elle est difficile Cette cantate sans toi Une petite priere La, la, la, la Avec mon c?ur pour la faire Et mes dix doigts Une petite cantate Mais sans un signe de croix Quelle offense, Dieu le pere Il me le pardonnera Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa Les anges, avec leur trompette La jouerons, jouerons pour toi Cette petite cantate Qui monte vers toi Cette petite cantate Qui monte vers toi Si, mi, la, re Si, mi, la, re Si, sol, do, fa... |
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19. |
| 2:59 | ||||
Je l'ai trouvee devant ma porte,
Un soir, que je rentrais chez moi. Partout, elle me fait escorte. Elle est revenue, elle est la, La renifleuse des amours mortes. Elle m'a suivie, pas a pas. La garce, que le Diable l'emporte ! Elle est revenue, elle est la Avec sa gueule de careme Avec ses larges yeux cernes, Elle nous fait le c?ur a la traine, Elle nous fait le c?ur a pleurer, Elle nous fait des mains blemes Et de longues nuits desolees. La garce ! Elle nous ferait meme L'hiver au plein c?ur de l'ete. Dans ta triste robe de moire Avec tes cheveux mal peignes, T'as la mine du desespoir, Tu n'es pas belle a regarder. Allez, va t-en porter ailleurs Ta triste gueule de l'ennui. Je n'ai pas le gout du malheur. Va t-en voir ailleurs si j'y suis ! Je veux encore rouler des hanches, Je veux me saouler de printemps, Je veux m'en payer, des nuits blanches, A c?ur qui bat, a c?ur battant. Avant que sonne l'heure bleme Et jusqu'a mon souffle dernier, Je veux encore dire "je t'aime" Et vouloir mourir d'aimer. Elle a dit : "Ouvre-moi ta porte. Je t'avais suivie pas a pas. Je sais que tes amours sont mortes. Je suis revenue, me voila. Ils t'ont recite leurs poemes, Tes beaux messieurs, tes beaux enfants, Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine. Eh ! bien, c'est fini, maintenant." Depuis, elle me fait des nuits blanches. Elle s'est pendue a mon cou, Elle s'est enroulee a mes genoux. Partout, elle me fait escorte Et elle me suit, pas a pas. Elle m'attend devant ma porte. Elle est revenue, elle est la, La solitude, la solitude... |
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20. |
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Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie,
Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris, Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie, Sous des ciels plus legers, pays de paradis, Oh, que j'aurais voulu vous ramener ce soir, Des mers en furie, des musiques barbares, Des chants heureux, des rires qui resonnent bizarres, Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre, Des coquillages blancs et des cailloux sales, Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenes, Des rouges eclatants, des soleils eclates, Dont le feu brulerait d'eternels etes, Mais j'ai tout essaye, J'ai fait semblant de croire, Et je reviens de loin, Et mon soleil est noir, Mais j'ai tout essaye, Et vous pouvez me croire, Je reviens fatiguee, Et j'ai le desespoir, Legere, si legere, j'allais court vetue, Je faisais mon affaire du premier venu, Et c'etait le repos, l'heure de nonchalance, A bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse, J'ai appris le banjo sur des airs de guitare, J'ai frissonne du dos, j'ai oublie Mozart, Enfin j'allais pouvoir enfin vous revenir, Avec l'?il alangui, vague de souvenirs, Et j'etais l'ouragan et la rage de vivre, Et j'etais le torrent et la force de vivre, J'ai aime, j'ai brule, rattrape mon retard, Que la vie etait belle et folle mon histoire, Mais la terre s'est ouverte, La-bas, quelque part, Mais la terre s'est ouverte, Et le soleil est noir, Des hommes sont mures, Tout la-bas, quelque part, Les hommes sont mures, Et c'est le desespoir, J'ai conjure le sort, j'ai recherche l'oubli, J'ai refuse la mort, j'ai rejete l'ennui, Et j'ai serre les poings pour m'ordonner de croire, Que la vie etait belle, fascinant le hasard, Qui me menait ici, ailleurs ou autre part, Ou la fleur etait rouge, ou le sable etait blond, Ou le bruit de la mer etait une chanson, Oui, le bruit de la mer etait une chanson, Mais un enfant est mort, La-bas, quelque part, Mais un enfant est mort, Et le soleil est noir, J'entends le glas qui sonne, Tout la-bas, quelque part, J'entends le glas sonner, Et c'est le desespoir, Je ne ramene rien, je suis ecartelee, Je vous reviens ce soir, le c?ur egratigne, Car, de les regarder, de les entendre vivre, Avec eux j'ai eu mal, avec aux j'etais ivre, Je ne ramene rien, je reviens solitaire, Du bout de ce voyage au-dela des frontieres, Est-il un coin de terre ou rien ne se dechire, Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire, S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes, Et si je pouvais, seule, faire taire les armes, Je jure que, demain, je reprends l'aventure, Pour que cessent a jamais toutes ces dechirures, Je veux bien essayer, Et je veux bien y croire, Mais je suis fatiguee, Et mon soleil est noir, Pardon de vous le dire, Mais je reviens ce soir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir, Le c?ur egratigne, Et j'ai le desespoir... |
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Du plus loin, que me revienne,
L'ombre de mes amours anciennes, Du plus loin, du premier rendez-vous, Du temps des premieres peines, Lors, j'avais quinze ans, a peine, Cœur tout blanc, et griffes aux genoux, Que ce furent, j'etais precoce, De tendres amours de gosse, Ou les morsures d'un amour fou, Du plus loin qu'il m'en souvienne, Si depuis, j'ai dit "je t'aime", Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous, C'est vrai, je ne fus pas sage, Et j'ai tourne bien des pages, Sans les lire, blanches, et puis rien dessus, C'est vrai, je ne fus pas sage, Et mes guerriers de passage, A peine vus, deja disparus, Mais a travers leur visage, C'etait deja votre image, C'etait vous deja et le cœur nu, Je refaisais mes bagages, Et poursuivais mon mirage, Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous, Sur la longue route, Qui menait vers vous, Sur la longue route, J'allais le cœur fou, Le vent de decembre, Me gelait au cou, Qu'importait decembre, Si c'etait pour vous, Elle fut longue la route, Mais je l'ai faite, la route, Celle-la, qui menait jusqu'a vous, Et je ne suis pas parjure, Si ce soir, je vous jure, Que, pour vous, je l'eus faite a genoux, Il en eut fallu bien d'autres, Que quelques mauvais apotres, Que l'hiver ou la neige a mon cou, Pour que je perde patience, Et j'ai calme ma violence, Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous, Les temps d'hiver et d'automne, De nuit, de jour, et personne, Vous n'etiez jamais au rendez-vous, Et de vous, perdant courage, Soudain, me prenait la rage, Mon Dieu, que j'avais besoin de vous, Que le Diable vous emporte, D'autres m'ont ouvert leur porte, Heureuse, je m'en allais loin de vous, Oui, je vous fus infidele, Mais vous revenais quand meme, Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous, J'ai pleure mes larmes, Mais qu'il me fut doux, Oh, qu'il me fut doux, Ce premier sourire de vous, Et pour une larme, Qui venait de vous, J'ai pleure d'amour, Vous souvenez-vous ? Ce fut, un soir, en septembre, Vous etiez venus m'attendre, Ici meme, vous en souvenez-vous ? A vous regarder sourire, A vous aimer, sans rien dire, C'est la que j'ai compris, tout a coup, J'avais fini mon voyage, Et j'ai pose mes bagages, Vous etiez venus au rendez-vous, Qu'importe ce qu'on peut en dire, Je tenais a vous le dire, Ce soir je vous remercie de vous, Qu'importe ce qu'on peut en dire, Je suis venue pour vous dire, Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous... |
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Ca ne previent pas quand ca arrive
Ca vient de loin Ca c'est promene de rive en rive La gueule en coin Et puis un matin, au reveil C'est presque rien Mais c'est la, ca vous ensommeille Au creux des reins Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre On peut le mettre en bandouliere Ou comme un bijou a la main Comme une fleur en boutonniere Ou juste a la pointe du sein C'est pas forcement la misere C'est pas Valmy, c'est pas Verdun Mais c'est des larmes aux paupieres Au jour qui meurt, au jour qui vient Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre Qu'on soit de Rome ou d'Amerique Qu'on soit de Londres ou de Pekin Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique Ou de la porte Saint-Martin On fait tous la meme priere On fait tous le meme chemin Qu'il est long lorsqu'il faut le faire Avec son mal au creux des reins Ils ont beau vouloir nous comprendre Ceux qui nous viennent les mains nues Nous ne voulons plus les entendre On ne peut pas, on n'en peut plus Et tous seuls dans le silence D'une nuit qui n'en finit plus Voila que soudain on y pense A ceux qui n'en sont pas revenus Du mal de vivre Leur mal de vivre Qu'ils devaient vivre Vaille que vivre Et sans prevenir, ca arrive Ca vient de loin Ca c'est promene de rive en rive Le rire en coin Et puis un matin, au reveil C'est presque rien Mais c'est la, ca vous emerveille Au creux des reins La joie de vivre La joie de vivre Oh, viens la vivre Ta joie de vivre |